Du 25 au 27 novembre 2015, les journées rd-congolaises du manuscrit ont vécu

Comme prévu, Banza Mukalay, Ministre de la Culture et des Arts, a lancé officiellement hier, mercredi 25 novembre 2015, la première édition des Journées congolaises du Manuscrit. Cette cérémonie solennelle s’est déroulée à l’Académie des Beaux-Arts (ABA), avec la participation, entre autres, de sa Commission Exécutive ainsi que des Ministres de l’ESU et ETP. Et, en trois jours seulement, une centaine d’œuvres dont celles venues des provinces ont été réceptionnée. Quant aux autres qui seront perfectibles, un Comité technique les désignera pour des ateliers de perfectionnement.

Patrick Misasi, Directeur Général de l’Académie des Beaux-Arts, s’est dit satisfait de la tenue de cet évènement dans sa cours. Pour sauvegarder sur un support mieux que la mémoire de l’homme une idée, une connaissance à partager, à conserver, dit-il, le manuscrit a, de tout temps, été utilisé. D’ailleurs, avant l’invention de l’imprimerie à la fin du 5ème siècle qui est venue apporter une véritable révolution dans ce domaine, la copie se faisait à la main pour pérenniser l’essentiel du savoir humain dans diverses disciplines.

Ouverture des travaux

« Nous avons établi que le Manuscrit est le premier jet et la première intuition inspirée », a introduit à cet effet, le Ministre de la Culture et des Arts. A l’en croire, le manuscrit n’est ni un rebut, ni un résidu, ni un produit invendable. Au contraire, il constitue le premier acte de parturition avec ce que cela comporte d’audace intellectuelle. Cela, comme une femme primipare qui donnerait naissance après des mois de grossesse, avec toute la passion de son corps et esprit.

A cette différence près, le manuscrit est un bébé fragile, tâtonnant, soumis au pire et au meilleur des destins. Pour ce faire, le Ministère a résolu de balayer les préjugés et les réserves, en donnant la chance à tous les manuscrits enfouis comme autant de talents cachés sous le boisseau.

Afin de dresser en pragmatiques les meilleurs coups d’essai, les manuscrits les plus prometteurs seront publiés. Pour les autres qui sont perfectibles, un Comité technique les désignera pour des ateliers des perfectionnements. Ecrire est une belle aventure de l’esprit, déclare-t-il. Car, c’est la quête du dialogue en profondeur avec soi et avec les autres. C’est la jubilation suprême de créer et partager le savoir. Selon lui, le manuscrit est la genèse et la jeunesse de ce partage de l’art et du génie. Comme le Chef de l’Etat, il invite les jeunes auteurs au dialogue et à la quête de l’excellence.

Une centaine de manuscrits enregistrés

Le Professeur Yoka, Coordonnateur des Journées Congolaises du Manuscrit a précisé que cette initiative vient du Ministre de la Culture et des Arts. Et, pour sa concrétisation, un certain nombre de personnes ressource comme le professeur Georges Mulumba, DG de la bibliothèque nationale, l’ancien Ministre Mumengi, ainsi que l’écrivain Richard Ali ont été associés.

L’idée part du principe qu’il y a beaucoup de talents cachés qu’il faut pousser à s’exprimer à travers les écrits. Cependant, le deuxième objectif consiste à la rencontre et échanges des artistes entre eux, en vue de trouver des voies de sortie, notamment avec les opérateurs du livre, et les éditeurs. Pour ce faire, il renseigne qu’en trois jours, une centaine de manuscrits ont été réceptionnée et continuent à arriver. Parmi ces œuvres figurent ceux venant de l’intérieur du pays, comme c’est le cas de Lubumbashi, déposées par le Professeur Mulongo ainsi que d’autres qui arrivent par Internet.

Ce qui explique qu’à l’issue de ces trois journées, un petit Comité technique va revisiter les textes et trier trois à cinq qui seront susceptibles d’être publiés.  Quant aux maisons d’édition, le Professeur Yoka précise qu’il n’y a pas eu de sélection, mais qu’un appel ouvert a été lancé à toutes, aussi bien celles qui publient en français qu’en langues nationales.

Il faut signaler que, parmi les manuscrits déposés figurent celui de Maître Kinkela, décédé il y a une dizaine d’années. Pour ce cas, il précise qu’il y a des ayants-droits, pour qui il faut avoir l’autorisation de publication. «La loi sur le droit d’auteur nous accompagnera pour faire une option qui respecterait sa mémoire et celle de son génie», a-t-il conclu.

Quid du manuscrit ?

Jean-Claude Ntuala, Paneliste de ces Journées a défini le manuscrit comme étant le premier travail d’un livre. Selon lui, c’est ce que l’auteur produit dès qu’il a une inspiration et tout commence là. Et, lorsqu’il croit que le texte est terminé, il y met un point final pour aller à la recherche d’un éditeur.

Seulement, chaque maison d’édition a un comité de lecture qui l’apprécie. Si elle trouve que le projet est publiable, on appelle l’auteur et engage des discussions pour la signature d’un contrat.

Par contre, il s’observe principalement une difficulté à l’éditeur, puisqu’il y en a très peu en RDC. « Généralement, on publie et contribue aux frais de publication », déclare-t-il. Mais, il y a des maisons comme Médias Paul qui font exception à cette règle, d’autant plus qu’elle publie dès que le projet est favorable.

En tant qu’écrivain, il sent que la culture de la lecture commence à renaître dans l’esprit des congolais. Seulement, déplore-t-il, le problème économique bloque l’achat du livre, bien qu’il y ait des gens qui en présente la soif.

SERGE MAVUNGU