IMNC (Théâtre de verdure) : Les agents et cadres ne savent pas à quel saint se vouer

Après avoir alerté l’opinion publique et la Présidence de la république rd-congolaise via les médias et les correspondances, les cadres et agents de l’Institut des musées nationaux du Congo – IMNC – où se situe également l’amphithéâtre de verdure se sont réunis le lundi 6 et mardi 7 juillet 2020 pour évaluer leurs revendications et arrêter des nouvelles stratégies. Au stade actuel, ils ne savent plus à quelle institution publique s’adresser.

 

Des réunions
Par rapport à l’évaluation durant ces deux jours de réunion, le bilan s’est avéré négatif. Car, depuis, ils n’ont reçu aucune suite favorable de la première institution de la République Démocratique du Congo où ce lieu de conservation du patrimoine culturel congolais est partiellement rattaché. Quant aux stratégies mises en place pour faire entendre leurs doléances en vue de récupérer ce lieu de travail qui est menacé, ces cadres et agents prévoient encore une série de correspondances et des tractations. « Concernant la récupération de ce site du musée qui est hautement historique et stratégique pour notre pays et pour la mémoire collective belgo-congolaise, mais aussi pour l’art congolais, nous allons saisir le Président de la république Félix Tshisekedi, son directeur de cabinet, le ministre de la culture et des arts, et l’Assemblée nationale. Après une semaine, si nous n’avions pas des suites favorables, nous ferons appel aux médias pour parler largement de cette situation qui nous tient à cœur depuis des mois. C’est-à-dire effacer une partie de l’histoire du Congo », a déclaré sous l’anonymat un agent de l’IMNC.

 

Malgré cette invasion brusque qui annonce déjà le déguerpissement du musée sur ce site présidentiel, la branche du service technique en charge de l’entretien des œuvres d’art est aussi interdite d’accès pour veiller sur la propreté et la longévité de certaines pièces qui se détériorent. La garde républicaine détachée surplace ne veut plus revoir ces cadres et agents. Seuls dix d’entre eux sont autorisés d’y accéder. Alors que le travail est énorme sur place. Quel sort pour les œuvres faites dans des matières sensibles à l’humidité, aux poussières et autres éléments toxiques ? Pourquoi une telle décision pour le musée et l’amphithéâtre qui n’ont jamais enregistré des cas d’insécurité ou d’attentats ? Qui tient donc à effacer ou à déchirer cette page de l’histoire du Congo démocratique ? Voilà les questions qui se posent sans trouver réellement des réponses.

Le logo de l’Institut des musées nationaux du Congo RDC. Ph.IMNC

 

La lettre qui parle
Selon une correspondance d’un des services de la Présidence rd-congolaise du samedi 27 juin 2020 adressée au Directeur général de l’IMNC, le professeur Paul Bakualufu, dont Eventsrdc.com a eu accès, le nombre du personnel présent sur le site du musée serait trop élevé (10 seulement). « Par contre, afin de vous aider dans vos tâches, les équipes travaillant actuellement pour la réhabilitation du site présidentiel du Mont Ngaliema pourront vous porter assistance s’agissant de l’invasion des herbes sauvages et des parasites », a avancé par écrit le conseiller spécial en matière de sécurité de Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.

 

De poursuivre : « Aussi, un sous-traitant dédié se rapprochera de vos services afin de prendre la hauteur de vos besoins et procéder au travail ». Cette déclaration du conseiller affirmerait l’intention des proches du président rd-congolais de déguerpir l’Institut des musées nationaux du Congo de ce site présidentiel et fermer définitivement le Théâtre de verdure qui entre 2010 et 2018 a permis à certains opérateurs culturels rd-congolais et étrangers à organiser des événements de grande envergure à Kinshasa, une ville en manque des infrastructures culturelles capables d’accueillir plus de 4500 personnes en une fois.

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La même note du conseiller fait savoir que dans les prochaines semaines, « la Présidence va récupér le bâtiment central inutilisé (construit en briques rouges) afin d’y installer une antenne sécuritaire (partie Est du Mont Ngaliema) pour le suivi et le contrôle des travaux de réhabilitation ».

 

Selon les agents interrogés à ce sujet, ce bâtiment abrite la salle d’exposition, l’intendance, le service marketing et communication, d’autres services administratifs du musée. « Les techniciens de l’entreprise qui travaille pour la réhabilitation du Mont Ngaliema nous ont fait savoir que notre bâtiment en briques rouges ne servira pas à la sécurité, mais abritera plutôt une nouvelle entreprise d’un des proches du Président de la république », ont crié tout haut les agents rencontrés le mardi 7 juillet 2020 au Musée national de Kinshasa.

Vue extérieure du bâtiment abritant quelques bureaux de l’IMNC. Ph.Dr.Tiers

 

À la question de savoir la différence existante entre l’Institut des musées nationaux du Congo et le musée national de Kinshasa, un des agents a parlé en ces mots: « le musée national de Kinshasa est l’une des composantes de l’IMNC comme le musée national de Lubumbashi ou de Kisangani. Chaque chef-lieu ou ville des provinces de notre pays peut avoir une ou plusieurs musées qui se convergent à l’IMNC et ce dernier doit avoir aussi son musée qui rassemble tous les prestigieuses œuvres d’art du pays de l’époque coloniale à ce jour. À cette allure, poursuit-il, le peuple d’abord n’est plus un état d’esprit et l’État de droit n’est qu’un slogan ».

 

Il est donc nécessaire que le Président de la République s’implique personnellement afin de tirer au clair cette affaire. Car, déguerpir l’IMNC du site de Mont Ngaliema, où il est logé depuis l’époque de feu président Mobutu, sans lui attribuer un bon espace c’est tenter, sans peut-être se rendre compte, d’effacer une bonne partie de l’histoire de la Rd-Congo.

 

Étant donné que ce déguerpissement occasionnera, sans nul doute, la perte de certaines pièces constituant le patrimoine culturel rd-congolais longtemps conservé sur ce site.

 

En outre, cette situation déterminera la volonté du président Félix Tshisekedi dans la conservation des valeurs et du patrimoine culturel de son pays. Surtout pendant que le débat sur la restitution des œuvres d’art est loin de se terminer, à Kinshasa les œuvres se trouvant sur place en difficulté d’un lieu de conservation.

L’oeuvre Mariage en bronze du célèbre sculpteur rd-congolais Alfred Liyolo (350 x 180 cm) sur le flan du mur qui constitue le Théâtre de Verdure. Ph.Fondation Liyolo

 

Et, l’art rd-congolais serait en danger !

Lire aussi:

RDC – Culture : Le Théâtre de verdure et l’IMNC poussés à disparaître par les proches de Félix Tshisekedi

 

https://www.eventsrdc.com/rdc-culture-le-theatre-de-verdure-et-limnc-pousses-a-disparaitre-par-les-proches-de-felix-tshisekedi/

MYRIAM NZEKE