15 avril : l’art rd-congolais, entre révolution et difficultés économiques

L’art est tout ce qui nous caractérise. C’est cette imagination, cette création subtile qui perpétue nos cultures et les réinvente. Il est notre identité et a un pouvoir aussi bien fédérateur qu’historique.

En République Démocratique du Congo, l’art occupe une place prépondérante. Cependant, le manque d’industrie de l’art au pays affecte son marché à pouvoir se développer. Même si l’art rd-congolais vaut bien son pesant d’or, des efforts substantiels restent à faire dans l’accompagnement, le soutien du secteur par l’État.

À l’occasion de la Journée Mondiale de l’Art célébrée ce vendredi 15 avril 2022, Eventsrdc.com a donné la parole aux artistes et opérateurs culturels sur la situation actuelle de l’art rd-congolais.

Même si le monde entier a en esprit les neuf principaux arts, en République démocratique du Congo, la musique semble prendre toute la place. Pourtant, le pays a dû connaître des fers de lance dans chaque catégorie d’art qui ont marqué le secteur. André Lufwa, Alfred Liyolo, Mweze Ngangura, Asimba Bathy, Barly Baruti, Balufu Bakupa-Kanyinda pour ne citer que ceux-là, ont écrit toute une histoire de l’art rd-congolais. Face aux difficultés économiques, l’art en Rd-Congo évolue-t-il ?

Artiste visuel rd-congolais, Jospin Lohanga a évoqué le manque de volonté dans la mise conséquente des moyens pour l’art congolais même s’il continue à évoluer et à se réinventer. « L’art en général d’abord, c’est quelque chose que tout le peuple bénéficie. Mais chez nous, je peux dire on est stationnés. Parceque nous-mêmes les congolais, les autorités, les amateurs de l’art et les culturels, nous ne mettons pas l’art devant nos besoins quotidiens. Or, l’art ce n’est pas tout simplement l’art plastique ou la musique ou l’art dramatique, mais l’art, c’est notre identité. Nous vivons avec et nous faisons tout avec », explique-t-il.

Le fondateur du Centre de Recherche d’Art Kimbangu plaide pour la mise en place d’une politique culturelle adéquate notamment dans la création des galeries, des salons d’art…« L’art en général développe son peuple, mais chez nous, les artistes font l’effort de s’approcher de notre population. Malheureusement, il y a des intoxications sur le plan religieux, aussi sur le plan financier, parce que l’art est un domaine noble. Il demande aussi un peuple évolué pour le consommer. Et quand vous consommez l’art, directement vous bénéficiez aussi du bien-être de l’art… Les artistes sont là, mais il n’y a pas une politique culturelle dans notre pays », poursuit-il.

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Journaliste et opérateur culturel,
Patrick Nzazi a abordé dans le même sens reconnaissant le dynamisme de l’art rd-congolais qui évolue malgré les tourments. « L’art est le moyen d’expression par excellence. Il est vrai que quelques disciplines artistiques n’assurent pas vraiment ce développement du peuple. Partant du contenu, ils auraient même rendu certains consommateurs abrutis s’il faut dire ainsi. Par contre, il y a d’autres créateurs qui maintiennent le cap en gardant le côté noble de l’art », dit-il.

Il a rajouté : « Aussi, pour mieux parler du développement du peuple à travers l’art, c’est aussi de penser à l’éducation artistique. Il faudrait repenser le système éducatif en incluant l’initiation artistique dès le bas âge. C’est à ce moment là que l’on pourrait mieux évaluer l’impact de l’art ».

Il est évident que l’art rd-congolais vaut son pesant d’or. Mais celui-ci ne se développera pas sans la mise en place d’une politique culturelle idoine. D’où, la mobilisation des moyens s’impose pour créer des industries pour chaque art.

CHADRACK MPERENG