Peinture : Claudy Khan et « Les Larmes de Beni » font la Une des médias du monde

Très connu, connu ou moins connu, Claudy Khan est ce peintre rd-congolais qui a attiré l’attention de toute la planète terre, ce vendredi 17 janvier 2020 lors de l’audience qu’avait accordé au Président rd-congolais Félix Antoine Tshisekedi par le Pape François à la Cité du Vatican, avec son oeuvre de haute facture « Les larmes de Beni », découverte par le monde, à travers les premières images que diffusées la presse pontificale.

 

Signalons que ce tableau de Claudy a été achetée par les services de la présidence de la République Démocratique du Congo, au cours d’une exposition qui s’est tenue du 28 décembre 2019 au 4 janvier 2020, à l’Académie des beaux-arts de Kinshasa (ABA), aux côtés d’une vingtaine d’autres tableaux qui témoignent tous, la compassion du remarquable peintre rd-congolais résidant en France, aux populations meurtries représentées par des portraits de femmes et d’enfants. Fusion de figuration et d’abstraction, les univers colorés de ces admirables tableaux où l’artiste les place illuminent un quotidien macabre laissant transparaître la lueur d’espoir qu’il nourrit d’un lendemain meilleur.

« Les larmes de Beni » de Claudy Khan. Ph.Adiac

 

Claudy Khan devant « Les Larmes de Beni », lors du vernissage de l’exposition
La pièce maîtresse de l’exposition, « Les larmes de Beni » est fort remarquable dès l’entrée de la pièce, elle se situe au fond de la salle d’exposition. Impossible de la louper ! Peinte sur un pagne très coloré à prédominance jaune, elle attire d’abord à cause de ses belles couleurs. Ce qui, pour l’artiste, n’est pas contradictoire à savoir que cette toile « exprime vraiment les larmes de Beni avec les souffrances que subissent nos frères et sœurs de l’Est. Peut-être même la souffrance tout court que subissent les femmes dans le pays aujourd’hui ». Car Claudy Khan demeure d’avis que « ce n’est pas parce que l’on souffre aujourd’hui qu’il n’y a pas d’espoir pour des lendemains meilleurs ! Il faut laisser un pan ouvert pour l’espoir qui doit arriver ».

Le peintre rd-congolais Claudy Khan. Ph.Adiac

 

La femme est au centre de l’exposition Les larmes de Beni. Lors du vernissage opéré dans le cadre restreint et intime de ses hôtes de l’ABA, le peintre a confié au Courrier de Kinshasa que cela est d’autant plus compréhensible « parce que c’est elle qui subit les viols et tous les affres de la guerre, mais nous en sommes tous affectés et c’est nous qui pleurons ». Et quoiqu’il en soit, précise l’artiste, « je n’engage pas du tout un débat politique en peignant cela. Pour moi, c’est juste dévoiler l’état dans lequel vivent les gens de Beni. Je pense que cela devrait toucher chacun d’entre nous ici. Ce n’est ni pour faire joli ni pour provoquer. Même si il arrive que l’on garde silence, mais la réalité nous rattrape, elle interpelle et donc, la moindre des choses, c’est d’en parler ». Et d’ajouter : « Le sujet est inspirant. Il m’a inspiré et j’ai travaillé dessus ».

Contactez la rédaction au +243 810000579

 

Par ailleurs, depuis quelques années, Claudy Khan travaille sur la femme et le sujet de Beni s’est quasi imposé à lui. « Lorsque je vois et entend parler de ces femmes violées à Beni, de celles qui sont soignées par le Dr Mukwege à Panzi, je suis touché. Je ne peux rester indifférent, il faut que j’en parle. C’est cela qui m’a porté à peindre sur le sujet », nous a-t-il dit. L’artiste qui a voulu leur témoigner sa compassion reste tout de même confiant en un avenir moins sombre. « Je pense que cela ne va pas continuer, donc si demain, ces femmes ont à nouveau le sourire, je vais le peindre », affirme-t-il. Et de renchérir : « C’est pour cela que je laisse transparaître de la lumière dans mes tableaux car je nourris l’espoir que cela s’arrêtera un jour. Mais comme cela fait un moment que ce malheur dure, c’était un minimum de leur rendre cet hommage ».

 

Des regards déterminés
Du reste, souligne Claudy Khan : « Ce n’est pas de la tristesse qui apparaît sur les visages. En fixant bien les peintures, l’on voit des regards très déterminés ». Et d’affirmer : « Le regard de l’enfant dans “Codes-barres“ est plongé dans une vision de l’avenir où sont dirigées des attentes, “Particules de vie“ semble même défier les forces du mal et “Enlightment“ subit en silence mais veut se débarrasser de son carcan autour de la tête ». Quant à la femme dans Méandres, poursuit-il, « elle est en train de revivre une sorte d’engouement où elle reçoit tout ce qui passe, il y a une espèce de vague qu’elle vit comme une lutte, elle a les yeux fermés mais va se réveiller ». Et de renchérir : « La seule qui pleure sur son sort est “Les Larmes de Beni“. Pourtant, elle est dans un tableau gai avec des fleurs car l’environnement de Beni, c’est la nature. Malgré la souffrance au quotidien, cette beauté naturelle demeure. C’est pour cela que dans tous mes tableaux, il y a toujours cette lueur comme une sortie de crise ou de souffrance sinon ce serait trop macabre. Si les gens continuent à tenir bon, c’est parce qu’il y a un espoir de vie meilleure ».

 

Claudy fait donc en sorte de traduire l’espérance malgré que les visages n’ont pas l’air souriant. « Je peins une note d’espoir partout comme dans Aspirations, il y a de la lumière au-dessus du visage de la femme. Même si elle subit maintenant les pires souffrances, elle finira par y accéder », nous explique-t-il.

 

Ainsi, pour le peintre indigné : « L’histoire ne se répète pas, mais l’exploitation n’a en fait jamais cessé. Il est temps, je crois, que toutes ces choses-là bougent ».
NIONI MASELA
CINARDO KIVUILA

Légendes et crédits photo :
Photo 1 : Claudy Khan devant Les Larmes de Beni, lors du vernissage de l’exposition (Adiac)