17 mai 1997 – 17 mai 2022 : Que reste-t-il des infrastructures laissées par Mobutu sur les plans culturel, touristique, sportif et médiatique ?

25 ans se sont écoulés depuis la chute de Joseph-Désiré Mobutu et son règne sans partage de 32 ans à la tête de l’ex-Zaïre, aujourd’hui République Démocratique du Congo. Si beaucoup gardent encore en mémoire le passage d’un homme redoutable toujours coiffé d’une toque en peau de léopard et affublé d’un abacost considéré comme un « méchant » qui faisait peur à tout le monde, d’autres par contre saluent le réalisme d’un « vaillant » qui aura marqué de son empreinte indélébile, ses actions de grande envergure notamment par la construction des espaces culturels, sportifs, touristiques etc.

De la Foire Internationale de Kinshasa au Stade de Martyrs en passant par le Palais du Peuple et la Tour de l’Échangeur de Limete, le Maréchal Mobutu demeure sans conteste le président qui aura énormément contribué à la construction de son pays. Mais que reste-t-il de ces édifices culturels, touristiques, sportifs et médiatiques construits sous l’ère Mobutu, 25 ans depuis sa chute ?

Entre modernisation et usure, plusieurs édifices construits par le président Mobutu dans les secteurs cités, vouent aujourd’hui un certain prestige, voire un sursaut de fierté. Cependant, les travaux de certaines infrastructures restent jusqu’à ce jour inachevés même si d’autres semblent aujourd’hui non entretenues ou abandonnées par les pouvoirs de Kabila (Laurent et Joseph), héritées dans cet état par le pouvoir de Félix Tshisekedi.

1. Palais du Peuple

Actuel siège du parlement rd-congolais, le Palais du Peuple demeure avant tout un édifice culturel. Construit de 1975 à 1979 par Kinshasa et Pékin, il met sur un piédestal parmi les infrastructures construites par Joseph Mobutu. Avec un coût total de 42.300.000 USD, il est malheureusement, depuis la restauration du parlement par l’accord de Sun City, devenu un bâtiment politique plutôt que culturel.

Le Palais du peuple à Kinshasa. Ph.Dr.Tiers

2. RTNC

Le bâtiment de la RTNC, ex-OZRT demeure sans doute un parc d’attraction. Cependant cet immeuble du haut de 98 m de 22 étages inauguré depuis 1976, semble faire grise mine. Sa vétusté laisse pantois. Les initiatives sur la réfection de la « Cité de la Voix » par les autorités auront été malheureusement vaines. Ascenseurs tombés en panne, bâtiment défectueux… l’amertume est à son comble. Elle figure parmi les priorités du gouvernement Sama Lukonde sous la tutelle du ministre Patrick Muyaya.

La tour administrative de la RTNC. Ph.Dr.Tiers

3. Tour de l’Échangeur

Les travaux de la Tour de l’Échangeur de Limete restent suspendus depuis 1974. Pourtant, elle demeure l’une des références touristiques de la République Démocratique du Congo, un peu ce qu’est la Tour Eiffel pour la France, la Statue de la liberté pour les États-Unis d’Amérique et les Pyramides pour l’Égypte. 48 ans depuis sa construction, la Tour de l’Échangeur reste toujours inachevée en dépit de quelques coups de balai. Un monument touristique qui nécessite la mise conséquente des moyens pour le dénouement de ses travaux.

La Tour de l’Échangeur de Limete à Kinshasa. Ph.Dr.Tiers

4. Stade des Martyrs

Le stade des Martyrs demeure le bâtiment sportif phare construit sous le règne du président Mobutu. En dépit de sa capacité immense, il n’a jamais été achevé et souffre même d’un manque d’entretien criant. Même si les autorités ont dû lancer les travaux de sa rénovation après une série de fermeture, le Stade des Martyrs reste très souvent victime de vandalisme par les supporters des clubs de la . Un véritable monument qui nécessite un achèvement complet des travaux et un entretien subséquent.

Vue panoramique du mythique stade des Martyrs à Kinshasa. Ph.Dr.Tiers

5. Foire Internationale de Kinshasa

La Foire Internationale de Kinshasa n’est plus ce qu’elle était. Important complexe commercial, industriel et agricole, la FIKIN a au fil des années, adopté les côtés culturel et touristique. Construite en 1969, la Foire Internationale de Kinshasa demeure dans un état pitoyable. Des bâtiments devenus vieux comme Mathusalem expliquent tout le désespoir d’un lieu abandonné à son triste sort. Un camp de police circonstanciel a vu le jour et se présente tel quel. Des restaurants de fortune, auto-écoles, funérariums et autres fonctionnent paisiblement.

Le batteur de tam-tam symbolisant la Foire internationale de Kinshasa. Ph.Eventsrdc

6. Salle Mongita

Située en plein cœur de la commune de Kinshasa au croisement des avenues Kabambare et Kasa-Vubu, cette salle de spectacles a depuis les années Kabila perdu sa saveur d’antan. Dessuet et toujours pas modernisé, ce ciné paladium continue malgré tout d’accueillir les spectacles de théâtre, du ballet, de la musique et des rencontres funéraires. Malgré la visite par les autorités nationales, provinciales et les parlementaires en septembre 2020 de cette infrastructure culturelle dans le but de la redorer, rien a été fait jusque-là.

Vue intérieure de la salle Mongita. Ph. Arts.cd

7. Espace Mutombo Bwitshi

Situé dans la commune de Bandalungwa, cet espace culturel demeure abandonné à son triste sort. Pourtant, il a accueilli des concerts, des concours de danse, des théâtres qui ont marqué son histoire. La nécessité de sa rénovation s’impose.

8. L’Agence congolaise de presse

Située sur l’avenue Tombalbaye dans la commune de la Gombe, l’agence congolaise de presse a été créée le 3 février 1967 par ordonnance loi n° 67- 83. Elle est un établissement public à caractère technique, administratif et commercial, doté de la personnalité juridique. L’ACP était autrefois appelée Agence Zaïre de presse, en abrégeant « AZAP » dans les années 1971. Son bâtiment est, depuis le régime Kabila, devenu une galerie commerciale dans sa partie extérieure, principalement au rez-de-chaussée. Du premier au troisième étage, il est occupé en grande partie par l’agence elle-même et certains locataires, mais perd son éclat comme l’autre média public, la Radio télévision nationale congolaise.

Vue extérieure de la direction générale de l’Agence congolaise de presse à Kinshasa. Ph.Dr.Tiers

Il convient de signaler que plusieurs édifices culturels, touristiques, sportifs et médiatiques à Kinshasa et dans les 25 autres provinces sont dans un état d’abandon avancé depuis le dernier régime Kabila et nécessitent une attention particulière du gouvernement Sama Lukonde, et peuvent également être réhabilités grâce au partenariat public-privé.

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