Initiateur de « Mongita awards », Eric Kayembe scrute les difficultés du cinéma rd-congolais

Cinéphile jusqu’à la moelle épinière, Eric Kayembe, initiateur de  « Mongita Awards » et de la structure « Un cinéma pour le Congo », forge, de plus en plus, sa réputation dans son combat pour la revalorisation du 7ème art en Rd-Congo. Dans un entretien exclusif accordé à Eventsrdc.com, Kayembe a scruté les différents problèmes gangrenant ce  secteur qui, sous d’autres cieux, est pourvoyeur des recettes  consistantes dans le budget du pays. Il a rassuré, au cours de cet échange, qu’ensemble avec ses paires, ils ont diligenté des actions afin de donner au cinéma rd-congolais ses lettres de noblesse.

 

Qu’est-ce qui fait que les médias rd-congolais préfèrent diffuser  les films étrangers plutôt que ceux des nationaux ?

A cette question, les réponses sont multiples. La plus plausible est celle relative aux droits de diffusion. Le fonctionnement de nos médias impose à la personne qui amène un programme de payer pour la diffusion, sous prétexte de lui offrir une visibilité. Cela fonctionne mieux avec la musique  et non avec le cinéma.

 

Lorsqu’une œuvre cinématographique est déjà vue, elle perd un peu de son intensité. Nos chaînes doivent payer pour diffuser nos films comme cela se fait partout.

Eric Kayembe entouré de quelques cinéastes rd-congolais. Ph.Dr.Tiers

 

Pensez-vous créer une chaîne de télévision 100% cinéma congolais (RDC et Congo Brazzaville) ?

Émettant sur le hertzien, c’est difficile sur le plan économique. Mais sur le web, je suis en phase de mettre sur pied un modèle économique pour cela. Le web tv s’appellera http://tv.cinecongo.org

 

En hertzien, il n’y aura pas un engouement des annonceurs parce que le cinéma est recalé par rapport à la musique et à la télé dramatique.

Tournage d’un film en Rd-Congo. Ph.Dr.Tiers

 

Qu’est-ce qui fait la force du cinéma américain, indien, français et nigérian ?

Pour le cas du cinéma français, il est soutenu par l’État. Le cinéma des autres pays est soutenu par des lobbyings des gens qui sont amoureux du 7ème  art. Ces gens n’hésitent pas à mettre les moyens pour assurer la présence et le succès des films sur le marché. Bref, pour son positionnement. Au Nigeria comme en Inde, l’État est venu en appui beaucoup plus tard.

 

Qu’attendent les acteurs du 7ème art de la Rd-Congo pour mettre en place un modèle économique devant garantir leurs intérêts financiers ?

Le projet est en cours et les rencontres sont en prévision. Nous en parlons  lors des activités telles que Café Cinéma ou Soirée Goza.

 

A ce stade, comment vivent les cinéastes rd-congolais ?

A l’heure actuelle, ils vivent d’extramuros. Le cinéma ne nourrit pas son homme pour l’instant. Nous avançons à une cadence d’un grand projet tous les 3 à 4 ans. Et, ce n’est pas tous les cinéastes qui s’y retrouvent.

Tournage d’un film par les cinéastes rd-congolais. Ph.Dr.Tiers

 

Et si les grandes maisons de production et d’édition cinématographiques s’installaient en RDC ?

La Rd-Congo ayant un ministère de la Culture, un accord de co-production devra être mis en place avec le gouvernement. Pour avoir cet accord, le pays doit se doter d’une politique culturelle structurant le fonctionnement de l’industrie cinématographique. Nous n’en avons pas. Au point où nous sommes, cela n’est pas non plus une priorité pour l’État.

 

Cette idée, nous semble-t-il, peut marcher avec les sociétés de télédistribution et les banques commerciales privées opérant en Rd-C. Avez-vous songé à les contacter pour mettre en place des contrats de coopération ?

Ces entreprises de télédistribution achètent les programmes. Avec les autres, c’est une autre paire de manche.

 

Et avec les sociétés télécommunication présentes en Rd-C qui n’hésitent pas de coopérer avec le monde culturel et artistique ?

Le cinéma congolais est recalé par rapport à la musique et à la télé dramatique. Il ne présente pas un grand intérêt économique et stratégique pour ces entreprises. C’est décevant! Et, aucun business plan de nos télécoms ne prévoit des  projets sur 5 ans. Tous ont des plans à court  terme. Or, à  court  terme, le cinéma ne fait pas le poids face à la musique.

CINARDO KIVUILA