Le Congo face au défi Bakole : Un combat à Kinshasa, Oui, mais à quel prix ?

Kinshasa, RDC – Le nom de Martin Bakole, poids lourd rd-congolais, résonne dans les sphères de la boxe mondiale. Actuellement classé 4ème au WBC, 5ème au WBA et 9ème à l’IBF, Bakole représente une fierté nationale, mais son parcours récent soulève des questions cruciales sur la suite de sa carrière et l’implication potentielle de l’État rd-congolais.

Après une défaite par KO face à Joseph Parker en février 2025 – un revers qui lui a coûté sa place de challenger numéro un à l’IBF – Bakole est à un carrefour. Ce combat, qui devait être un tremplin vers un titre mondial, a mis en lumière les défis auxquels il est confronté : une fréquence de combats parfois incohérente et une gestion de carrière qui n’a pas toujours été alignée sur une progression stratégique. Son récent match nul contre le nigérian Efe Ajagba n’a fait que confirmer la nécessité de rebâtir sa position dans une division des lourds extrêmement compétitive.

Alors que les rumeurs d’un combat contre le jeune et prometteur Moses Itauma circulaient début juin, l’opportunité a échappé à Bakole, le patron de Ryadh Season, Turki Alalshikh, envisageant plutôt de programmer Itauma face au champion du monde incontesté des poids lourds O. Usyk. Pendant ce temps, Bakole se retrouve sans opportunité concrète à l’horizon.

Le rôle crucial du gouvernement congolais

C’est dans ce contexte que la question d’une intervention du gouvernement rd-congolais se pose avec acuité. L’idée d’organiser un combat de Martin Bakole ici, à Kinshasa, est séduisante et pleine de potentiel symbolique. Imaginez l’effervescence d’un tel événement, la ferveur populaire et l’impact sur l’image du pays.

Cependant, une telle initiative ne serait pas sans défis, notamment logistiques et financiers.

Organiser un combat de boxe de calibre mondial exige une logistique colossale. Il ne s’agit pas seulement de trouver un adversaire, mais de s’associer à un promoteur de renom capable de garantir la visibilité internationale, la qualité de l’événement et la sécurité des athlètes. Des millions de dollars seraient nécessaires pour couvrir les bourses des boxeurs, les frais de promotion, de diffusion et d’infrastructure.

Un investissement stratégique plutôt qu’un pari risqué ?

Dans l’état actuel des choses, si le gouvernement rd-congolais envisage de soutenir Martin Bakole, il serait plus judicieux de prioriser un financement ciblé. Plutôt que d’assumer l’intégralité du coût d’organisation d’un combat à Kinshasa – sans même qu’un adversaire ne soit encore connu – un soutien pour son camp d’entraînement apparaîtrait comme une solution plus pertinente et financièrement responsable.

Un camp d’entraînement bien structuré, avec des entraîneurs de renommée mondiale et des sparring-partners de qualité, pourrait permettre à Bakole, actuel champion international WBO de retrouver sa forme optimale, d’affiner sa stratégie et de préparer au mieux son prochain affrontement. Cela lui donnerait les moyens de regagner le terrain perdu dans les classements et de se repositionner pour de futures opportunités de titre mondial.

Le rêve de voir Martin Bakole combattre sur sa terre natale est légitime et puissant. Mais pour que ce rêve devienne une réalité fructueuse, il est impératif d’adopter une approche stratégique et réfléchie, où l’investissement public maximise les chances de succès sportif du boxeur, tout en garantissant la pérennité de sa carrière. La RD-Congo a un champion en Martin Bakole ; il est temps de l’aider à briller de nouveau, avec sagesse et discernement pour atteindre le sommet.

MAÎTRE GLODY MUABILA