La Pentecôte. Et moi maintenant ?

Dimanche prochain sera la fête de la Pentecôte. La messe télévisée sera célébrée aux Pays-Bas, dans une église dédiée à saint Martin, en cette année du 17e centenaire de sa naissance. Pour les chrétiens, la Pentecôte est l’accomplissement de la promesse de Jésus à ses disciples : « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins… » (Actes des Apôtres 1, 8).

Parmi les chrétiens, on trouve parfois quelques méfiances à l’égard de ceux qui mettent en avant l’action de l’Esprit Saint en eux-mêmes ou en d’autres personnes ou communautés. Vous savez, lorsque vous vous interrogez sur quelqu’un, à cause de sa manière de vivre, de penser, de prier, et de son insouciance ou son exaltation au nom de sa foi en l’Esprit Saint : « Ils est quand même étrange. C’est un doux dingue ! ». D’ailleurs, le récit de la Pentecôte montre cela. En entendant ce que l’Esprit Saint a provoqué chez les apôtres, bien des habitants de Jérusalem issus de divers pays se disent : « Ils sont complètement ivres ! » (Ac 2, 13)

Certains se posent la question : « Qu’est-ce qu’il faut comprendre de tout cela ? » C’est aussi notre question. Comment reconnaissons-nous l’Esprit Saint ? En méditant l’épisode des Actes des Apôtres qui parle de la Pentecôte (Ac 2, 1 -37), je me suis dit qu’il me donnait quelques repères.

Quand l’Esprit descend sur les apôtres, cela provoque autour d’eux un rassemblement. On passe du « chacun pour soi », à la capacité à se retrouver et se poser ensemble les questions pour mieux comprendre. C’est épatant ! Moins d’isolement, plus de concertation et de dialogue, plus d’attention aux événements et aux autres : c’est peut-être là un effet de l’Esprit Saint.

Chez les apôtres qui l’on reçu, eux, c’est un autre effet. Ils vont devenir plus expansifs et sortir de la maison où ils étaient enfermés. L’étaient-ils par peur de se confronter aux autorités religieuses, qui ne voulaient pas les entendre dire que Jésus était ressuscité ? L’étaient-ils par un élan de piété qui les refermait sur leur prière commune ignorant le monde ? En tout cas, ils sont sortis et ont commencé à parler. On voit l’apôtre Pierre faire un discours « en élevant la voix », donc avec courage. La peur disparaît, si elle était là. C’est un autre effet : il n’y a plus de crainte d’annoncer sa foi. Et on voit que Pierre parle sans détour, sans rien édulcorer, et pourtant sans vouloir blesser qui que ce soit : cet homme, Jésus, « vous l’avez pris et fait mourir sur la croix par la main de ceux qui n’avaient pas la foi, mais Dieu l’a ressuscité… » (Ac 2, 23) Le récit dira ensuite que les auditeurs « eurent tous le cœur transpercé » ! (Ac 2, 37)

Mais le récit explique aussi que chacun entendait les apôtres dans la langue de son enfance. C’est-à-dire qu’ils sont touchés au plus profond de ce qu’ils sont, au plus près de leur culture. Ceux qui parlent deviennent compréhensibles. Et les autres sont capables d’écouter. Avec l’Esprit Saint, il y a à la fois un don de parole et un don d’écoute.

Et je dirai enfin que l’Esprit Saint donne envie d’agir. On voit les auditeurs dire aux apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? » (Ac 37). Vous allez voir. Le don de l’Esprit Saint va vous faire passer de la question : « Qu’est-ce qu’ils font, ces illuminés ? C’est ça l’Esprit Saint ? » à la question : « Et moi, maintenant, qu’est-ce que je vais faire, avec l’Esprit de Dieu que j’ai reçu ? »

FR.PHILIPPE JAILLOT O.P.