Fabregas sur les traces de Luambo

La musique rd-congolaise du 21ème siècle est, dans son ensemble, gangrenée par des  thèmes érotiques et  l’évocation des  obscénités. Le Maestro Fabregas sort cependant du lot et se démarque de ses contemporains.

L’artiste semble être sur les traces de l’illustre guitariste et auteur-compositeur  rd-congolais des années 70-80, Franco Luambo Makiadi. Ce dernier a forgé sa réputation en développant dans ses œuvres, qui se révèlent intemporelles, des maux qui sévissent dans la société. Des  tubes  comme  « Mario »,  « Mamou »,  « 6600 lettres » en disent long.

 

Décédé  en 1989, Franco a su peindre la société rd-congolaise au travers de la variété de sa musique qui l’a fait sillonner le monde. Près de 30 après sa disparition, le Grand maître, de l’au-delà où il a élu domicile, peut s’estimer fier d’avoir un successeur: Fabrice Mbuyulu dit Fabregas. Ce jeune chanteur d’une trentaine révolue se donne de peindre lui aussi la société rd-congolaise de son époque exactement comme le faisait Luambo en son temps.

 

Il incarne convenablement le rôle d’éducateur masse et d’interpellateur. Le patron de Wanted record surprend avec le morceau «Ya Mado» qui a connu un franc-succès et  a  placé sa carrière solo sur une autre orbite…  la meilleure certainement.  Dans  cette chanson, le Maestro  dénonce  les femmes qui se maquillent  avec extravagance  pour se rendre belles  parce qu’elles s’estiment naturellement moches.

 

Vers l’intemporalité

Dans le même album que  « Ya Mado »,  il  chante  « Ngayisme », la doctrine du « moi » dont ses compatriotes sont adeptes. Avec « Mosinzo », extrait de l’album « Poison/ Antidote »,  cet ancien membre du Wenge Musica Maison Mère s’attaque à ces femmes qui se contentent de chiper les mecs ou maris de leurs amies, simplement parce que ces derniers sont friqués. Sa plus récente leçon est contenue dans  la chanson « Kinshasa ya lelo ». Ici, Fabregas prend à partie  les animateurs de  tous les secteurs de la vie sociale et dénonce la tendance de plus en plus forte à diviser pour mieux régner. Professeurs, journalistes, musiciens, pasteurs… ont chacun eu pour leur compte. Pour le développement de la Rd-Congo,  l’artiste  estime qu’il  n’y aura pas de nouveau Congo sans nouveau congolais. Comme celles de Luambo, les œuvres de Fabregas récoltent un franc-succès et sont, de cette manière,  sur  un  ballottage  favorable pour traverser le temps.

LAURENT OMBA