Affaire Fiston Saï-Saï : le tribunal poursuit l’instruction

Après une descente effectuée sur le terrain en début de semaine, précisément dans la commune de Bandalungwa où les faits se seraient passés, le Tribunal de Grande Instance de Gombe à Kinshasa, siégeant en matière répressive au premier degré, a instruit, jeudi 26 février 2015, en chambre foraine à la Prison centrale de Makala -PCM-, l’affaire opposant le Ministère public et la Partie civile contre le prévenu Fiston Mafinga, communément connu sous le surnom de Saï-Saï, comédien de son état.

Un fort débat a caractérisé cette audience qui était à la fois pratique et pédagogique avec l’intervention d’un expert technique de la société de  télécommunication Vodacom Congo, venu apporter les relevés d’appel, ainsi que la comparution de DJ Russel en qualité de renseignant. C’est demain samedi 28 février 2015 que ces derniers reviendront devant le Tribunal pour apporter suffisamment d’éclairage sur ce dossier et répondre aux différentes questions qui leur seront posées.

Absente lors de l’audience d’hier jeudi, la victime Etiti Moto Ketsia s’est fait représenter par ses conseils. Et pour justifier cela, la Partie civile a fait état de son absence suite à l’insécurité qui règne à l’instant. D’ailleurs, poursuit-elle, lors de la descente à Bandalungwa, Ketsia et certains avocats ont subi des menaces de mort de la part de la population qui a jeté des projectiles à leur endroit. Au tribunal d’y tenir compte, a lancé la Partie civile -PC. « Je vous rappelle qu’elle a toujours été présente dans toutes les audiences qui ont eu lieu. Si elle est aujourd’hui absente, c’est parce qu’elle a été agressée, menacée, lapidée lors de la descente. Pas seulement elle, même nous ses avocats conseils… », explique Me Lievin Gigungula, membre du collectif de la Partie civile. En réaction, la défense estime qu’il est important que la victime comparaisse personnellement, parce que ses avocats ne pourraient pas répondre à sa place. Pour sa part, le Ministère publique a apaisé la PC en précisant que toutes les dispositions sont prises quant à ce. Sa hiérarchie est informée. Au stade actuel, soutient l’organe de loi, la sécurité est totale. C’est acté que la victime comparaitra personnellement à la prochaine audience fixée le samedi 28 février 2015 toujours à la PCM.

Dans l’entre-temps, venu transmettre au Tribunal les relevés d’appel effectués avec le numéro 0821098927 appartenant à la victime, dans la période du 26 janvier 2015 de 22h à 1h30’ du matin du 27 janvier 2015, l’expert de Vodacom a précisé qu’il n’y a eu aucune activité pendant cette période, soit aucun appel émis et aucun appel reçu. Pourtant, une erreur s’était glissée pendant la saisie du jugement, a-t-on appris de la partie civile lors de l’audience. Le vrai numéro est plutôt 0821098921. L’envoyé de la société de télécommunication fera alors le même travail afin d’être transmis au Tribunal à la prochaine audience.

Le comédien rd-congolais  Fiston Mafinga dit Saï Saï.   Ph.Dr.Tiers
Le comédien rd-congolais Fiston Mafinga dit Saï Saï. Ph.Dr.Tiers

Divergence dans les versions

Quelle relation y a-t-il entre Saï-Saï et DJ Russel ? C’est la  question posée à ce dernier par le Tribunal. Sa réponse: « C’est un ami ». Au Tribunal de poursuivre: Et avec la victime alors ? « Je ne la connais pas », répond Russel. A en croire le Tribunal, la présence de DJ Russel était nécessaire pour le renseigner sur les circonstances de l’arrestation de Saï-Saï. « C’est trois jours après, -à partir de la date où le viol aurait été commis, donc le 28 janvier 2015- que Saï-Saï a été arrêté par le canal de DJ Russel pourtant qu’il est connu à travers la ville autant que son adresse, de par sa profession –comédien- », a fait remarquer le juge président de la composition de la chambre.

Une démarche pas appréciée par la PC, pourtant c’est aussi sur demande de l’organe de la loi. Une confusion totale a été observée lors de l’intervention du renseignant, estime la défense. Si Russel affirme lorsqu’il a contacté Fiston Mafinga, il lui a fait savoir sa recherche par la police pour avoir commis un cas de viol. Ce que le comédien RD-congolais rejette catégoriquement, en indiquant que Russel ne lui a rien dit au téléphone. Raison pour laquelle Saï-Saï s’est rendu au lieu de la rencontre -Night Club Why Not situé sur le boulevard du 30 Juin-, sachant que c’était un deal comme ça se passe dans leur milieu. « Le 28 janvier 2015, DJ Russel m’a téléphoné pour qu’on se rencontre avant 20h de ce même jour à son lieu de travail -Why Not-. C’est en arrivant sur place que j’ai été saisi du dossier », explique le prévenu.

Autre élément soulevé par Russel: C’est sur demande de Saï-Saï qu’il a contacté le policier qui lui a fait part du dossier. Ce policier, comme l’a signalé DJ Russel, était, il y a plusieurs mois, en détachement à Boyoma Boyoma, un night club où ce Disc Jockey prestait avant son actuel lieu de prestation. C’est là qu’ils se sont connus. Réagissant face à cela, un des avocats de la défense a informé au Tribunal tout en s’adressant au renseigné Russel qu’au cours de son intervention sur une chaine de télévision de la place, toujours en rapport avec cette affaire, il avait dit que c’est par hasard qu’il a vu le policier en question qui, selon lui, était de passage pendant qu’il prenait langue avec Saï-Saï aux encablures de Why Not, non loin du super marché Peloustore sur le boulevard du 30 juin.

« Quant DJ Russel a interpelé notre client Fiston Mafinga le 28 janvier 2015 pour lui parler de cette histoire de viol, la plainte n’était pas encore déposée à la Police. La plainte est venue le 29 janvier 2015 », assène Me Tony Mwaba, avocat du collectif de la défense qui souligne que c’est quelque chose qui a été préparé et conçu en avance. La défense promet de tirer toutes les conséquences. Par ailleurs, la défense a voulu aussi savoir quelle relation existe entre DJ Russel et Mike Kikunda. « Personnellement, il n’y a aucune relation entre nous deux. Il fréquente souvent notre boite de nuit… », réagit DJ Russel.
C’est peut-être dans les prochaines audiences que la défense fournira au Tribunal des éléments sur cette question. Déjà, Saï-Saï a fait part au Tribunal quelques révélations à ce sujet. Pendant ce temps, l’affaire a été remise pour samedi 28 février 2015 pour, certainement, une plaidoirie à laquelle prendront part la victime Ketsia, l’expert technique de Vodacom, DJ Russel et le policier en question.

PATRICK NZAZI