« Ciné Safari, là où le cinéma rencontre l’aventure et fait vibrer l’âme congolaise », (Buyikana Faith Kazambu Ephraïm)

Avec Buyikana Faith Kazambu Ephraïm, cinéaste et entrepreneur culturel rd-congolais, le cinéma sort des salles pour aller à la rencontre du public, jusqu’aux zones rurales et périurbaines souvent privées d’offre culturelle. À travers Ciné Safari, une initiative itinérante qui mêle projections de films et formations aux métiers du 7ᵉ art, il ambitionne de faire éclore une nouvelle génération de cinéastes enracinés dans les cultures locales et de redonner à la République Démocratique du Congo, le pouvoir de raconter ses propres histoires.

Quelle a été l’étincelle qui vous a inspiré à créer Ciné Safari ?

C’est le besoin imminent de raconter nos propres histoires, tirer de nos réalités et notre culture ainsi que valoriser les talents en herbe que regorge la jeunesse congolaise dans les différents contrées de la République Démocratique du Congo. Et Ciné Safari vise l’expansion du cinéma dans des zones rurales et périurbaines souvent délaissées de l’offre culturelle par l’itinérance des projections de films et formations pratiques aux métiers du cinéma.

Comment est né le concept du Ciné Safari et que signifie ce nom pour vous ?

Le concept Ciné Safari est né du besoin d’étendre le cinéma dans les différents contrées du pays parce que dans un pays peuplé comme la RDC qui compte une démographie de plus 105 millions d’habitants dont 70 pourcent de la population congolaise est composée de jeunes mais la République Démocratique du Congo n’a pas un cinéma où sa population s’identifie; la RDC importe tout, même la culture d’autres pays africains, asiatique et occidental alors que notre pays est extrêmement riche en culture avec ses 450 ethnies et dialectes.

Par un besoin imminent de raconter nos propres histoires, tirer des nos réalités et notre culture, et valoriser les talents en herbe que regorge la jeunesse congolaise est né le besoin de mettre en place ce projet ambitieux Ciné Safari qui vise l’expansion du cinéma dans des zones rurales et périurbaines souvent délaissées de l’offre culturelle par l’itinérance des projections de films et formations pratiques aux métiers du cinéma.

Quelles étaient vos principales ambitions au moment du lancement ?

Ce projet ambitionne de faire éclore une nouvelle génération de cinéastes enracinés dans les cultures locales. Parce que nous devons raconter nos propres histoires, on ne peut pas attendre que d’autres le fassent à notre place.

Quels défis avez-vous rencontrés dans la mise en place de ce projet et comment les avez-vous surmontés ?

Lors de l’appel à candidatures pour la formation pratique aux métiers du cinéma, nous avons constaté que beaucoups de jeunes avaient la volonté d’apprendre le cinéma mais n’avaient pas le moyen pour payer la formation, bien que le coût de la formation était insignifiant par rapport aux charges de l’organisation et la prise en charge des formateurs. Autre défi était le non-accompagnement du ministère de la culture, arts, patrimoine et les autorités provinciales malgré les différentes correspondances écrites sans réponse alors que cette initiative vise à promouvoir la culture par formation de la main d’oeuvre qualifiée des jeunes dans chaque partie du pays tout en luttant contre la délinquance juvénile et manque d’emplois de jeunes, évitant de toujours importer la main d’oeuvre de technicien du cinéma d’autre pays. Nous avons accordé des bourses à certains jeunes étudiants le cinéma vu qu’ils ont du talent en herbe mais pas le moyen financier pour apprendre le métier du cinéma.

Quelle place occupe le cinéma africain et congolais dans votre projet ?

Les cinéma africain et congolais sont au cœur de Ciné Safari. C’est lui que nous voulons mettre en avant, valoriser et partager avec le public. Nous croyons que nos histoires, nos imaginaires et nos voix méritent d’être vues et entendues, ici comme ailleurs.

Selon vous, en quoi Ciné Safari contribue-t-il à la valorisation de la culture et des talents locaux ?

Ciné Safari crée un espace de visibilité pour les films africains et congolais, mais aussi de formation pour les jeunes talents. C’est une plateforme où le public découvre des œuvres locales et où les créateurs rencontrent leur audience, renforçant ainsi le lien entre culture et société.

Quels retours recevez-vous du public et des acteurs du secteur ?

Les retours sont très encourageants. Le public exprime sa joie de voir des films qui reflètent sa réalité et ses questionnements. Les professionnels, quant à eux, saluent l’initiative et la considèrent comme un levier pour structurer et dynamiser le secteur.

Qu’est-ce qui différencie Ciné Safari des autres initiatives cinématographiques en RDC et en Afrique ?

Notre spécificité est l’itinérance. Nous allons vers le public, jusque dans des villes où le cinéma est peu ou pas accessible. Ciné Safari n’est pas seulement une projection : c’est une expérience complète qui combine ateliers de formation pratique, rencontres et échanges.

Comment intégrez-vous les nouvelles technologies (numérique, plateformes en ligne, intelligence artificielle, etc.) dans vos activités ?

Nous utilisons le numérique pour la diffusion, la communication et la formation. À terme, nous envisageons d’exploiter les plateformes en ligne pour rendre accessibles nos projections et ateliers au-delà des frontières physiques. L’IA et d’autres outils innovants pourront aussi renforcer l’éducation à l’image et la gestion de nos projets.

Quelle est votre vision à moyen et long terme pour Ciné Safari ?

À moyen terme, nous voulons élargir itinérance de Ciné Safari dans les différentes contrées du pays en formant en moyenne 70 jeunes.

À long terme, Ciné Safari aspire à devenir une référence en matière de diffusion et de formation pratique aux métiers du cinéma en RDC, avec un réseau solide de créateurs et de publics engagés.

Comment voyez-vous le rôle du cinéma dans la consolidation de l’identité culturelle et dans la transformation sociale en RDC ?

Le cinéma est un miroir et un outil de transformation. Il permet de raconter notre histoire, de valoriser notre identité et d’ouvrir des débats sur nos réalités sociales. En RDC, il peut contribuer à renforcer la cohésion sociale, l’esprit critique et l’imaginaire collectif.

Quelles stratégies comptez-vous développer pour assurer la durabilité et l’expansion de Ciné Safari ?

Nous misons sur trois axes : la formation, pour pérenniser les talents de jeunes dans le secteur du cinéma ; les partenariats solides, pour assurer un soutien institutionnel et financier ; et l’innovation, pour adapter nos activités aux besoins actuels du public et du secteur.

Quels types de partenariats recherchez-vous (gouvernementaux, privés, internationaux) pour renforcer l’impact de votre initiative ?

Nous recherchons des partenariats multiformes : gouvernementaux pour le soutien institutionnel, privés pour l’investissement et la logistique, et internationaux pour l’expertise, la visibilité et l’ouverture à de nouveaux marchés.

Comment les jeunes cinéastes et créateurs peuvent-ils s’associer à votre projet ?

Les jeunes peuvent participer à nos ateliers de formation pratique aux métiers du cinéma, soumettre leurs films pour projection, ou collaborer sur nos projets créatifs. Ciné Safari est conçu comme une plateforme ouverte où chaque talent peut trouver sa place.

Quels sont vos plus grands accomplissements depuis le lancement de Ciné Safari ?

Le plus long voyage qu’on puisse faire dans la vie c’est le premier pas… Et notre plus grand accomplissement, c’est d’avoir lancé le tour 1 du projet Ciné Safari, le 9 juin 2025. C’était dans la ville côtière de Matadi dans la province du Kongo Central. Le lancement de ce projet est la matérialisation de plusieurs années de recherches sur comment répandre le cinéma là où les gens n’ont pas accès au grand écran dans un pays où les infrastructures culturelles sont comptées au bout du doigt dans la capitale congolaise et quasi inexistante en province.

Pourquoi avoir choisi cette étape ? Parce que la province du Kongo Central est la province qui regorge de vestiges de l’histoire du Royaume Kongo et la porte d’entrée de notre civilisation.

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes rd-congolais passionnés par le cinéma ?

De croire en leurs rêves, de travailler dur et de rester curieux. Le cinéma demande de la rigueur, de la passion et de la persévérance. Racontez vos histoires, même avec peu de moyens, et saisissez chaque opportunité de formation et de partage.

Si vous deviez résumer Ciné Safari en une phrase inspirante, laquelle serait-elle ?

Là où le cinéma rencontre l’aventure.

Cinéma itinérant là où les gens n’ont pas accès au grand écran.

KMC