Corneille Kabamba explique le projet PRISE

Le Projet de Renforcement des Infrastructures Socioéconomique dans la zone centre de la RD Congo (PRISE) prend en compte les deux Kasaï, oriental et occidental. Ce projet a deux volets, le volet rural et le volet urbain. Lancé depuis 2014, il prévoit pour les zones rurales de ces provinces, la construction des 60 mini réseaux d’adduction d’eau, 60 écoles et 60 centres de santé, repartie équitablement dans chacune des provinces.

Le projet est actuellement dans la phase d’étude. Cependant, parmi les bénéficiaires, des voix s’élèvent pour déplorer une répartition inéquitable des infrastructures à ériger dans les deux provinces. Afin de dissiper tout malentendu, Corneille Kabamba, coordonnateur national du PRISE, a accordé au Monde Rural Infos un entretien dans lequel il explique le projet en détails. Ci-dessous, l’interview.

Le projet Prise sous ancrage institutionnel du Ministère du Développement Rural comporte deux volets rural et urbain. Comment pouvez-vous l’expliquer?

Le projet comporte deux volets bien sûr. Le volet rural et le volet urbain. Le volet rural englobe le plus d’infrastructures que l’on pourra réaliser. Concrètement, pour ce qui est du volet urbain, nous avons deux villes ciblées. La ville de Mbuji-Mayi où on doit réaliser le système d’approvisionnement en eau potable. Le système existant est vétuste. Et il ne répond pas non plus au besoin actuel de la population. La deuxième ville, c’est Tshikapa où la BAD a financé dans la première phase du projet PEASU les travaux de construction des installations d’approvisionnement en eau potable.

Mais les travaux ne sont pas complètement achevés. Il y a des besoins supplémentaires auxquels il faut apporter des solutions. Tshikapa a actuellement le barrage de Lungudi qui a une capacité de 1.5 mégawatts. Tandis que les installations réalisées à ce jour dans le cadre du projet PEASU demandent presque la même capacité. Donc s’il faudrait alimenter ces installations avec les 1.5 mégawatts qui sont disponibles actuellement, on privera la ville d’énergie électrique. La solution palliative, c’est-à-dire provisoire, qui a été trouvée c’est de doter les installations des groupes électrogènes de presque même capacités. Il y en aura sept qui vont faire à peu près 1.4 mégawatts pour répondre aux besoins des installations en attendant qu’on finalise les études pour construire une microcentrale qui pourra alimenter les installations. Et s’il y a un excédent d’énergie, on pourra le déverser sur la ville.

A côté de ça, il y a également les travaux de protection de ces installations. D’autant plus que Tshikapa est une ville qui est menacée par des d’érosion. Il ne faudrait pas que quelques temps après la construction, ces installations soient emportées. Donc, il y a quand même des travaux de protection, de lutte anti érosif qui sont également préconisés. Nous apportons dans le cadre du projet PRISE un appui pour parachever la première phase du Projet PEASU.

Alors où en êtes-vous avec l’adduction d’eau potable à Tshikapa?

Par rapport à ça, la priorité, comme je l’ai dit, c’était de doter les installations des groupes électrogènes qui sont aujourd’hui en commande. C’est parti déjà de l’Italie depuis le 3 juin et d’après les documents d’embarquement (BL, FERI …), les générateurs devraient arriver à Matadi le 15 Juillet. Nous espérons qu’avec toutes les formalités de douane, vers la fin du mois de juillet, nous les aurons sur place à Tshikapa. Mais, les installations devant accueillir les groupes sont déjà complétement achevées. Nous avons également des citernes qui doivent recevoir le gasoil pour les faire fonctionner. Les citernes sont également aujourd’hui installées. Nous n’attendons que l’arrivée des groupes. Une fois installés, nous pourrons assurer la production d’eau potable à Tshikapa.

La population du Kasaï occidental pense que le partage des infrastructures à réaliser dans le cadre du projet PRISE s’est fait de manière inégale entre les deux provinces qui constituent le rayon d’intervention de votre projet. Est-ce vrai que le Kasaï oriental est privilégié par rapport au Kasaï occidental?

Non, il n’y a pas une province qui est privilégiée par rapport à une autre. Mbuji-Mayi est parmi les grandes villes. Déjà Kananga dispose de grandes installations qui étaient d’ailleurs financées à l’époque par la Banque Africaine de Développement. Mbuji-Mayi connait actuellement un problème très sérieux de pénurie d’eau. Il n’y a pas un réseau fiable pour alimenter en eau potable cette population estimée à peu près à 2 millions d’habitants. Donc il faudrait intervenir uniquement pour la ville de Mbuji-Mayi. Tshikapa avait déjà été pris en compte par le projet PEASU au niveau du Kasaï occidental.

Donc pour le moment, il y a la ville de Mbuji-Mayi qui a été ciblée. Et on ne doit pas oublier également qu’on travaille en synergie avec d’autres projets qui interviennent au niveau de deux Kasaï. Vous verrez que, par exemple, la cité de Tshimbulu dont les installations ont été réhabilitées dans le cadre du projet avec la Banque Mondiale, KFW je crois, qui est intervenu pour refaire les installations. De même qu’à Mwene Ditu. Bientôt également, il y a un projet qui est en cours de formulation pour Ilebo et ainsi de suite. Sur le plan volet urbain, il n’y a pas une province qui est privilégiée par rapport à l’autre. Et si nous devons prendre le volet rural, nous avons 60 mini réseaux qui sont prévus pour les deux provinces à raison d’une répartition équitable. Si vous prenez les écoles également, la répartition a été équitable. Nous avons 30 écoles pour chacune des provinces. Les centres de santé, la même chose, 30 pour le Kasai Oriental et 30 pour le Kasai Occidental. Il y a cet équilibre-là.

Comment dites-vous qu’il y a équilibre alors qu’on dit que Mbuji-Mayi bénéficie d’un centre multifonctionnel pour le genre au détriment de Kananga?

A Kananga il y avait déjà un centre multifonctionnel qui existait. Et à Mbuji-Mayi il y avait un centre qui était déjà en construction, dont les travaux n’étaient pas achevés. Lors de l’identification du projet, le besoin a été exprimé pour l’achever. Ce n’est pas fini. Nous avons quand même reçu beaucoup de préoccupations, surtout dans le domaine du genre, dans les deux provinces pour que nous puissions envisager d’autres centres multifonctionnels. Le Gouvernement venait de disponibiliser des ressources pour l’identification des sites supplémentaires. Je crois que nous pourrons aller peut être jusqu’au niveau de chaque territoire pour avoir au moins un centre multifonctionnel, appuyer les activités dans le domaine du genre. Il n’y a pas également, à ce niveau-là, une province qui est privilégiée par rapport à l’autre.

Que prévoit le projet PRISE pour le second semestre 2015?

Pour le second semestre on venait de lancer le processus pour le recrutement du bureau qui doit mener les études de la microcentrale au niveau de Tshikapa. C’est un processus qui sera également amorcé au niveau de ce deuxième semestre. Nous avons le centre multifonctionnel du Genre de Mbuji-Mayi. Les offres sont déjà déposées. Nous espérons également lancer ces travaux dans le deuxième semestre. Nous avons amorcé les études pour l’évaluation des travaux des écoles, des centres de santé. L’Ingénieur recruté est à pied d’œuvre. Nous espérons également lancer pratiquement le dossier d’appel d’offre pour la construction, la réhabilitation des centres de santé au courant du deuxième semestre. Nous avons aussi le recrutement des bureaux d’étude qui doivent mener les études pour les mini réseaux. C’est un processus à clôturer au coutant de ce second semestre.

CAROL NZORE (MONDE RURAL)