Jean Serge Onyumbe croit en l’Accord politique issu du dialogue

Les rideaux sont tombés sur le dialogue politique national inclusif depuis le 18 octobre 2016, avec à la clé un accord signé par toutes les parties prenantes. Si à Kinshasa, comme d’ailleurs sur le net, beaucoup de Rd-Congolais semblent sceptiques quant à la réalisation de ces résolutions, il y en a cependant qui y croient. Jean Serge Onyumbe Wedi, analyste politique en fait partie. En dépassionnant le débat, en observateur avisé de la scène politique Rd-congolaise, Onyumbe estime que les résolutions issues de ce dialogue permettront, si elles sont suivies par tous, d’éviter à la Rd-Congo le chaos tant recherché par les ennemis de la République. « Avec la volonté politique, de grandes choses peuvent être réalisées. Au moment où l’on s’y attendait le moins, la Rd-Congo a vécu l’expérience du 1+4 à Sun City pendant que personne n’avait gagné la guerre. Les partenaires internationaux de la Rd-Congo ont un grand rôle à jouer en apportant leur soutien technique et financier au processus électoral afin de permettre aux Rd-congolais d’aller aux élections », souligne-t-il. Interview.

Dans le préambule de l’accord, les délégués au dialogue s’engagent à «respecter la Constitution dans l’intégralité». Ne violent-ils pas cette même Constitution en confiant, entre autres, la primature à l’Opposition?

Je commence par féliciter toutes les parties prenantes qui ont permis la tenue de ce dialogue. Comme je l’ai toujours soutenu, ce dialogue n’est pas une panacée à tous les problèmes de la RD-Congo, mais plutôt un pas vers la paix face à une crise évidente. Jusqu’ici la Constitution n’a pas été violée, car suivant son article 78, le Président de la République nomme le Premier ministre en fonction de la majorité parlementaire. Et nous savons également que le prochain gouvernement va réunir des acteurs de tous bords -Opposition, Majorité et Société civile. A partir du moment où le parti d’où proviendra le prochain Premier ministre fait partie de la majorité parlementaire –qu’il ne faut pas confondre avec la Majorité présidentielle- qui est recomposée en intégrant les nouvelles forces politiques issues de l’Opposition, il n’y a aucune violation.

Le dialogue a été convoqué dans le but d’apporter des réponses concrètes, notamment à l’organisation de bonnes élections. Nous constatons cependant que les participants se sont plus focalisés sur le partage des postes, notamment à la CENI, au gouvernement, etc. Peut-on réellement espérer l’organisation des scrutins dans deux ans?

Il convient de faire la part des choses. D’une part, les recommandations et de l’autre, leur application. C’est en accompagnant la réalisation de ces résolutions qu’on arrivera à nos fins. C’est même la raison pour laquelle les articles 20 et 21 de l’accord prévoient un comité de suivi.

Aussi, il faut que nous soyons lucides et que nous arrêtions de trainer les RD-congolais par le bout du nez: aucun accord politique dans l’histoire des Nations ne s’est conclu sans un partage des responsabilités. C’est la résultante même du consensus. Il ne faut pas être de l’Opposition ou de la Majorité ou encore de la Société civile pour connaître cette évidence.

Dans un environnement de plus en plus délétère pour les investisseurs et les bailleurs de fonds, comment un gouvernement de cohésion nationale arriverait-il à organiser les élections là où pendant cinq ans le gouvernement Matata a lamentablement échoué?

Tout repose sur une réelle volonté politique sans laquelle ne peuvent être concrétisés de grands projets. L’expérience du 1+4 à Sun City pendant que personne n’a gagné la guerre en est une parfaite illustration. C’est important également de rappeler ici que les partenaires internationaux de la RD-Congo ont un grand rôle à jouer en apportant leur soutien technique et financier au processus électoral afin de permettre aux RD-congolais d’aller aux élections. Le prochain gouvernement aura pour mission entre autres de relever ce challenge majeur.

Des analystes estiment que la RD-Congo se dirige inéluctablement dans une situation où elle serait ingouvernable afin de faciliter sa balkanisation. Quel est votre avis?

La thèse du chaos ou de la balkanisation de la RD-Congo est un combat sans relâche que tout RD-Congolais doit mener quelle que soit son obédience et quels que soient les enjeux. C’est un devoir constitutionnel. Le maréchal Mobutu disait qu’il était prêt à pactiser avec le diable pour sauvegarder l’intégrité territoriale. Je suis de cette école. J’ai la ferme conviction que les résolutions issues de ce dialogue nous permettront, si elles sont observées par tous, d’éviter à la RD-Congo le chaos tant recherché par les ennemis de la République.

La démarche de la terre brûlée pourvu que Kabila parte ne serait-elle pas une des partitions pour ce schéma de balkanisation?

Le départ du pouvoir de Joseph Kabila ne doit pas correspondre à une eschatologie pour la Rd-Congo. La Constitution a déjà répondu à cette question en stipulant clairement comment les choses doivent se passer: pas plus de deux mandats pour le Président de la République. Le report des élections pour des raisons technico-financières pour 2018, ne doit pas non plus se transformer en un fourre-tout, mais plutôt en une expression ferme d’une détermination politique des RD-Congolais à élire leurs dirigeants dans une approche d’alternance pacifique.

HUGO ROBERT MABIALA