Business en RDC : Canal+ a espionné les locaux de Bleu Sat

Le bon climat des affaires que prône quotidiennement le Premier Ministre rd-congolais Augustin Matata Ponyo Mapon est difficilement respecté par certains responsables d’entreprises œuvrant en République Démocratique du Congo. Il est fréquemment asphyxié avec la complicité de la justice et autres formes de pression. L’affaire qui oppose depuis 6 mois, les deux grands télédistributeurs opérants en Rd-Congo a pris une autre allure. L’entreprise française Canal+ a violemment visité les installations de son concurrent Bleu Sat, le vendredi 29 avril 2016 pendant la journée, au quartier Sebo dans la commune de Mont Ngafula, alors que cette démarche revenait aux huissiers du Tribunal de Commerce de Kinshasa Gombe.

Bizarre ! Les huissiers de justice mandatés par le tribunal pour enquêter n’étaient pas seuls comme cela est repris dans l’ordre de mission. Ils étaient accompagnés d’un technicien de Canal+ de nationalité rd-congolaise et d’un français dont l’identité n’est pas encore connue. Cette incursion de Canal+ au Centre de diffusion numérique et d’émission de la société Bleu Sat est juridiquement qualifiée d’espionnage technique.

L'ordre de mission des huissiers du Tribunal de Commerce Kinshasa Gombe. Ph.Dr.Tiers
L’ordre de mission des huissiers du Tribunal de Commerce Kinshasa Gombe. Ph.Dr.Tiers

Selon nos sources, lors de cette invasion, le français de Canal+ avait photographié et touché à répétition aux appareils de son concurrent. Quelques minutes avant leur départ, l’équipe de Bleu Sat a constaté la perte d’un appareil d’une valeur d’1 million de dollars. Posant la question aux membres de cette délégation, ces derniers n’ont pas voulu une quelconque fouille. Bleu Sat regrette énormément la perte de son appareil et se pose la question de savoir si le Tribunal de Commerce de la Gombe a engagé des huissiers français aux côtés des rd-congolais.

L'acte de saisie-vente entre les mains du débiteur du Tribunal de Commerce Kinshasa Gombe. Ph.Dr.Tiers
L’acte de saisie-vente entre les mains du débiteur du Tribunal de Commerce Kinshasa Gombe. Ph.Dr.Tiers

 

L'employé français de Canal+ RDC qui a espionné le site de Bleu Sat. Ph.Dr.Tiers
L’employé français de Canal+ RDC qui était sur le site de Bleu Sat. Ph.Dr.Tiers

Les responsables de Bleu Sat implorent cette instrumentalisation de la justice rd-congolaise par cette entreprise française qui digère mal la concurrence qui sévit dans ce secteur. Après renseignement dans les milieux judiciaires rd-congolais, notre rédaction a appris que Canal+ RDC a même saisi la Cour Constitutionnelle pour avoir gain de cause. Or, nous le savons très bien que cette haute instance judiciaire de la République Démocratique du Congo n’est pas habilitée de régler les problèmes ou les contentieux opposants les entreprises privées. Avec cet acte, Bleu Sat estime que la concurrence est devenue déloyale et doute de l’impartialité du Tribunal de Commerce dans cette affaire.

Le logo du télé-distributeur Bleu Sat. Ph.Dr.Tiers
Le logo de Bleu Sat. Ph.Dr.Tiers

Pour rappel, il y a 6 mois depuis que ces deux opérateurs de télédistribution sont en procès. Canal+ RDC accuse Bleu Sat de vol et de commercialisation d’images. Jusqu’à ce jour, l’entreprise française n’a pas encore fourni les preuves liées à ce piratage. Le premier jugement a été mal prononcé par ce tribunal et Bleu Sat a attaqué Canal+ pour usage de faux.

Voulant garder le monopole dans ce secteur, l’entreprise française utilise tous les moyens possibles pour étouffer ces concurrents afin de s’ériger en Maître. Bleu Sat interpelle les responsables du Tribunal de Commerce de la Gombe et les invite à se ressaisir, de même à le rétablir dans ses droits. Il  porte plainte contre Canal+ et exige la restitution de son appareil perdu lors de la décente métissée et exagérée du vendredi 29 avril 2016.

Le logo de Canal+ RDC. Ph.Dr.Tiers
Le logo de Canal+ RDC. Ph.Dr.Tiers

« Nous ne comprenons pas pourquoi notre justice est piétinée par les hommes d’affaires français qui se croient supérieurs aux lois. Et pourtant, la justice doit travailler librement sans une quelconque pression », a déclaré un témoin rencontré sur le site de Bleu Sat au quartier Sebo dans la commune de Mont Ngafula.

DANY KABANGA