Ados Ndombasi : « La culture c’est l’Alpha et l’Oméga de toute grande économie »

Défendre la culture rd-congolaise minée par moult péripéties demeure le leitmotiv de l’opérateur culturel et député national Ados Ndombasi qui continue à nourrir des ambitions pour tirer son secteur du pétrin. Dans une interview accordée à Eventsrdc.com, le coordonnateur du Festival international d’humour Toseka a exprimé son coup de gueule face au laxisme inexpliqué du gouvernement rd-congolais à accompagner les culturels dans leurs démarches.

Cependant, il appelle l’exécutif national à mettre en place une politique culturelle qui va sans doute protéger les artistes du pays et contribuer activement à l’économie du pays.

Vous avez été récompensé lors de l’édition 2020 du Trophée Mbonda Tshangu par le prix du défenseur culturel. Qu’aviez-vous ressenti ?

Beaucoup de joies, mais aussi beaucoup de responsabilités. Quand on vous décerne un tel trophée, cela vous donne aussi la force de continuer à vous battre pour cette cause qui est noble, parce que la culture est l’Alpha et l’Oméga de toute grande économie. La culture c’est le peuple et pour avoir une grande économie, il faut investir dans le peuple.

Vous avez dit que vous dédiez ce trophée aux artistes et aux opérateurs culturels rd-congolais. D’où, vous est venue cette motivation ?

Ados Ndombasi, qui aujourd’hui est député national est un artiste, un opérateur culturel et un metteur en scène. Je connais les difficultés que rencontrent les artistes en République Démocratique du Congo. Nous sommes dans un pays où malheureusement la culture est soumise à la dernière rangée. Si l’on parle positivement de la RDC, c’est grâce à certains artistes. Souvent l’on voit les résultats, mais l’on n’essaie pas de pénétrer toutes les souffrances endurées pendant certaines années. 

J’ai intégré professionnellement le monde de la culture en 1997. J’ai rencontré beaucoup de difficultés en tant que comédien, metteur en scène, opérateur culturel et en tant que président d’une de la plus grande plateforme culturelle de la République Démocratique du Congo nommée « Waato Balabala » qui a pour objectif de promouvoir les artistes congolais. Donc, nous avons rencontré plusieurs embûches. Mais aujourd’hui, si notre pays peut tenir tête, c’est parce qu’il y a quelques culturels et quelques artistes qui font de leur mieux pour redorer le blason terni de la RDC, et c’est pour cela que je dédie mon trophée à tous ces artistes.

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Votre combat pour défendre la culture est sans ignorer. Qu’est-ce qui selon vous, manque aujourd’hui à la culture rd-congolaise pour se structurer et contribuer à l’essor de ce pays continent ?

Déjà, il nous faut une politique culturelle. Pour être grand, il faut s’organiser. La culture est un produit et il faudrait l’encadrer par une politique capable de protéger les acteurs, de les permettre de vivre de leur métier et de permettre au peuple de recevoir ces différentes énergies qui proviennent des personnes ressources appelées artistes et culturels.

Comment réagissez-vous à l’interdiction des productions artistiques par le gouvernement en raison de la pandémie de Covid-19?

Aujourd’hui, il y a un fait. Il y a une réalité. La covid-19 existe. Il y a plusieurs parlementaires qui sont, à ce jour, hospitalisés suite à cette maladie. Je pense par prudence, le gouvernement a décidé d’interdire certaines activités culturelles, pour le moment. Je trouve que c’est logique, mais là où les bas blessent, ce que les culturels ne vivent que de cela. Qu’est-ce que le gouvernement donne pour compenser l’arrêt de travail de tous ces artistes et opérateurs culturels ?

Quand vous interdisez à cette catégorie de la population de ne plus se produire, qu’est-ce que vous mettez en place pour leur permettre de vivre ? C’est là que nous disons qu’il y a malheureusement absence de l’État.

Vous êtes coordonnateur du Festival international d’humour « Toseka ». Avez-vous d’autres projets en vue pour promouvoir la culture rd-congolaise?

Déjà, Toseka est un très grand produit qui n’est pas soutenu par l’État. Nous avons organisé plusieurs éditions du Festival Toseka, qui aujourd’hui, est considéré comme le plus grand événement culturel en République Démocratique du Congo, par la qualité de son événement, par le nombre de participants et par son budget qui est énorme, 1.200.000$ à peu près pour organiser le Festival Toseka. 

Malheureusement, le drame que nous avons eu au ministère de la culture de 2010 à 2019, est qu’il ne gérait que des stagiaires en grande majorité. C’est-à-dire des personnes qui n’ont aucun regard culturel. Des gens qui viennent apprendre sur l’État. 

Mais, quand la personne a un certain aperçu du secteur, le gouvernement tombe et l’on place une autre personne qui vient encore apprendre. On est là entrain de tourner à rond et malheureusement, c’est le secteur qui perd. Ce sont les opérateurs culturels qui sont en train de perdre tous les jours et c’est souvent aussi le peuple congolais qui perd. Par-là, vous voulez que la culture vous rapporte. Investissons dans le secteur culturel.

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Un message à tous les artistes et opérateurs culturels de notre pays, surtout en ce temps de crise sanitaire.

Beaucoup de courage ! C’est très difficile, mais ne lâchez pas. Le travail qu’ils font, est énorme. Ce sont des ambassadeurs de ce pays. C’est eux qui redorent l’image ternie de ce pays. Quand un Freddy Tsimba va en Belgique exposer, au minimum, on efface l’image sale du pays. Quand on organise un Toseka ou un Fire ou un Jazz Kiff ou un Festival de théâtre ou le Festival Me Abe avec Jacques Banayanga. Ce sont des événements culturels qui font parler positivement de la République Démocratique du Congo.

Et, à l’opinion qui vous lira à travers notre portail en ligne Eventsrdc.com

Je suis sûr qu’il est capable que ce pays s’élève, mais il faut donner ce pays au meilleur d’entre nous. On n’improvise pas dans la gestion d’un pays, on assume.

CHADRACK MPERENG