Clovis Luemba : « J’exhorte le gouvernement à valoriser la main d’œuvre interne afin de lutter contre le chômage et la pauvreté »

Architecte rd-congolais, présentement en études approfondies aux États-Unis d’Amérique, Clovis Luemba Mangombe est déterminé à partager ses connaissances avec ses compatriotes dans le souci d’améliorer et de contribuer à la rénovation de la République Démocratique du Congo. « Nous avons beaucoup à faire, car, rien n’est encore fait dans la Capitale et dans les autres provinces du pays », a laissé entendre Clovis Luemba.

Qui êtes-vous devenu après vos études à l’IBTP actuel INBTP ?

Difficile de circonscrire ma personne dans la vie professionnelle vue que l’on déploie des efforts tous les jours pour améliorer le quotidien. Je finis mes études en 2007 et j’étais stagiaire dans un de plus grands cabinets d’études de la ville de Kinshasa sous la direction de l’architecte Donatien Kalume. J’ai participé à plusieurs grands projets de construction et aménagement des villas et des bâtiments publics notamment la rénovation de l’actuel Grand Hôtel Kinshasa. Pendant ce même temps, j’ai partagé mes services avec quelques aînés dans la profession.

Après 13 ou 14 mois dans ce bureau d’études, j’ai été appelé à d’autres fonctions auprès de mon aîné l’architecte Siméon Musundondo « l’Architecte intelligent ». Avec lui, j’ai exercé ma profession en toute liberté, car je fus le Chargé des projets du bureau qu’il dirige et nommé Klaroof International. J’ai collaboré avec lui pendant 5 ans et nous avons  travaillé avec le BCECO, la Banque Mondiale, L’EUFOR et autres. Nous avons également réhabilité le Stade des Martyrs (Kamanyola) à l’époque du général Kalume. Avec Siméon, j’ai donc appris à concilier les études et la vraie vie professionnelle.

Quelle lecture faites-vous sur la prolifération des bâtiments en hauteur à Kinshasa et dans d’autres villes de la RDC ?

Révoltant. Après avoir passé aussi beaucoup de temps pour la maîtrise de l’art de bâtir et l’art du fruit de l’imagination, je suis révolté sur certaines constructions qui pullulent dans mon pays.

La plupart de ces chantiers sont managés par les architectes et ingénieurs diplômés de l’ISAU et l’INBTP. Qu’est-ce que vous leurs conseillez ?

Vous avez oublié nos frères de l’Académie des Beaux-Arts qui se nomment Architecte d’intérieur pendant qu’ils sont Assemblier décorateur. Il y a à boire et à manger dans cette affaire.

C’est qui est vrai beaucoup se prétendent d’être l’un ou l’autre, mais ne les sont pas. La formation n’est plus de rigueur et de qualité comme il y a de cela 5 ou 7 ans. La Profession n’est pas protégée. Aujourd’hui, nous assistons à n’importe quoi. Plusieurs compatriotes encore étudiants se nomment déjà Maîtres pour les avocats, Docteurs pour les médecins, Ingénieurs pour les architectes et pour les techniciens…, même  s’ils n’auraient pas la chance de finir ses études, ils gardent les mêmes sobriquets.

Que dites-vous au gouvernement qui régule ce secteur et qui accorde plus de marchés aux étrangers ?

Au gouvernement, je tire leur attention sur les autorisations de bâtir qui sont délivrées tous les jours. Je me permets de rappeler ici qu’il y a quelques années au quartier GB, un immeuble s’était écroulé. Nous avons tous vu et écouté de beaux discours des autorités. Mais hélas, le désordre refait surface. Le lotissement, la voirie, le drainage et autres ne sont pas pris en compte. N’oublions pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Ce qui signifie donc « Gouverner, c’est prévoir ».

Il serait intéressant qu’il crée un cadre sain pour leurs administrés et pour les marchés publics, afin d’éviter des dégâts matériels et humains.

Pensez-vous que les indiens, chinois, grecs, bengladesh et autres présents en RDC sont plus qualifiés que les congolais ?

Pour l’expertise extérieur, nous devons reconnaître que certains sont qualifier et d’autres non. Mais seulement, c’est peut être à cause de notre faute aussi, Congolais. Nous n’avons plus des corps de métiers. Tout congolais est Ingénieur, Architect etc. A ce jour, il est difficile de retrouver un bon carreleur, charpentier… qui respectent les règles de l’art. Le métier s’apprend à l’école et non, ailleurs. Plusieurs centres de formations ont presque disparus ou encore ne possèdent plus des matériels didactiques pour la pratique.

Quelles sont vos perspectives ?

Mes perspectives sont claires et nettes. Je me suis expatrié aux États-Unis d’Amérique afin d’apprendre les nouvelles technologies en construction. La  base reste la même, sauf qu’il y a des éléments nouveaux que je dois maîtriser et appliquer pour avoir un diplôme supérieur. A mon retour au pays dans peu de temps, je n’hésiterai pas de les partager avec d’autres corps de métiers.

Selon vous, quel type de logements doit adopter le gouvernement afin de résoudre le problème de manque d’habitations décentes ?

Dans les pays organisés, les espaces ne sont plus à gaspiller. Il est important que le gouvernement groupe les populations en ilots et peut être allé en hauteur, de manière à dégager et à zonifier clairement les espaces et donner plus de place à l’écologie, et s’organiser pour le recyclage des déchets et ordures.

Nous avons beaucoup à faire, car, rien n’est encore fait dans la Capitale et dans les autres provinces du pays. J’exhorte le gouvernement à valoriser la main d’œuvre interne afin de lutter contre le chômage et la pauvreté. CINARDO KIVUILA