APK : Le député Hugues Michel Mukebayi promet d’initier une proposition d’édit sur la numérisation de la ville de Kinshasa

Le développement de la ville-province de Kinshasa passe notamment par sa numérisation. D’où, la mise en place des stratégies idoines s’imposent afin de mettre les bouchées doubles et espérer d’inéluctables avancées dans ce secteur capital.

Député provincial de Kinshasa, élu de Lingwala, Hugues Michel Mukebayi a fait de la question de la numérisation de la capitale rd-congolaise son cheval de bataille. Dans une interview accordée à Eventsrdc.com, l’ancien journaliste qui compte proposer un édit en cette matière au niveau de l’Assemblée provinciale de Kinshasa et souhaite de prime abord la mise en place d’une réglementation optimale de la presse numérique.

Un coup de poker qu’il tient à opérer et dont il croit fermement en sa réussite surtout au bénéfice des chevaliers de la plume. Entretien.

Que reste-t-il de votre projet sur la numérisation de la ville de Kinshasa annoncé sur notre média Eventsrdc.com, il y a deux ans ?

J’ai discuté récemment avec les amis journalistes et je crois que d’ici-là, nous allons matérialiser nos échanges. La première préoccupation, c’est d’abord de répondre à cette faculté juridique. Il y a un vide juridique en ce qui concerne la réglementation de la presse numérique. Celle qui est là est obsolète et ne couvre pas le numérique. Elle ne fait pas des références.

Ensuite, je vais commencer par proposer un édit en cette matière provisoirement parce qu’en principe, c’est une matière concurrente entre le pouvoir central et nous. Si jamais un jour, l’Assemblée nationale venait à légiférer pour l’ensemble du pays, vous comprendrez que l’édit qui sera adopté à l’Assemblée provinciale de Kinshasa tombera caduque. Donc, je vais commencer par ce premier point, la législation de la question.

Votre province a une agence sur le développement du numérique. En tant qu’élu du peuple, pourriez-vous nous parler de la mission de cette structure ?

C’est une structure qui a été mise en place, mais de manière simplement nominative. Elle n’a pas de contenu. Celui qui l’a mise en place n’a aucune idée claire de ce que cette structure devra faire. Il faut espérer un changement à la tête de la ville de Kinshasa pour qu’enfin nous puissions donner une substance réelle à cette structure.

Pour l’instant, c’est une coquille vide, il faut confier cette structure entre les mains d’experts, ceux qui comprennent c’est quoi le numérique. Le numérique est devenu le socle du développement. Il faudra réinventer cette structure et en donner un contenu réel.

C’est une structure qui a beaucoup d’avenir et qui peut apporter énormément des changements à la ville de Kinshasa, mais pas à son état actuel, la personne qui l’a crée, a plus donné des postes à des amis.

Mukebayi Nkoso. Radio Okapi/ Ph: John Bompengo

Les députés provinciaux auditent-ils les entreprises telles que l’Agence pour le développement numérique de Kinshasa et la Direction générale de la publicité externe de Kinshasa ?

Nous avons certaines régies provinciales. Quand je vous dis que le contrôle parlementaire est étouffé. Cela veut dire que nous n’avons pas les moyens de contrôler en réalité.

Il y a certaines régies qui sont sous notre responsabilité, mais nous ne les contrôlons pas. Il y a en outre une très mauvaise pratique de nos collègues que je dénonce, celle qui consiste à recevoir une collation de l’entreprise que vous auditez. Quand le député va auditer une entreprise, le comité de celle-ci lui assure le transport.

Vraisemblablement c’est accepté et cela a toujours été ainsi, surtout quand l’Assemblée ne donne pas les moyens.

Ancien journaliste, Mike Mukebayi a-t-il oublié la presse ?

Je n’ai pas oublié la presse. Je n’ai pas d’attention particulière à accorder à la presse. Je fais mon travail. Je ne suis pas mandaté par la presse. Je suis mandaté par mes électeurs. S’il y a des questions qui touchent à la presse, qui sont à inscrire dans l’intérêt général, je les porterai.

Mais que l’opinion ne fasse pas de moi un délégué de la presse. La presse ne s’est jamais réunie un jour pour dire Mukebayi, va nous représenter à l’Assemblée provinciale de Kinshasa. Cela doit être clair. Je suis porteur d’un mandat des électeurs de Kinshasa, élu de Lingwala. Je garde de très bonnes relations avec la presse, mais en même temps, je l’interpelle. Ce que je demande à la presse c’est d’informer, elle ne le fait pas assez en ce qui concerne les affaires de Kinshasa.

Quel mécanisme mettre en place pour aider le métier de journaliste à une autonomisation adéquate à Kinshasa ?

Non, il n’y a pas à aider la presse. L’État n’a pas vocation à aider la presse. Les organes de presse sont les entreprises comme toutes les autres, ils doivent se battre. Notre travail est plutôt de créer un environnement propice à l’éclosion de l’entrepreneuriat. Ça, je dois être vrai, nous ne l’avons pas encore fait mais nous ne pouvons pas aider ces médias. Comment allons-nous les aider ? Aujourd’hui pouvez-vous les recenser ces médias ? Vous croyez que c’est en donnant à un média 20.000 USD que vous allez l’aider ? Non, ce n’est pas possible. Les médias sont prospères ailleurs, là où l’économie marche.

Ici, vous n’avez pas de publicités, pas d’abonnements, ça ne peut pas marcher. C’est à nous plutôt de participer à la création de cet espace économique pour permettre à la presse de connaître son essor. Mais ne demandez pas au pouvoir public d’assister la presse matériellement, ça n’a jamais marché, ça ne marchera jamais. Mais il faut reconnaître quand même aujourd’hui que les médias en ligne ont une formidable opportunité, se faire payer en référencement par YouTube. J’ai été journaliste et nous n’avions pas eu cette possibilité. Face à la disette que connaissent les médias ici, il y a cette nouvelle opportunité.

On remarque que l’Assemblée provinciale de Kinshasa est plus politique. Des questions de culture, de tourisme…sont de moins en moins évoquées. Pourquoi ?

Les commissions permanentes ne travaillent pas, ça doit plutôt venir d’elles. Elles sont inopérantes. Vous avez la commission PAJ, vous avez la commission Environnement, elles ne reçoivent pas de fonds, c’est pourquoi vous voyez que rien n’est fait dans la ville de Kinshasa. La seule commission qui travaille c’est la commission Ecofin et que c’est quand il faut examiner le projet d’édits, là c’est dans l’intérêt du gouverneur de la ville de Kinshasa, les moyens sont mis en jeu. Pour le reste, c’est la disette totale.

Kinshasa, province sans ressources minières, pensez-vous que le développement doit toujours passer par la rétrocession et les taxes traditionnelles pour que les infrastructures culturelles, sportives, touristiques et autres soient construites ?

Non, il y a moyen de créer autrement le développement. Il faut d’abord commencer par maximiser les recettes de la ville, elle vit essentiellement des taxes et des impôts. Le taux de réalisation est très bas de la plupart de ces taxes et impôts. Vous avez par exemple la taxe vignette, le taux de réalisation est de 8% mais il y a moyen d’imaginer autrement.

Regardez par exemple à la ceinture de la ville de Kinshasa, à Kingabwa, partout ailleurs, vous avez de grands surplaces exploités par les maraîchers et des maraîchères, mais il faut les aider à s’organiser en coopérative par exemple.

La ville peut financer s’ils s’organisent en coopérative, nous pouvons les mettre en contact avec des bailleurs. Si vous avez ces maraîchers qui peuvent obtenir des crédits de 100 à 200.000 USD, mutualiser leurs efforts, se mettre en coopérative, acquérir des engins…demain ils vont industrialiser leur culture, ils vont davantage produire, ça va créer des richesses, ça va booster la consommation, ça va donner des emplois.

Dans bien d’autres secteurs, on peut booster de cette façon-là. Nous ne devons pas rester là à collecter puis consommer ce que nous collectons. Il y a moyen de créer des richesses. Dans les conditions actuelles, difficile de matérialiser ces idées.

À une année des jeux de la Francophonie à Kinshasa, quel message adressez-vous à l’Autorité provinciale, au commissariat provincial, aux organisateurs et aux kinois ?

Nous ne sommes quasiment pas impliqués dans l’organisation, ça se passe au niveau central compte tenu de notre faillite. Je commence par dire fière chandelle ai chef de l’État. C’est une fierté pour le Congo, nous allons organiser pour la première fois depuis des décennies, un grand événement sportif à portée internationale. C’est une fierté, ça va permettre à Kinshasa de rayonner.

Le niveau d’insalubrité à Kinshasa demeure préoccupant. Que conseillerez-vous au gouverneur de la ville, aux kinois et aux potentiels investisseurs ?

Il est difficile d’assainir Kinshasa parce qu’elle n’a pas été construite. Chaque fois qu’il pleut, les caniveaux sont bouchés, l’eau qui stagne ramène à la surface tous les déchets, vous ne pouvez pas assainir Kinshasa. Je ne dis pas qu’il faille mettre l’assainissement de côté mais vous devez assainir quelque chose de construit, il faut penser à la voirie, donner à Kinshasa les canaux d’évacuation des eaux, enduite l’assainissement va accompagner. Aujourd’hui, ça n’existe pas.

Quel regard portez-vous sur l’avenir de la ville province de Kinshasa dans cinq ans ?

Il faut compter d’abord sur un changement au niveau de leadership. Celui qui est là aujourd’hui est sans vision, sans programme. Il conduit la ville à tâtons par excès d’erreur. Je ne peux pas projeter la ville sur cinq ans.

Je reste à l’immédiateté à savoir, travailler au sein de l’Union sacrée à l’Assemblée provinciale de Kinshasa pour un changement profond des animateurs à tous les niveaux. Et ce en ce moment-là que nous pouvons envisager les deux années. Les trois années à venir, il faut jeter les bases dans le développement durable. Kinshasa n’a jamais été construite, elle n’a rien d’une ville, il n’y a pas de routes, la voirie urbaine n’existe pas.

Il nous faut d’abord imaginer Kinshasa sur les cinq, dix, quinze ans à venir, avoir une bonne vision. Commençons à travailler, il faut avoir une vision à moyen terme et étudier comment donner les infrastructures à Kinshasa.

Personnellement, quelles sont vos autres ambitions ?

Je suis membre du parti Ensemble, mes ambitions je les range dans le cadre de mon parti. J’aimerais d’abord prendre ma revanche sur mon siège à la députation nationale qui m’avait été volé. Je serai candidat aux législatives nationales en 2023, mon parti me dira au moment venu.

Il ne faut pas rêver de devenir gouverneur de la ville si vous n’avez pas l’idée de construire une majorité. Aider mon parti à gagner assez de sièges, c’est ça mon combat. Il est difficile de rêver d’avoir la majorité soit même. Obtenir 25 sièges c’est quand même assez difficile sur les 48 que compte l’Assemblée provinciale de Kinshasa. Mais si nous pouvions en gagner dix, quinze, vingt en coalition avec d’autres, c’est en ce moment-là que je vais parler d’une ambition.

Aujourd’hui, je vais la reposer sur quoi cette ambition ? Il faut la construire, coaliser avec d’autres. Je crois que nous pouvons y arriver avec le dynamisme de mon président Moïse Katumbi. Je peux assurer les congolais qu’ils doivent compter sur moi.

CHADRACK MPERENG