Les enjeux autour de la recherche de provenance au cœur d’une conversation à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa

Au cœur du besoin intrinsèque de valorisation de la chaîne archivistique, de la description significative de l’histoire, de la documentation de l’essence et de l’analyse de la traversée des objets d’art, la recherche de provenance capte notre symbolique devoir de valorisation et de sensibilisation. Cette question essentielle a fait l’objet d’une conversation le mardi 24 juin 2025 dans l’ex-Salle du Musée de l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa.

Dans une ambiance d’éveil intellectuel et d’écoute sensible, cette rencontre visait à éclairer les enjeux historiques, éthiques et politiques liés à la provenance des œuvres d’art, trop souvent arrachées à leur sol d’origine et figées dans des musées lointains.

Il a été notamment question, dans ce cadre des ateliers de la pensée, de nourrir l’âme et d’éclairer les savoirs autour d’une question dont l’intérêt historique et patrimonial rallume la flamme de la reconnexion culturelle et identitaire, souvent bafouée par l’ignorance. La question de la décolonisation des savoirs dont la production, la conservation et la transmission demeurent majeures, n’en est pas restée moins évoquée.

« Ce genre d’activité offre aux chercheurs un véritable espace de discussion. La remise en question constitue une base essentielle dans cette dynamique de décolonisation. Les chercheurs ont besoin de ces cadres pour expliquer, partager et transmettre le savoir. Beaucoup ignorent encore l’ampleur de cette problématique. Il faut faire du bruit, sensibiliser, afin de faire émerger des attentes », a dit Prisca Tankwey, Directrice culturelle de Ya Makanisi, structure organisatrice de la conversation.

Entre éveil des consciences, mémoire retrouvée et responsabilité collective, cette rencontre a ouvert des portes pour bâtir un futur culturel enraciné dans la vérité, la justice et la dignité. Pour le Professeur Placide Mumbembele, anthropologue, la recherche de provenance doit permettre à se réinterroger.

« La recherche de provenance est très importante parce qu’elle permet de concilier les informations qui se trouvent dans les archives avec la recherche de terrain. Ça permet de se réinterroger sur la dynamique de la culture dans notre société », a-t-il précisé.

Anthropologue et Docteur en philosophie, le Professeur Jean-Damascène Bwiza a quant à lui évoqué le travail non négligeable des chercheurs de provenance : « Le rôle de chercheur de provenance, c’est contribuer à écrire la biographie de l’objet ou des biens culturels depuis l’origine jusqu’à leur état actuel. »

Ya Makanisi pour nourrir l’âme

Penser pour faire changer la donne et sortir des sentiers battus de la méthode ressasseuse. À travers la structure Ya Makanisi, organisatrice de la conversation sur les enjeux autour de la recherche de provenance, artistes, enseignants, chercheurs et étudiants débattent autour des questions majeures de responsabilité scientifique, culturelle et voire sociétale.

Cette initiative de recherche du Parcours Peinture de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa s’inscrit surtout dans le but de suisciter un intérêt de théorisation dans le chef des étudiants au-delà de la pratique selon Prisca Tankwey, Directrice culturelle. Cette structure corrobore d’ailleurs la vision d’une Académie sans académisme préconisée par le Directeur général, le Professeur Henri Kalama Akulez.

Notons que cet atelier sur les enjeux autour de la recherche de provenance s’est tenu près de deux semaines après la conversation sur la reconstitution du patrimoine culturel rd-congolais.

CHRISTIAN KIAKONDO