Depuis quelques saisons j’observe le championnat tanzanien, qui m’attire particulièrement. Au début, mon attention était plus portée sur l’évolution de congolais qui sont passés par ce challenge et/ou qui y jouent encore. Oui, plus qu’un simple tremplin, la Ligi Kuu est un vrai Eldorado pour nos joueurs, particulièrement ceux de clubs kinois. Mais je pense que ces joueurs ne devraient pas être les seuls sous le charme de l’organisation (sur tous les plans) chez nos voisins tanzaniens.

Les sérieux, la rigueur… un calendrier, et puis c’est tout
Les saisons du championnat tanzanien, dans le temps et dans l’espace, n’ont quasiment rien à envoyer à celles vécues en Europe. Pas d’interruption due à de soucis techniques ou financiers (voire autres) : quand le go est donné, on sait tous estimer le dénouement. Certes, quelques cas de force majeure passent par là pour reporter certains matchs (c’est très rare), mais la régularité et la constance dans le format choisi pour le championnat sont remarquables, le respect du calendrier fait l’unanimité. C’est devenu presque automatique.
Oui, c’est un petit pays et côté flux, tout semble, bien évidemment, plus facile. Cependant en RDC, pour résoudre ce problème, on se contente d’essayer, saison après saison, différents formats pour le championnat, au lieu de mettre des grands moyens pour ne pas faire les choses à moitié. En Tanzanie, dans leur concurrence loyale, les clubs (leurs dirigeants) ne badinent pas. À la veille de chaque nouvelle saison, tout est mis en œuvre pour répondre aux attentes, en vue de rivaliser comme il se doit et avoir les résultats.
Le sérieux des dirigeants de chaque club, qui comptent sur leurs propres moyens avant de penser à frappe à la porte des autorités de tutelle dans le pays, force l’admiration. Tenez, en Tanzanie, dans les « petits » comme les grands clubs, les joueurs ont des (bons) salaires stables en plus des primes de motivation pour certains grands rendez-vous de la saison. C’est le moins que l’on puisse dire… De leur côté, les organisateurs des compétions mettent le paquet pour la réussite de chaque saison, les cagnottes pour les vainqueurs ne sont pas des miettes.
Cerise sur le gâteau : la majorité des clubs ont de gros sponsor. Visibles sur les maillots et ailleurs !

Une communication soignée
Le football tanzanien, c’est aussi l’élégance de sa communication, l’adaptation à l’évolution de la tech et aux mises à jour des réseaux. Les tanzaniens ont compris le jeu. Les clubs tanzaniens réalisent des coups de com productifs, les supporters et les journalistes qui suivent l’évolution sont suffisamment servis. Les annonces de nouvelles recrues, par exemple, sont fait avec professionnalisme, tout est réuni dans chaque club pour envoyer une belle image.
Le sponsoring va au-delà des clubs. D’ailleurs, il commence par la Ligue. De là, une diffusion de qualité est également garantie sur tout le pays, qu’on joue à Dar es Salaam, à Dodoma ou à Arusha. En 2021, Azam TV a obtenu les droits de diffusion de la Premier League tanzanienne (Ligi Kuu) pour un contrat de 225,6 milliards TSh (plus de 8,2 millions de dollars) sur 10 ans, soit environ 22,5 milliards TSh par an, garantissant une visibilité nationale prolongée à la ligue. Des chiffres qui font rêver, mais qui contribue énormément à la réussite de chaque saison.
La National Bank of Commerce (NBC) a signé un contrat titre de 32,6 milliards TSh pour cinq saisons, soit plus de 1,1 milliard TSh par club et par saison, avec la Ligue. En avril 2024, la CRDB Bank est devenue sponsor principal de la Federation Cup, avec un contrat sur trois ans et demi d’une valeur de 3,2 milliards de TSh (TVA incluse). La compétition est désormais nommée CRDB Federation Cup.

Revenons un peu aux sponsors de clubs et prenons l’exemple de l’un des plus grands clubs du pays : Young Africans a SportPesa comme sponsor officiel majeur depuis 2015, en place depuis 2015 avec support continu via GSM Group. Selon Daily News, durant la saison 2024‑25, Yanga a reçu environ 262,5 millions TSh en bonus liés à la performance de son sponsor principal, renforçant l’importance du contrat avec SportPesa.
La Tanzanie n’a pas encore réussi à se présenter comme une pépinière des talents, de ce côté là ils sont loin d’atteindre le niveau de la RDC. Mais depuis quelques années, la RDC est presque devenue une « pépinière de la Tanzanie ». Le championnat tanzanien, je veux dire, le football tanzanien, est tellement attrayant, que de nombreux jeunes congolais y trouvent un passage obligé alors qu’ils caressent le rêve européen. C’est logique !
EMERY KABONGO