Entre fusion et scission, les transformations du secteur des Postes, Télécommunications et Numérique inquiètent

Depuis le 29 mai 2024, suite à la formation du Gouvernement Suminwa 1, le secteur des Postes, Télécommunications et Numérique a connu une évolution marquée par des changements structurels significatifs.

Initialement, les ministères des Postes Télécommunications et Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication – PTNTIC – et du Numérique opéraient indépendamment. Leur fusion, l’année dernière, a donné naissance au ministère des Postes, Télécommunications et Numérique – PTN -, dirigé par Augustin Kibassa Maliba, ancien ministre des PTNTIC.

Cette réorganisation a été saluée par de nombreux observateurs, d’autant plus que les compétences et les attributions des deux ministères se rejoignaient largement.

Sous la direction de Kibassa, le ministère des PTN a mis en avant plusieurs initiatives stratégiques. Parmi celles-ci, le rapatriement du siège de l’UAT en République Démocratique du Congo, prévu pour février 2026. De plus, des projets visant à rétablir et digitaliser les points de présence de la poste à travers le pays, à dynamiser la banque postale, et à améliorer la connectivité ont été lancés. Le taux de pénétration à la téléphonie mobile et l’internet, estimé à 63 %, et l’Internet fixe à 34 %, témoignent d’une volonté de modernisation.

Un plan ambitieux de transformation numérique, qui inclut 10 000 km de fibre optique, ainsi qu’un fonds de développement pour le service universel et le déploiement de la télécommunication par satellite, a également été entamé.

Cependant, à la surprise générale, le Gouvernement Suminwa 2, formé le 8 août 2025, a de nouveau scindé le ministère, créant d’une part le ministère des Postes et Télécommunications, dirigé par José Mpanda, et d’autre part le ministère de l’Économie Numérique, sous la direction d’Augustin Kibassa.

Ces changements fréquents soulèvent de nombreuses interrogations au sein de l’opinion publique : Quelles en sont les raisons profondes ? Le secteur des technologies de l’information et de la communication en République Démocratique du Congo n’est-il toujours pas stabilisé ? Les responsabilités de chaque ministère sont-elles clairement définies ?

Attributions des deux ministères

Le ministère de l’Économie numérique a pour missions de :

– Développer les infrastructures numériques, incluant la modernisation des réseaux de télécommunication et des infrastructures numériques sur tout le territoire, promouvoir l’innovation et la transformation numérique avec le  soutien des initiatives numériques et projets innovants ;

– Assurer la régulation et la cybersécurité avec l’élaboration de politiques et de textes réglementaires pour la cybersécurité et la protection des systèmes d’information ;

– Favoriser l’inclusion numérique et la formation, avec la réduction de la fracture numérique par la formation et l’accès aux outils numériques pour tous ;

– Etablir une politique des données et de l’intelligence artificielle, incluant la mise en place de cadres légaux et techniques pour la gestion des données et le développement de l’IA ;

– Promouvoir la coopération internationale et la souveraineté numérique, représentation du pays dans les instances internationales et protection des intérêts nationaux.

Quant au ministère des Postes et Télécommunications, ses attributions comprennent : la gestion des réseaux et infrastructures de télécommunications ; le développement des services numériques au sein de l’administration publique, l’encadrement des opérateurs TIC et des entreprises du secteur ; la promotion de l’accès à Internet à haut débit.

Alors que les ambitions de modernisation et de transformation numérique ont été entamées la fragmentation des responsabilités pourrait affaiblir la cohérence et l’efficacité des politiques mises en œuvre. Il est à ce stade, essentiel que les nouvelles entités ministérielles collaborent de manière synergique pour éviter les doublons et garantir une vision unifiée.

GLODY NDAYA