Quand la culture devient la force tranquille de la République Démocratique du Congo

Et si la véritable puissance d’un pays ne se mesurait pas seulement à son économie ou à son armée, mais à sa capacité à rayonner par sa culture ?

Dans un contexte où le débat public s’enflamme parfois autour d’un nom, d’un artiste ou d’un budget, une question plus profonde s’impose : comprenons-nous réellement ce que signifie bâtir un front culturel national ? Ou encore, ce que représente un soft power culturel ?

Longtemps perçue comme un simple patrimoine immatériel, la culture congolaise s’impose aujourd’hui comme une force tranquille, un levier stratégique de développement, de cohésion et de rayonnement international.

Sous le mandat de la ministre de la Culture, Arts et Patrimoine, Yolande Elebe Ma Ndembo, la République Démocratique du Congo écrit une nouvelle page de son histoire : celle d’une nation qui reconnaît enfin la place centrale de la culture dans sa construction et dans sa diplomatie.

De la mise en place de la première politique culturelle nationale depuis l’indépendance à la reconnaissance officielle du statut de l’artiste, en passant par la modernisation de l’administration culturelle, la base de données numérique des artistes et opérateurs culturels, ou encore le déploiement d’une stratégie ambitieuse de soft power, c’est tout un écosystème qui se réinvente avec une volonté claire : replacer la culture au cœur du développement.

C’est un tournant historique. Pour la première fois depuis 1960, la République Démocratique du Congo dispose d’une politique culturelle nationale, véritable loi-cadre qui définit les orientations, les valeurs et les mécanismes de gouvernance du secteur. Jusqu’ici, aucune vision d’ensemble n’avait permis de structurer durablement la vie culturelle. 

Désormais, un cap clair et fédérateur s’offre aux artistes, opérateurs, institutions, provinces et à la diaspora. Cette réforme, portée par la ministre Yolande Elebe Ma Ndembo, marque la fin d’une époque : celle d’un secteur livré à lui-même, sans repères, sans boussole.

Autre pas décisif : l’adoption du décret sur le statut de l’artiste. Ce texte vient reconnaître officiellement la profession d’artiste en RDC et garantir sa protection sociale. C’est une victoire symbolique et politique : celle de la reconnaissance d’un travail souvent invisible mais essentiel. 

Sous l’impulsion du ministère, ce combat de plusieurs décennies trouve enfin son aboutissement. L’artiste congolais n’est plus un acteur marginal : il devient un pilier de la Nation, porteur d’identité et de sens. Le chantier culturel ne s’arrête pas là. La création d’une Direction des Industries Culturelles et Créatives (ICC) au sein du Secrétariat général illustre la volonté de moderniser la gouvernance du secteur et de l’ancrer dans l’économie réelle.

L’ambition est de faire de la créativité congolaise une filière d’emplois, d’innovation et de croissance. Dans cette dynamique, le Ministère a mis en ligne une base de données numérique inédite recensant les artistes et opérateurs culturels. Accessible sur www.culture.gouv.cd, cet outil est une avancée majeure pour la transparence et la planification des politiques culturelles.

La question des droits d’auteur, longtemps épineuse, entre à son tour dans une phase de réforme. Des consultations nationales réunissent désormais musiciens, écrivains, plasticiens, cinéastes et autres créateurs pour établir une gestion collective plus juste et plus transparente.

Un partenariat futur inédit permettra également d’appliquer la redevance sur la copie privée, garantissant une rémunération équitable à l’ère du numérique. Ce vaste chantier, supervisé par la Ministre, vise à redonner confiance et dignité à ceux qui portent la voix du pays à travers leur art.

La RDC multiplie aujourd’hui les initiatives de diplomatie culturelle ; le pays affirme désormais son identité par la culture. Expositions, forums, coproductions, résidences artistiques : le Congo reprend sa place dans le concert des nations culturelles. 

Parmi les projets phares figure la prochaine Maison de la Culture Congolaise à Paris, un espace dédié à la promotion des artistes, à la fédération de la diaspora et à la valorisation du patrimoine national.

Et si la culture devenait une arme de paix ? Face à la guerre injustement imposée à l’Est, le Front Culturel, initié par le ministère, s’est érigé en mouvement symbolique et patriotique. À travers des séances culturelles d’éveil patriotique, des performances artistiques, des spectacles et créations collectives, le Congo affirme que son identité ne se défend pas seulement par les armes, mais par ses arts et sa culture..

Le récent bad buzz autour d’un document mal interprété sur un éventuel accompagnement du concert de Fally Ipupa l’a montré : Tant qu’on continuera à voir la culture comme un terrain de rivalité ou de soupçon, on ne comprendra pas qu’elle est en réalité un instrument de paix, de cohésion et surtout d’influence.

Le ministère a tenu à clarifier, apaiser et recentrer le débat sur l’essentiel : la mission culturelle du pays. L’objet n’a jamais été une question de montant, mais de vision.

Accompagner un événement d’envergure ne signifie pas financer un artiste, mais valoriser la culture congolaise dans un cadre structuré, offrir une vitrine à la jeunesse, et renforcer le rayonnement international du Congo.

Dans cette logique, tout appui envisagé s’inscrit dans une démarche institutionnelle, encadrée et transparente, visant à positionner la culture comme un levier diplomatique et économique, à l’image des grandes nations.

La vraie question n’est donc pas « combien ? » « pourquoi Fally ? », mais « pourquoi pas la culture ? » Au-delà des polémiques, une conviction s’impose : la culture est désormais la colonne vertébrale du développement durable du Congo.

Elle n’est plus un divertissement, mais une stratégie nationale, un moteur de paix, d’unité et d’influence. Dans un monde où le récit fait la puissance, la RDC a choisi le sien : celui de la culture, portée par ses artistes, ses institutions et une vision politique claire.

DANNY KABANGA