Mohombi : « La SOCODA a besoin d’un bon leadership »

Il se présente comme artiste musicien rd-congolais engagé et très engagé dans la cause du développement de la culture rd-congolaise. Mohombi Nzasi Moupondo, fort de ses 20 ans de carrière dont 10 en solo et sur la scène internationale, a abordé, à la faveur d’un entretien avec Eventsrdc.com, la problématique des droits d’auteur en Rd-Congo. Lisez.


Quelle lecture faites-vous du système des droits d’auteur en Rd-Congo ?
Je ne veux pas m’attaquer à la SOCODA ni reprocher une telle structure aussi longtemps que je ne comprends pas son fonctionnement actuel. Nous avons un sérieux problème de compétence et d’organisation. Si nous arrivions à résoudre ces deux grands problèmes, plusieurs choses seront facilitées.

Les droits d’auteur sont quasi inexistants dans notre pays, la Rd-Congo. Nous devons mettre en place des vraies structures appelées « Association des droits d’auteur » et capables de bien rémunérer les artistes et les professionnels du monde culturel et de protéger leurs œuvres.

Dans notre pays, il y a un grand écart entre les artistes et les paroliers que je considère comme faiseurs des stars mais qui ne sont pas pris en compte dans les circuits des droits d’auteur. Ces paroliers ou auteurs-compositeurs ne sont mêmes pas cités par certains musiciens rd-congolais. C’est inacceptable.


Envisagez-vous d’adhérer un jour à la SOCODA ?
Adhérer à la SOCODA à l’état actuel, serait un suicide économique pour ma carrière. Naturellement, mon ambition est de faire partir du groupe de rd-congolais qui contribuera au changement dans ce secteur.

Le logo de la SOCODA. Ph.Dr.Tiers


Il faut à un moment travailler sur la transparence pour créer la confiance. Nous avons les compétences, mais il nous manque une bonne et sérieuse organisation pour que nous vivions de nos œuvres.

A quelle société des droits d’auteur êtes-vous affilié ?
Je suis membre de l’AMRA qui compte 73 membres. Je suis le 73ème. Ici, la structure choisit elle-même ses artistes. J’espère un jour être aussi membre de la SOCODA.


Et si vous impulsiez une collaboration entre STIM, société de droit suédois, et son équivalente rd-congolaise SOCODA…
C’est une très bonne idée pour le bénéfice de tous les professionnels des arts et de la culture en Rd-Congo. Du point de vue organisation, les Suédois sont très avancés et la STIM est très professionnelle et très respectée à travers le monde. J’ai de très bonnes relations avec cette société.

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Que reprochez-vous à la SOCODA ?
Le grand problème qui ronge notre SOCODA est la centralisation de toutes les disciplines artistiques. Il est important de laisser à chaque domaine une certaine autonomie dans la gestion de ces droits spécifiques et des partenariats dans les droits communs. C’est vraiment nécessaire pour que chaque secteur puisse aller de l’avant.

Pour mieux résoudre ce problème des droits d’auteur, nous avons également besoin d’un bon leadership dans notre secteur. Le nouveau locataire du ministère de la Culture et des arts doit être une personne qui connait mieux notre secteur, qui mettra en avant l’intérêt des artistes et de toutes les personnes qui y travaillent, puis sera capable de voir les enjeux internationaux et futuristes. Sincèrement, le monde de la culture et des arts en Rd-Congo a besoin d’un nouveau leadership.


A l’unanimité pratiquement, les professionnels des arts souhaitent voir un artiste à la tête du ministère de la Culture dans le prochain gouvernement. Partagez-vous cette opinion ?
Absolument. Je me joins et j’encourage cette initiative. Les normes démocratiques actuelles veulent à ce que chaque corps de métier ou secteur décrivent le profil de ses leaders pour résoudre les problèmes qui les concernent conformément aux lois du pays et aux enjeux internationaux.

J’approuve cette démarche. Nous avons besoin de quelqu’un qui nous donnera un vrai statut juridique et qui veillera sur son application pour que nos enfants en bénéficient et que les jeunes qui nous emboitent les pas soient fiers de s’engager dans notre secteur.

Nous avons besoin d’une personne capable d’encourager les artistes qui, depuis un moment, sont déçus par rapport aux réalités de la SOCODA et des autres structures artistiques et culturelles de l’Etat.

Un dernier message.
Cette nuit, j’étais plongé dans la rédaction d’un projet de développement de la culture de notre Rd-Congo de 2019 à 2023. J’aimerai bien le présenter aux décideurs lorsque j’aurai l’occasion.

C’est bien bon de donner son avis en public. Malheureusement, la plupart de ces avis sont négatifs. Moi, je suis dans la logique solution. Le pays de Franco mérite mieux. Il n’est jamais trop tard. Il est juste temps pour nous, artistes de différents horizons, de nous mettre ensemble pour démarcher sur nos intérêts qui demain profiteront à notre progéniture.


Il est temps de s’asseoir autour d’une table ronde et de prendre des décisions qui changeront notre secteur. L’organisation doit commencer par nous-mêmes, artistes. Sinon, nous pouvons avoir de très bonnes infrastructures, mais qui n’auront pas un impact dans notre secteur.
CINARDO KIVUILA