22 ans déjà depuis la disparition de Pépé Kallé : Empire Bakuba et Delta Force en cendres

Le 28 novembre 1998, mort de Pépé Kallé. Ce jour-là, Pépé Kallé (de son vrai nom Jean-Baptiste Kabasele Yampanya wa ba Mulanga) décède, emporté par une crise cardiaque. Il était alors âgé de 47 ans.

 

Pépé Kallé est considéré comme l’un des piliers de la 3ème génération de la musique rd-congolaise moderne. Ce géant de la scène surnommé “Eléphant de la musique africaine” à cause de sa taille (2 mètres pour 150 kilos) était né à Kinshasa, le 30 décembre 1951. Il avait commencé par pousser sa voix chaude et angélique dans des chorales des églises, avant de rejoindre le groupe Bamboula en 1969. En 1972, il rejoint l’orchestre Bella Bella, qu’il quitte vite pour fonder son propre orchestre “Empire Bakuba”, une formation aux dimensions élastiques et dont les membres avaient pour nom Elvis, Papi Tex, Emoro (le nain espiègle, décédé lors d’une tournée au Botswana en 1994), Doris, Boeing 737, Jolie Bébé, Djuna Momvafu, Gode Lofombo, etc.

 

Son succès commence avec l’année 1973, lorsqu’il sort son tube continental “Nazoki”. À partir de 1980, les tournées planétaires se succèdent, le menant du Japon aux États-Unis d’Amérique, en passant par les Caraïbes, où le chanteur était une super star. Roucoulant sur les fameuses guitares tournoyantes caractéristiques de la rumba congolaise, Pépé Kallé fera beaucoup de tubes avec des histoires d’amour ruisselantes et des textes inspirés de la débrouille africaine quotidienne, comme “Article 15, Débrouillez-vous pour vivre”, chanson classée première au hit-parade de 1987 à 1990 par les dizaines de millions d’auditeurs africains de RFI. En fait, il s’agissait d’une chanson dans laquelle il encourageait les zaïrois de l’époque à investir dans l’économie informelle pour faire face à la situation économique précaire qui érodait le pouvoir d’achat des zaïrois. Ce, dans un contexte où le chômage touchait la quasi-totalité de la population. Pépé Kallé a côtoyé de grands noms de la musique rd-congolaise et africaine tels que Manou Lima, Boncana Maiga, Canta Nyboma, Papa Wemba, Lutumba Simaro, Mbilia bel.

 

À l’aurore de son séjour terrestre, il avait sorti l’album « Cocktail » qui artistiquement rassemblé quelques membres d’Empire Bakuba et quelques nouvelles recrues et il appela donc ce groupe d’accompagnement « Delta Force« . Dynamiques et pétris de talents, ces jeunes artistes musiciens étaient sous la direction artistique du mythique guitariste bassiste et arrangeur du son Gode Lofombo.

 

Les musiciens de Delta Force dans le clip « Mutualité St Paul ». Ph.Dr.Tiers

 

Après les obsèques de cet éléphant d’Afrique et des caraïbes, Empire Bakuba et Delta Force n’ont pas pu résister aux langues et pressions naturelles et surnaturelles. Ils ont tous disparu. Au moment où nous rédigeons cet article, l’histoire de Pépé Kallé se raconte par la personne qui peut. Sa musique joue encore discographiquement. Scéniquement, elle est interprété par l’artiste musicien qui veut et qui peut. Même ces deux collègues de premières formant Dilu Dilumona et Papy Tex) n’ont pas pu pérenniser cette œuvre commune appelée Empire Bakuba. Ensemble, ils formaient le trio KaDiMa (Kabasele, Dilumona et Matumuene).

GAETAN VANDALE
CINARDO KIVUILA