Daniel Cassinon Mpoyi plaide pour la subvention du journalisme

Classé sur la liste des métiers nobles de la vie quotidienne, le journalisme informe au quotidien la société de ce qui s’y passe. Évoluant dans des conditions très difficiles, ce métier, en Rd-Congo, semble être en perte de vitesse. Se confiant à notre rédaction, Daniel Cassinon Mpoyi, journaliste, éditeur, animateur et producteur à la RTNC, a peint un tableau sombre de la situation actuelle du journalisme, abandonné à son triste sort par l’État. Il a plaidé en faveur de la subvention par l’État de ce métier, considéré comme le chien de garde de la société. Interview.

Après 11 années passées dans le journalisme, quelle lecture faites-vous de ce métier en Rd-Congo ?

Ma lecture, je la fais sur deux volets. Le premier est positif, car, les journalistes rd-congolais travaillent durement et dans des conditions précaires. Ils se battent au quotidien pour donner le meilleur d’eux-mêmes.

 

Le second volet, cependant dévoile la face négative de cette profession. Ici, le journaliste monnaye ses informations. Mon souhait est à ce que nous restions professionnels même si nous avons besoin d’argent.

 

Aujourd’hui, le journaliste, dans certains milieux, dégage le visage d’un mendiant en brandissant sa carte. Nous devons valoriser notre métier pour pouvoir informer correctement la population chaque jour qui passe. En Rd-Congo, la plupart de journalistes sont attachés aux hommes politiques.

 

Comment analysez-vous ce rapprochement ?

En Rd-Congo, le journaliste n’est pas subventionné par l’Etat. Cette situation le place dans une situation inconfortable dans l’exercice de son métier. Il doit de ce fait se battre pour vivre. Il doit vivre du reportage qu’il réalise.

 

En ce sens, les hommes politiques payent mieux le journaliste et la collaboration est omniprésente. Ce que nous déplorons c’est l’ingratitude de certains politiques qui, une fois son objectif atteint, oublie le journaliste qui l’a porté.

 

Les hommes politiques ne voient que leurs intérêts. Le journaliste et le politicien sont comparables à l’eau et l’électricité. Les deux marchent de pair malgré tout.

 

Pensez-vous que la liberté de la presse en Rd-Congo se porte bien ?

C’est la guerre de tous les jours. Depuis un moment, nous réclamons la dépénalisation des délits de la presse pour mettre fin au cycle infernal d’arrestation des journalistes.

 

Ça fait très mal. Quand nous essayons de faire correctement notre travail en dénonçant les abus, notre vie entre dans une zone rouge, une zone dangereuse. Nous sommes dans la logique de toute vérité n’est pas bon à dire. Aux Etats-Unis d’Amérique, les journalistes ont fait partir le Président de la République.

 

En France, certains candidats Présidents de la République ont été écartés de la course suite à des informations compromettantes publiées par la presse. Le journaliste rd-congolais ne peut s’offrir ce luxe au risque de perdre sa vie ou d’être écroué en prison. La liberté de la presse en Rd-Congo est un combat que le journaliste mène à vie.

 

En tant qu’Editeur, comment parvenez-vous à gérer votre organe de presse, « Tolérance zéro » en dépit de vos multiples occupations ?

« Tolérance zéro » est là. Nous n’avons pas de subvention de l’Etat. Nous nous battons seuls. Nous nous battons contre vents et marrées pour tenir le coup. Notre journal est un hebdomadaire, paraissant chaque vendredi. Nous nous sommes spécialisés dans les enquêtes et le traitement des dossiers. Nous nous battons également pour faire de « Tolérance zéro » une référence en Rd-Congo comme l’est d’autres organes de presse.

 

Quel enseignement peut-on tirer de votre carrière journalistique ?

J’ai eu une grande formation surtout en presse écrite. J’ai dû renforcer mon écriture. En faisant le journalisme, l’on est censé être en contact permanent avec les recherches et les matières reçues à l’école secondaire, humanité voire primaire.

Ce, parce qu’il y a, par exemple, la conjugaison, les règles grammaticales qui ne nous quittent jamais. Le journalisme permet d’affirmer que l’homme apprend jusqu’au dernier jour de sa vie.

 

Quel message lancez-vous aux jeunes qui ambitionnent de venir journaliste ?

Tout est possible à celui qui croit. Vouloir, c’est pouvoir. Quand on met du sérieux, de l’amour, on atteint ses objectifs. Nous pouvons rencontrer des difficultés, mais l’espérance en Dieu paye. Je les encourage à demeurer sereins.

 

Laquelle de vos réalisations, dans ce métier, vous rend si fier ?

Ce qui me rend fier c’est le fait d’être le porte-parole de la vie.

FABRICE PUKUTA