De l’eudémonisme obsessionnel à l’interminable flânerie des exilés du monde aux besoins réfractaires en passant par de l’amour et des sentiments transgressifs à tout-va, “Ramsès de Paris”, le nouveau roman d’Alain Mabanckou publié le 22 août 2025 aux éditions du Seuil, allie sarcasme, humour, humanité et aventure.
« J’écris toujours comme je parle ». Rien ne se détache de la combinaison burlesque et caustique du magnat de la littérature francophone. La puissance des textes influencés par de l’oralité d’Alain Mabanckou baigne dans un fond culturel universel et décrit des sujets contemporains. L’emprunt des intertextes et un ton hybride occupent de la place dans “Ramsès de Paris”.

« Ramsès de Paris est comme une légende urbaine, c’est-à-dire qu’un monsieur nommé Barado Prince de Zamunda quitte le Congo et vient à Paris rejoindre son mentor, un autre congolais. Et c’est à partir de là que les choses vont se gâter, puisqu’ils vont être dans des triangulaires amoureux, on va parcourir un peu tous ces quartiers d’exil, on va voir les communautés se rencontrer, se distendre, mais c’est surtout le moment fatal lorsque Berado décide de sortir avec la femme de son mentor. Et dans notre communauté, il y a des règles qu’il ne faut pas fouler », explique l’écrivain de 59 ans.
La grande balade littéraire
Un livre qui vous cogne par sa beauté littéraire rare et qui vous rappele que vous devez le lire autant de fois. Ce nouveau rejeton n’est pas qu’une quintessence du grand talent de l’écrivain, mais toute une culture portée par des vibrations diverses de notre monde.
Au-delà de tout, “Ramsès de Paris” donne lieu à une vraie balade. Château Rouge, Grenoble, Bretagne, Loire-Atlantique, Pointe-Noire, Kinshasa…, l’auteur nous emmène, à travers 55 chapitres, dans le grand monde des situations, des interdits, des jubilations et de l’insouciance.

Ramsès de Paris est avant tout une “sorte de rapsodie à la congolaise”. Le héros, Berado Prince de Zamunda, personnage réel, de sa jeunesse ponténégrine à son statut d’étudiant grenoblois en passant par sa vie de bohème sous sa cape de don Juan, joue sa partition dans la plus grande liberté. Cela illustre bien la réalité d’une communauté congolaise vivant des péripéties mais se tirant très souvent d’affaires loin de ses terres.
Ce roman est surtout un clin d’œil aux femmes, à la rumba congolaise – Koffi Olomide est notamment cité – et à la sape. Alain Mabanckou renouvelle son charme à travers ce chef d’œuvre. Un livre que nous vous recommandons.
CHADRACK MPERENG