Dans un atelier de la CIME: Nangaa, Kamerhe, She Okitundu prêchent l’accord issu du dialogue

Prévention. Ce petit mot de trois syllabes est le leitmotiv de la Commission d’intégrité et médiation électorales -CIME- qui ne souhaite nullement voir davantage des RD Congolais tombés à cause de l’aggravation de la crise politique en RD Congo. Elle privilégie donc la voix de la paix. Voilà qui justifie que les bonzes se soient investis, en amont, pour la tenue du dialogue, et pour sa réussite, en aval, en prenant part active à les différentes phases des travaux. Et maintenant qu’un accord a été conclu entre les parties, les chefs des Confessions religieuses, membres de la CIME, ne se montrent pas avares d’efforts pour sensibiliser leurs fidèles, et même ceux des autres églises, sur les acquis des assises de la Cité de l’Union africaine. Ils viennent d’en donner la preuve la plus éloquente le 17 novembre 2016. A la faveur d’un atelier d’appropriation des conclusions du dialogue par les chrétiens et musulmans, cette institution chargée de la médiation des conflits électoraux a mis le paquet. Dans une salle de la maison des élections remplie de près de 500 personnes, dont des représentants provinciaux des confessions religieuses, des imams et pasteurs responsables des mosquées et paroisses, et les médiateurs de la CIME, trois acteurs majeurs de ce dialogue ont fait une restitution: l’UNC Vital Kamerhe, Co-modérateur de l’Opposition, le PPRD Shé Okitundu, représentant Alexis Thambwe Mwamba, Co-modérateur de la Majorité en mission, et Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale indépendante -CENI. Objectif: permettre une meilleure compréhension de l’accord aux yeux de tous afin que chacun répercute le message à son niveau.

Devant un auditoire tout yeux tout oreilles, Delphin Elebe Kapalay, président de la CIME, a été le premier à prendre la parole alors que ces hôtes n’étaient pas encore arrivés. Viendront, ne viendront pas? La question traversait les esprits dont celui d’Elebe lorsqu’au milieu de son speech, il voit Corneille Nangaa le rejoindre discrètement sur l’estrade. Dans son mot, le président de la CIME a commencé par circonscrire l’événement: «Conformément à notre mission de prévention, gestion et résolution des conflits électoraux, cette activité s’est imposée à nous comme un devoir de bien faire comprendre à nos fidèles et aux hommes de bonnes volonté les fondamentaux, les tenants et les aboutissants de cet Accord politique, ainsi que le chemin critique du processus électoral dans notre pays, car la parole de Dieu dit: mon peuple périt par manque de connaissance». Et plus loin d’ajouter: «Il n’y a intégrité que là où les hommes et les femmes respectent leurs engagements, s’inscrivent en faux contre toute manipulation et honorent leur parole donnée. C’est ici l’occasion pour nous d’en appeler au strict respect des termes de l’Accord». En fait, Elebe s’adresse, à la fois, aux fidèles des confessions religieuses et aux signataires de l’accord, histoire de rappeler à chacun ce qui lui revient.

 

Les grandes communications

De son côté, Corneille Nangaa, président de la CENI a partagé avec l’auditoire les résultats des travaux du dialogue vus de la centrale électorale. Dans son propos, il a gratifié les participants à cet atelier de quelques non-dits du dialogue. Entre autres, il a confié que la CENI avait proposé un calendrier qui prévoyait la présidentielle en novembre 2018. Mais pour des raisons évidentes, cette proposition technique a été rejetée, et l’élection a été ramenée au mois d’avril. Pareil détail a permis à l’auditoire de mieux saisir les acrobaties faites afin d’aboutir à cet accord. Corneille Nangaa a aussi présenté les recommandations des participants au dialogue autour des dates de la clôture de la révision du fichier électoral, le 31 juillet 2017; la convocation de l’électorat, le 30 octobre 2017; l’organisation en une seule séquence de la présidentielle, législatives nationale et provinciale, le 29 avril 2018.

 

Vital Kamerhe, arrivé pendant que Nangaa parlait, a fait un exposé captivant sur les contours du dialogue et sa valeur. Il a en même temps profité de la tribune qui lui a été offerte pour tirer quelques flèches en direction du Rassemblement et de la Conférence épiscopale nationale du Congo. «Un leader est celui qui sait affronter le problème afin de trouver la solution. L’inaction n’a jamais été un projet de société», a-t-il tapé, critiquant le refus de dialogue d’Etienne Tshisekedi, et ainsi justifiant sa participation et celle de ses collègues au dialogue.

Kamerhe ne s’est pas arrêté là. Il s’est également étonné de la démarche du Rassemblement qui réclame le départ de Joseph Kabila le 19 décembre 2016: «Que Kabila quitte le pouvoir le 19 décembre sans élection, et que Tshisekedi devienne président sans élection. C’est quelle démocratie! Moi, je dis que c’est la jungle».

Tout en saluant la mission de bons offices de la CENCO, Kamerhe, catholique, a adressé un message aux prélats. «Pour convaincre, il faut être soi-même convaincu. La CENCO devrait commencer par signer l’accord avant de chercher à ramener les autres».

Un avis partagé par l’autre orateur, She Okitundu de la Majorité présidentielle. Sans se voiler la face, celui-ci a argué: «La RD-Congo est notre patrimoine commun. Nous avons donc l’intérêt de le protéger».

 

Contribution des confessions religieuses au dialogue

 

Idryss Katenga a, pour sa part, présenté les contributions significatives des confessions religieuses au processus du dialogue. Images à l’appui, il a démontré comment les religieux se sont impliqués pour sauver le pays de la crise en rencontrant plusieurs acteurs politiques du pays -Majorité et Opposition- ainsi que les animateurs des organismes internationaux.  Avec un minimum de volonté, a poursuivi Idryss Katenga, l’Accord politique issu du dialogue  permet  de cheminer vers l’organisation des élections apaisées à condition qu’il s’applique à tous les niveaux.

Les confessions religieuses ont donc mené des actions de plaidoyer pour le dialogue. Avec l’organisation du dialogue dans la capitale RD congolaise. Elles en sont fières.

«C’est aujourd’hui que personnellement, j’ai compris le rôle et les efforts menés par les confessions religieuses. J’invite les animateurs de la CIME à multiplier ces genres de rencontres pour vulgariser les actions des confessions religieuses dans le recherche de la paix», a recommandé un des participants lors de cette journée.

 

Bien avant toutes ces communications, le Recteur de l’université William Booth et un des délégués des Confessions religieuses aux travaux de la Cité de l’Union africaine, Roger Bimwala, est revenu sur l’économie générale du dialogue politique. Il a clarifié l’assistance sur les objectifs de ces assises, entre autres, celui de réfléchir, échanger et débattre en toute liberté sur l’organisation des élections dans le respect de la Constitution. A l’en croire, cet accord balise le chemin des élections crédibles et apaisées en RD Congo.

 

HUGO ROBERT MABIALA