Comment le Congo a transformé le rap français ? (EXPLICATIONS)

Pour le troisième épisode de la deuxième saison de sa série de vidéos « Rap Business », Le Monde s’est intéressé à la domination des artistes du Pool Malebo (Congo-Kinshasa et Congo-Brazzaville) sur le sol français.

Alors que les Kongolais ne représentent que 0,2% de la population en France, les rappeurs d’origine Kongolaise sont souvent derrière un quart des albums les plus vendus en France les 10 dernières années, selon les chiffres recensés par les médias spécialisés, RapMinerz. Gims, Damso, Junior Alaprod, Niska, Ninho, Dadju, Da Uzi, Shay, LeMotif, Uzi, Bramsito, Naza, Tiakola, Siboy, SDM, Keblack, Fresh LaDrouille, Koba LaD, Gambino La MG, Franglish, Chily, Leto, Guy2Bezbar…tous se ressourcent dans la musique Kongolaise.

La musique est quelque chose d’inné chez les Kongolais. Déjà au 19ème siècle, la traduction des chants, la religion chrétienne, le lingala (une langue mélodique) et la musique traditionnelle étaient au centre du quotidien de deux Congo. Lors de la traite négrière, de nombreux esclaves sont envoyés en Amérique, notamment à Cuba. Dans cette région, ils participent à la naissance de la rumba cubaine.

Au début du XXe siècle, les marins rapportent les disques de rumba cubaine au Congo. Les musiciens congolais modifient la recette et donnent naissance à la rumba congolaise. Un style musical qui propulse le Congo-Kinshasa et le Congo Brazzaville sur le toit de l’Afrique francophone. En 2021, la Rumba est inscrite au Patrimoine de l’UNESCO. Parmi les artistes qui ont contribué à ce succès figurent (dans la plupart des cas) les parents ou les proches des artistes urbains français.

Comment est-ce que la diaspora rd-congolaise a réussi à réinvestir sa musique dans le rap français ?

Le Monde est parti sur quatre points majeurs pour expliquer comment le Congo-Kinshasa et le Congo-Brazzaville ont transformé le rap français. Premièrement, la culture musicale s’est transmise de génération en génération. C’est vrai, Gims et Dadju leur père c’est Djuna Djana (une star en Rd-Congo), Youssoupha son père c’est Tabu Ley (un goat de la chanson au Pool Malebo), Ninho son père c’est Serge Kiambukuta, frère biologique de la légende Josky Kiambukuta.

Deuxièmement, c’est la religion. La Rd-Congo et le Congo sont majoritairement des chrétiens. Beaucoup plus que d’autres pays d’Afrique francophone. En Europe, les églises sont toujours des lieux importants de rassemblement pour la diaspora. Bon nombre d’artistes ont commencé la musique à l’église en l’occurrence le jeune qui a le vent en poupe sur le sol français, Tiakola ou encore le génie beatmaker, Danny Synthé.

Troisièmement, le travail des pionniers en l’occurrence le collectif Bisso Na Bisso formé en 1997. Composé des artistes originaires de la Rd-Congo, ils introduisent dans le rap de nouvelles sonorités, de nouvelles références culturelles et ça cartonne. Sur leurs deux albums, le groupe collabore avec de grands musiciens et chanteurs africains de la Rd-Congo, du Congo-Kinshasa, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, de la France et de Cuba. Cela change le regard sur le collectif et la façon de voir l’Afrique.

La nouvelle génération a gardé cette identité dans leurs productions. Certains rajoutent dans leurs chansons de drops typiquement congolais. D’autres invitent les artistes Kongolais pour des collaborations en l’occurrence Fally Ipupa (chanteur de la rumba congolaise, qui fait aussi la musique urbaine) qui a posé sa voix dans plus au moins 15 chansons des artistes urbains français en 2021 (Damso, Ninho, Franglish, Naza, Bramsito…).

Quatrième et dernier point épinglé par Le Monde, c’est le rôle de l’image. La musique Kongolaise est bien que la musique. C’est un spectacle notamment pour ses danses. À la fin des années 2000 quand YouTube, Facebook, Instagram et d’autres réseaux sociaux s’imposent et mettent en avant l’image, la culture Kongolaise a une certaine longueur d’avance grâce à la chorégraphie, la sape,… Aujourd’hui, c’est un atout majeur dans l’explosion des artistes en France et dans le Pool Malebo (leur région d’origine).

Tout est clair. Nous comprenons pourquoi il y a une grande domination des artistes urbains originaires du Pool Malebo.

Découvrez le mini-documentaire de Le Monde juste ici :

ETIENNE KAMBALA

Pour tous vos voyages à l’étranger. Ph.Dr.Tiers