La carrière de Koffi Olomidé, figure emblématique de la rumba congolaise, est indissociable de l’histoire musicale de notre pays. Artiste prolifique avec près de 400 œuvres, performeur hors pair et véritable icône pour plusieurs générations, le Grand Mopao a marqué son époque de son empreinte indélébile.
Cependant, les récentes annulations de concerts en Europe et l’accueil mitigé de son dernier album « Légende » interrogent.

N’est-il pas temps pour Koffi Olomidé d’envisager une nouvelle phase dans sa carrière, une réinvention nécessaire pour préserver son héritage et assurer la pérennité de son œuvre ?
La musique, comme Koffi l’a si bien dit lui-même, est une drogue. Et il en est un « dealer » incontesté (cfr. Album Droit de veto). Mais même les plus grands « dealers » savent qu’il faut parfois adapter sa stratégie.
L’ère de l’artiste qui gère tout, de la composition aux négociations de contrats, semble révolue, surtout dans une industrie musicale en constante mutation. Les erreurs de management, les guerres de buzz, notamment celle avec Fally Ipupa qui n’a fait que conforter l’avantage de la jeunesse sur l’expérience, témoignent d’une approche qui ne correspond plus aux réalités actuelles.
La jeunesse aura toujours l’avantage de la fougue et de l’adaptation rapide aux nouvelles tendances. L’une des voies les plus prometteuses pour Koffi Olomidé pourrait être de s’effacer, non pas pour disparaître, mais pour laisser briller une autre étoile qu’il a lui-même contribué à polir : Cindy Le Cœur.

Dotée d’un talent indéniable, d’une voix puissante et d’une présence scénique captivante, Cindy Le Cœur représente l’avenir de la rumba, et Koffi Olomidé a le potentiel de devenir son mentor, son producteur et son compositeur attitré. Il a le savoir-faire, l’expérience et le génie musical pour propulser sa « perle » au sommet, tout en continuant à exercer sa passion sous une autre forme.
Ce n’est pas une question de renoncement, mais de sagesse et de clairvoyance. Affronter les « vieux démons de l’après-carrière scénique » ne signifie pas la fin, mais une transformation.
En s’entourant de professionnels aguerris pour la gestion de son patrimoine artistique et en misant sur le talent de Cindy Le Cœur, Koffi Olomidé pourrait non seulement assurer sa propre postérité, mais aussi offrir un nouveau souffle à la musique congolaise. La légende peut continuer de s’écrire, différemment, mais avec la même grandeur.
En tout état de cause, la réinvention ou la reconversion restera-t-elle une voie de sortie honorable pour la Légende ?
L’Édito de Maître Muabila Glody, Coordonnateur de l’Administration des Droits d’Auteurs au Congo (ADACO)