« L’équation avant la nuit » de Blaise Ndala : Raconter la source de la plus grande déflagration mondiale sous un autre angle

L’histoire de la Seconde Guerre mondiale arpente la mémoire collective. Si elle souligne sans cesse, du point de vue de l’Afrique, la bravoure intérpide des tirailleurs sénégalais, son cours ne semble pas pour autant se détourner d’autres aspects, bien que méconnus. Parmi eux, l’uranium qui a servi de fabriquer la bombe atomique, venu du Katanga, en République Démocratique du Congo, source d’un conflit acide. Ce minerai est au cœur du 4e roman de l’écrivain d’origine rd-congolaise, Blaise Ndala, publié aux éditions JC Lattès.

De la découverte est née l’idée d’écrire « L’équation avant la nuit« . Curieux homme invétéré porté par l’urgence et le besoin de rapporter les grandes pages de l’histoire, Blaise Ndala s’en est intéressé dès lors qu’il étudiait le droit à l’université de Kinshasa. Dans ses grands moyens d’explorer la profondeur de ses curiosités, l’écrivain culmine sa recherche en s’appuyant sur son géniteur qui lui sert d’informateur notamment concernant le centre de recherche nucléaire d’Afrique Centrale.

« Mon père me dit que ce centre est une sorte de contrepartie que les belges nous ont laissés en échange de l’uranium qu’ils ont exploité dans la mine de Shinkolobwe au Katanga et qu’ils ont offert aux américains, au programme Manhattan project qui a permis à Robert Oppenheimer et à ses équipes de fabriquer la première bombe nucléaire qui était arrivée sur Hiroshima. J’ai commencé à nourrir ma curiosité, en faisant des recherches, j’ai découvert que c’est effectivement l’uranium qui a été acheminé à Los Alamos pour fabriquer la bombe. À 85%, cet uranium venait bel et bien du Katanga« , souligne Blaise Ndala

Violation historique des peuples autochtones

« L’équation avant la nuit » n’est pas qu’un roman-enquête, il est un véritable récit de la violation historique des peuples autochtones de la République Démocratique du Congo et du Canada, deux pays, au cœur de l’équation, dont l’auteur revendique l’appartenance.

Dans l’exploitation et l’utilisation de l’uranium des peuples Lunda au Katanga en Rd-Congo (85%) et Dénés au nord-ouest du Canada, l’obligation de la consultation par les étrangers n’a pas été respectée, entachant ainsi leur honneur. Cet extractivisme n’en reste pas moins pour autant commenté. 

Dans ce roman de 400 pages, Blaise Ndala  ramène un passé injuste oublié au présent et rappelle l’importance de l’invitation de tous les peuples autochtones aux affaires qui les concernent.

De la complicité crasse

La seconde guerre mondiale aura provoqué un tournant rocambolesque. Aujourd’hui, les enjeux du nucléaire sont au cœur des débats et la Rd-Congo, grâce à la mine de Shinkolobwe, demeure victime des profiteurs de guerre.

L’équation avant la nuit de Blaise Ndala dénonce par cette occasion, la trahison et la complicité de certains compatriotes rd-congolais, qui servent de pont à l’extractivisme poussé.

Le roman est ainsi un rappel à la conscience, à la préservation des valeurs nationales intrinsèques dont le patriotisme et la loyauté. 

Résumé

Lorsque Daniel Zinga accepte l’invitation de Beatriz Reimann pour une conférence à Washington, il s’attend à parler de littérature, du Congo au coeur de ses livres, et à nourrir le trouble que la professeure exerce sur lui. Mais rien ne se passe comme prévu.

Beatriz a reçu un courrier anonyme : une vieille photo où posent côte à côte son père Walter Reimann, le prix Nobel de physique Werner Heisenberg et Adolf Hitler. Que faisait son père avec ces hommes ? Pour Daniel et Beatriz, c’est le début d’une enquête entre Washington, Santiago, Montréal, Berlin et Lubumbashi qui explore cette page méconnue de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale : la course entre les alliés et l’Allemagne nazie pour fabriquer la bombe atomique grâce à l’uranium du Congo belge.

Un grand roman sur la trahison, le pardon, l’engagement, la place de ces peuples des « marges », dont le destin a forgé la grande Histoire.

CHADRACK MPERENG