En RDC, pourquoi les chanteurs des groupes sont-ils moins connus qu’avant ?

Une fibre culturelle qui ne suit plus depuis bien longtemps. La musique, elle a changé, mais les groupes rd-congolais semblent ne plus être formatés et l’aura a baissé d’intensité. Si hier les chanteurs des groupes étaient des véritables vedettes qui pouvaient même utiliser des subterfuges pour détourner l’attention de la rue, aujourd’hui ils passent malheureusement inaperçus aux yeux du grand public.

2003. Les groupes Quartier latin et Wenge Musica BCBG se regardent en chiens de faïence sur le plateau de Station One, émission de variétés incontournable à l’époque sur Raga TV. La guerre musicale est rude et incisive après que les uns ont succédé aux autres. À cette époque, tous les chanteurs de ces groupes étaient des véritables vedettes, des voix chouchoutées par un public rd-congolais et particulièrement kinois qui adorait la confrontation. Vous aviez entre autres d’un côté Fally Ipupa, Bouro Mpela, Montana Kamenga, Gibson Butukondolo, et de l’autre Tutu Caludji, Seguin Mignon, Jules Kibens, Shay Ngenge…

Évidemment, l’adversité ne scellait jamais le sort du respect et de la probité. Tous restaient dans le contexte musical sans toucher à la vie privée. Ces chanteurs des groupes rd-congolais qui pouvaient être considérés à la moindre mesure caustiques, avaient cependant tout pour eux : la parole, le charisme, la mentalité de fer et l’influence pour couronner le tout.

Les temps ont changé

Grâce à leurs partons qui leur ont mis le pied à l’étrier, plusieurs chanteurs ont aujourd’hui à leur tour, créé leurs groupes suivant les sentiers battus.

Dès la première génération de la chanson rd-congolaise, les artistes des groupes quoiqu’étant dans l’ombre de leurs leaders, ont toujours su écrire leur propre histoire. Ils avaient non seulement le talent, mais surtout le charisme, l’ascendance et faisaient preuve de créativité. À l’African Jazz, au TP OK Jazz, au Quartier latin international, dans les différents Wenge ou au sein de Viva la Musica, on pouvait citer des artistes qui composaient ces groupes en fermant les yeux.

Mais aujourd’hui, les temps ont changé. Les fans ne sont restés que nostalgiques des épopées de leurs groupes favoris de l’époque. Après le tournant de l’avènement de nouvelles technologies, qui sont de surcroît une véritable aubaine, les bouleversements se sont néanmoins fait sentir dans les groupes rd-congolais. Le public, trop exigeant, pose beaucoup plus aujourd’hui ses yeux sur les leaders des groupes que sur les chanteurs qui les accompagnent.

Des vocalistes moins créatifs ?

La créativité est l’essence même de l’évolution en musique. Un musicien doit avoir une vision progressiste pour gravir les échelons. Dans les groupes rd-congolais de musique, cette marque de fabrique semble aujourd’hui rare.

Pour beaucoup de mélomanes, les artistes des groupes en République Démocratique du Congo ne sont pas très connus aujourd’hui parce qu’ils ne créent ni ne tentent l’impossible pour leur transfiguration.

Pour d’autres, ces artistes ne sont tout simplement libres, et devront en principe respecter les règles de leur groupe, faute de quoi ils seront sanctionnés. Si à l’époque ceux-ci passaient couramment aux médias, il n’en est pas le cas aujourd’hui où les patrons seuls y sont privilégiés. Beaucoup de groupes interdiraient à leurs musiciens le passage médiatique en raison des propos diffamatoires.

Plusieurs mélomanes espèrent que la tendance sera inversée et que les chanteurs des groupes seront des vedettes comme lors de précédentes époques.

CHADRACK MPERENG