À l’ère numérique, le marché des journaux traditionnels se trouve à un carrefour critique. Alors que les réseaux sociaux prennent le devant de la scène, de nombreux éditeurs ont choisi de distribuer leurs publications sur des plateformes numériques. Cette évolution, bien que nécessaire, a des répercussions directes sur les ventes de journaux physiques dans les rues de Kinshasa.
Les revendeurs de journaux, autrefois en plein essor, sonnent l’alarme. Leur clientèle fidèle semble désormais se contenter de la version en ligne, accessible gratuitement. Pendant ce temps, les éditeurs font face à une concurrence féroce et un besoin urgent de s’adapter, en intégrant la distribution numérique à leur modèle d’affaires. Cependant, cette stratégie numérique menace directement le marché des vendeurs à la criée, qui peinent à maintenir leurs ventes.

Marcel Ngoyi, éditeur du journal La Prospérité, propose une approche innovante : le journalisme de proximité. Cette stratégie vise à allier le meilleur des deux mondes en offrant aux abonnés la possibilité de recevoir leur journal physique tout en ayant accès à la version numérique via WhatsApp.
« Les abonnés représentent une base de clients solide qui continue à acheter des journaux physiques. Les lecteurs occasionnels, quant à eux, ont tendance à se tourner vers le numérique », explique Ngoyi. Ce modèle hybride permet de maintenir une présence sur le terrain tout en répondant aux exigences numériques d’aujourd’hui.
La gratuité des contenus numériques est un facteur clé de la baisse des ventes de journaux traditionnels. Pour contrer cette tendance, Ngoyi suggère la mise en place d’offres spéciales et de promotions pour dynamiser les ventes sur le terrain. Actuellement, le mécanisme de distribution reste inchangé : les vendeurs se rendent sur le marché pour récupérer des journaux, qu’ils livrent ensuite à leurs abonnés ou qu’ils vendent sur place. Ngoyi souligne que cela prouve que les journaux physiques continuent d’être consommés parallèlement aux versions numériques. « Le support physique offre une valeur d’archivage que le digital ne peut pas remplacer », affirme-t-il.

Marcel Ngoyi évoque également l’importance des partenariats avec des institutions pour accroître la visibilité des journaux. « En établissant des contrats de partenariat, nous pouvons garantir que le journal physique apparaisse le lendemain d’une publication, tout en envoyant le lien en ligne aux parties prenantes », précise-t-il.
Pour attirer à nouveau les lecteurs vers les points de vente traditionnels, Ngoyi insiste sur la nécessité de diversifier les contenus et de fournir des informations riches et authentiques. « Ce sont ces informations variées et détaillées qui font défaut aux journaux numériques. Nos publications papier offrent des nuances et des détails que les versions digitales ne peuvent pas toujours fournir », conclut-il.
GLODY NDAYA