Yannick Mulundu Nzonde: « La plus grande force d’un entrepreneur est son habilité à créer une demande dans tout type de marché »

Le jeune entrepreneur d’origine congolaise basé en Afrique du Sud a créé et dirige Mulundu Investments and Holdings Pty Ltd, spécialisée dans le conseil aux entreprises, notamment des multinationales. Cette société réalise un chiffre d’affaires de plus d’un million de dollars, ce qui lui a valu de figurer cette année dans la prestigieuse liste « Forbes under 30 » d’entrepreneurs de moins de 30 ans les plus prometeurs en Afrique.

 

Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Pourriez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs  et nous dire quel est votre parcours académique et professionnel ?

Yannick Mulundu Nzonde (Y.M.N.): Je suis un homme d’affaires d’origine congolaise âgé de 30 ans et je suis basé en Afrique du Sud depuis 2004. Avec ma mère et mes sept frères et soeurs, nous sommes installés au Cap mais cela fait bientôt un an que je suis à Johannesburg avec ma femme pour poursuivre ma carrière. J’ai eu mon baccalauréat (“matric” en Afrique du Sud) de l’établissement Saint Joseph Marist School puis j’ai effectué des études en commerce et finance, un an après en comptabilité puis en science alimentaire. Je viens d’obtenir un diplôme d’études universitaires supérieures en pratique de gestion de l’école de business à l’université de Cape town. J’ai commencé à travailler dès l’école secondaire mais mon parcours en tant qu’entrepreneur a commencé à l’âge de 14 ans au Congo. Après l’obtention de mon baccalauréat, je me suis associé avec mon meilleur ami et nous avons fondé ATI Groupe. Par la suite, je me suis lancé seul et j’ai fondé Fleurette consulting Groupe Pty Ltd, Chi Groupe Pty Ltd et Mulundu Investments and Holdings Pty Ltd. J’ai aussi investi dans plusieurs business au cours des années.

 

L.C.K.  : Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir entrepreneur au lieu d’être un employé ?

Y.M.N.: J’ai toujours eu un esprit entrepreneurial. Mais tout a commencé à l’âge de 14 ans. Venant d’une famille de vingt-quatre enfants, la vie n’a pas été facile et je n’ai jamais eu de l’argent de poche. Un jour, j’ai acheté une montre à cinq dollars au marché et un ami de mon petit frère m’a offert vingt dollars pour cette montre. Le lendemain, on m’a offert beaucoup plus pour la même montre, j’en ai fait un business et au courant des années, j’ai vendu des ordinateurs, des brûleurs de graisses, des lampes solaires, des tables de billard, etc. Je n’ai jamais voulu travailler pour quelqu’un ou devenir un employé car j’ai toujours été indépendant et je ne veux pas travailler pour réaliser le rêve de quelqu’un d’autre.

Le jeune entrepreneur Yannick Mulundu Nzonde. Ph.Dr.Tiers

 

L.C.K.  : D’où vous est venue l’idée de créer Mulundu Investments and Holding et quelle est la particularité de cette entreprise  ?

Y.M.N.: Je fais souvent la navette entre la RDC et l’Afrique du Sud pour mes affaires et j’ai constaté que j’avais un avantage dans le cadre du conseil. Ayant acquis une solide expertise dans le domaine financier, j’ai voulu fonder Mulundu Investments and Holdings pour apporter mon savoir-faire aux entreprises et les assister dans le carde du “business development”. Nous offrons beaucoup de services utiles aux entreprises ainsi qu’aux particuliers. Notre équipe comporte des individus qui ont plus de soixante ans d’expérience combinée dans le secteur des mines, des finances, du capital-risque et relations gouvernementales.

 

L.C.K.: Quelle est l’envergure financière de votre entreprise et quels en sont les chiffres-clés ?

Y.M.N.: Notre chiffre d’affaires est à plus d’un million de dollars par année et nous avons vingt-cinq employés entre la RDC et l’Afrique du Sud. Nous travaillons avec beaucoup de multinationales mais aussi avec des individus qui ont recours à nos services professionnels dans plusieurs secteurs.

 

L.C.K.: Vous êtes également cofondateur de Ati Groupe en RDC. En quoi consistent les activités ?

Y.M.N.: Ati Groupe, qui est devenu Ati Congo Groupe, est la première entreprise que j’ai cofondée avec mon partenaire. Nous nous spécialisons dans l’énergie solaire renouvelable et dans la construction.

 

L.C.K.: Comment analysez-vous le climat des affaires en RDC en général et dans votre secteur d’activités en particulier ? 

Y.M.N.: Le climat des affaires n’est pas toujours favorable mais il y a beaucoup d’opportunités une fois que l’on trouve sa niche. J’ai trouvé la mienne et mon entreprise prospère . En tant que Congolais qui a fait ses études à l’étranger, j’apporte un plus mais il y a aussi beaucoup de risques car le monde entrepreneurial (business landscape) au Congo est très différent de celui de l’Afrique du Sud. Selon moi, il est impératif que les entreprises locales et internationales continuent à donner une chance aux Congolais et à investir dans leur amélioration professionnelle.

 

 

L.C.K.: Justement, comment pourriez-vous comparer le climat des affaires de la RDC à celui de l’Afrique du Sud ?

Y.M.N.: Les deux pays sont très différents surtout en matière de développement. L’Afrique du Sud fait partie des marchés émergents tandis que la RDC fait partie des marchés frontières. Dans mon cas, en tant que Congolais ayant fait ses études en Afrique du Sud, c’est relativement facile de faire des affaires dans ce pays.

 

L.C.K.: L’entrepreneuriat est devenu un terme presque à la mode. Mais quels sont les avantages et les inconvénients d’être entrepreneur, surtout un jeune comme vous ?

Y.M.N.: L’entrepreneuriat permet aux jeunes de se lancer dans les affaires beaucoup plus rapidement que les générations précédentes. Le monde se développe rapidement et les jeunes sont plus en harmonie avec ces changements. Les inconvénients de l’entrepreneuriat, selon moi, sont le financement et la patience. Il est très difficile de maintenir une start-up sans financement et le succès n’est toujours pas garanti. Donc, il faut persévérer sans baisser les bras.

 

L.C.K.: Selon vous, quelle est la plus grande force d’un entrepreneur et sa plus grande faiblesse ?

Y.M.N.: La plus grande force d’un entrepreneur est son habilité à créer une demande dans tout type de marché. Sa plus grande faiblesse est de demeurer pertinente.

 

L.C.K.: Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu avant de vous lancer dans l’aventure entrepreneuriale et comment l’avez-vous appliqué ?

Y.M.N.: J’ai toujours été mon seul conseiller car j’ai dû me battre pour arriver là où je suis aujourd’hui. Le meilleur conseil que je pourrais donner est de persévérer. Ce n’est pas tout le monde qui partagera vos idées ou qui sera du même avis, mais cela ne rend pas vos rêves impossibles. Il faut croire en soi et accepter les défaites pour être en mesure de se ressaisir rapidement.

 

L.C.K.: Avez-vous des challenges auxquels vous devez faire face au quotidien,  notamment comme entrepreneur en RDC ?

Y.M.N.: Le challenge auquel je fais face en ce moment est le fait que mon entreprise doit constamment s’adapter au climat des affaires de la RDC. Tout est fondé sur la relation que vous maintenez avec vos clients. Il est important de toujours apporter un plus et de demeurer pertinent.

 

L.C.K.: Vos projets ?

Y.M.N.: Je suis un individu qui “keeps it moving” (continue d’avancer). J’ai réalisé un de mes plus grands rêves cette année; paraître dans Forbes Africa 30 under 30 mais je ne m’arrête pas là. Etant passionné de développement humain, je veux changer la perception de l’Afrique et avoir un effet positif sur nos jeunes africain(e)s. Je veux continuer à m’investir sur ce continent et offrir mon savoir faire pour inspirer les jeunes entrepreneurs africains et créer une Afrique beaucoup plus prospère et responsable.

PATRICK NDUNGIDI (Le Courrier de Kinshasa)