De passage à Kolwezi pour saluer les nombreuses réalisations de la gouverneure Fifi Masuka Saini, la directrice générale du Fonds de Promotion Culturelle – FPC -, Barbara Kanam, a livré ses impressions sur la transformation spectaculaire du Lualaba et dévoilé ses ambitions pour la jeunesse et la culture rd-congolaise. Entre fierté provinciale, engagement civique et vision nationale, l’artiste et gestionnaire de la culture trace les contours d’un avenir où l’art devient un moteur de développement durable.
En juin dernier, vous aviez séjourné à Kolwezi, capitale de la province du Lualaba, pour assister à l’inauguration de nombreuses réalisations de Madame la Gouverneure Fifi Masuka Saini. Quelle était votre impression générale sur ces œuvres ?
En tant que fille du terroir, je suis très heureuse de voir l’émergence d’infrastructures modernes au sein de la province, Madame la Gouverneure Fifi Masuka a réussi en un temps record, à métamorphoser complètement l’image du Lualaba grâce notamment à ces nombreux ouvrages dont nous sommes témoins aujourd’hui et qui font notre fierté.

Ces bâtiments nous permettent d’être en phase avec les nouvelles réalités du monde et surtout de répondre de façon adaptée aux besoins des populations. Notre province est le reflet de l’exemple parfait du développement voulu par Son Excellence Monsieur le Président de la République pour notre chère Nation.
Il est bien connu qu’un bâtiment ne dure que s’il est bien entretenu par ses bénéficiaires. Quel message souhaitez-vous adresser à la population du Lualaba à ce sujet ?
Cette philosophie que nous avons d’attendre que tout vienne d’en Haut (des décideurs au sommet de l’État) n’a que trop duré, nous devons changer cette mentalité. J’invite donc l’ensemble des Lualabais à cultiver un esprit civique dans l’utilisation de ces biens d’intérêt public.

Envisagez-vous, sur fonds propres ou avec l’appui de bailleurs, de construire des infrastructures destinées à abriter des structures artistiques ou culturelles à Kolwezi ou ailleurs dans la province du Lualaba ?
Bien évidemment, notre pays n’est pas qu’un scandale géologique, il regorge l’un des plus grands greniers de talents artistiques au monde. En tant que représentante de l’État, il est de notre responsabilité de créer les conditions pouvant favoriser l’émergence de ces jeunes en dépit de toutes les difficultés financières et matérielles auxquelles nous sommes confrontés.
C’est ici l’occasion pour moi, de saluer la diplomatie agissante du Chef de l’État, qui nous a permis d’obtenir grâce à la coopération sino-congolaise un centre culturel de haute facture, le plus grand d’Afrique Centrale répondant aux normes internationales. Notre challenge est de parvenir à dupliquer cet type d’ infrastructures dans les 26 provinces pour permettre à chacun, d’exprimer l’étendue de son art dans des environnements adéquats. C’est l’un de mes objectifs principaux, je travaille énormément pour matérialiser ce rêve.
Que pensez-vous de l’idée de créer un Centre Culturel et Artistique Barbara Kanam ? Serait-ce un projet qui vous tient à cœur ?
Laissez-moi vous dire que, nous sommes là pour impacter positivement et laisser nos empreintes sur le sable mouvant du temps. Alors pourquoi pas, œuvrer pour la construction d’un centre culturel en mon nom ? Ça serait un bel héritage qui va perdurer dans le temps et dans l’espace.

La délinquance gagne de plus en plus la jeunesse dans plusieurs provinces de la RDC, en raison du manque d’activités formatrices ou récréatives. Envisagez-vous de collaborer avec Madame la gouverneure Fifi Masuka et son gouvernement pour initier des projets culturels et artistiques capables d’occuper sainement cette catégorie sociale ?
Hélas, la délinquance juvénile ne cesse de gagner le terrain dans nos villes, nos campagnes etc. Les délits violents augmentent.
En tant que leader d’opinion et éducateurs de masse, nous avons le devoir de sensibiliser notre jeunesse aux effets néfastes de la violence, d’autant plus qu’elle représente 70 % de notre population.
Je reste ouverte à toutes les initiatives nobles allant dans ce sens-là et depuis des années, je participe activement à de nombreux projets éducatifs, le plus récent étant la campagne initiée par les Nations Unies sur : le vivre ensemble, la lutte contre la violence et la cohésion nationale où je n’ai pas hésité à faire passer un message de paix et surtout d’espoir.

De nombreux artistes et acteurs culturels du Lualaba peinent à trouver des financements pour concrétiser leurs projets. Le Fonds de Promotion Culturelle – FPC -, que vous dirigez, a une représentation provinciale à Kolwezi, où les artistes continuent à soumettre leurs dossiers. Comment doivent-ils faire ?
Le FPC est présent dans 14 provinces à travers la République, le Lualaba en fait partie. Nos représentations s’appellent des Coordinations Provinciales », elles sont des relais officiels de la Direction Générale. Nous travaillons pour rendre accessible l’accès à l’information aux artistes locaux pour traiter des sujets tels que : la composition de dossiers et les critères d’éligibilité pouvant conduire à l’obtention d’un financement.
C’est dans cette optique que nous avons décidé de dynamiser l’ensemble de ces coordinations provinciales afin de faciliter toutes procédures administratives.

Que peuvent attendre concrètement les habitants du Lualaba de votre part dans un avenir proche ?
Dans un avenir proche, les habitants doivent s’attendre à une série d’actions visant à valoriser notre richesse culturelle.
Quels sont vos liens personnels avec les artistes et acteurs culturels originaires du Lualaba, y compris ceux établis à l’étranger ?
Les rapports sont fraternels et conviviaux. Il suffit de voir le nombre de collaborations musicales que j’ai eues tout au long de ma carrière, c’est une symbiose entre artistes venus de tous horizons. C’est en étant unis, que nous pouvons porter les causes les plus nobles et mieux faire entendre nos voix à l’échelle continentale et mondiale.

Le Lualaba, comme d’autres provinces de la RDC, possède un riche patrimoine culturel et touristique. Si les notables de la province vous proposaient de devenir « Ambassadrice culturelle du Lualaba ». Comment accueilleriez-vous cette idée ?
Je vais l’accueillir à bras ouverts, depuis plus de deux décennies, je suis très honorée de porter très haut, le flambeau de la culture de mon pays en générale et de ma province en particulier. Une reconnaissance émanant des notables ne serait que la bienvenue et va contribuer à couronner le travail ardu que nous continuons d’abattre.
Une photo de vous aux côtés du Président Félix Tshisekedi à l’aéroport international de Kolwezi lors de l’inauguration de ce bijou lualabais avait largement circulé et ému votre public. Cela vous inspire-t-il l’envie d’embrasser un jour, une carrière politique ?
Être Directeur Général d’un établissement public fait de moi d’entrée de jeu, une personnalité politique. Puisque j’y suis, pourquoi pas envisager avec optimisme l’avenir ? Mais pour l’instant, je reste focalisée sur le FPC, je réitère une fois de plus mes vifs remerciements au Chef de l’État pour ce choix porté sur ma modeste personne. Je me suis fixé des objectifs, je dois placer le FPC sur l’orbite de l’excellence et faire de lui, un partenaire privilégié des culturels congolais.

CINARDO KIVUILA