Culture : Le cinéma rd-congolais doit-il vraiment compter sur les investisseurs étrangers ?

Le cinéma rd-congolais continue depuis plusieurs années à asséner une dégringolade sans précédent, malgré les multiples efforts des professionnels nationaux dans ce secteur.

Cette période de vaches maigres interminable s’explique non seulement par une légère production locale, mais également par le manque criant des moyens colossaux et d’infrastructures adéquats pour son éclosion.

Si certains pays africains comme le Nigeria ou le Ghana attirent chaque année des investisseurs étrangers, la Rd-Congo ne semble cependant pas sortier de l’auberge. Sans les fonds d’aide du gouvernement, les jeunes cinéastes du pays de Mweze Ngangura oeuvrent grâce aux moyens du bord très souvent ou presqu’insuffisants pour s’attendre à des résultats efficients.

Même si le code du travail loi n° 16/010 du 15 juillet 2016 ne consacre aucun article spécialement dédié aux artistes et plus précisément aux cinéastes, celui-ci stipule cependant dans son article 216 que toute personne physique ou morale publique ou privée qui se propose d’exercer une activité quelconque, permanente ou saisonnière, nécessitant l’emploie des travailleurs, est tenue d’en faire la déclaration au service compétent du ministère ayant l’emploi, le travail et la prévoyance sociale dans ses attributions et à l’Office Nationale de l’Emploi dans la quinzaine qui précède l’ouverture de l’entreprise ou de l’établissement.

Contactez la Rédaction au +243810000579

Le cinéma étant donc un secteur qui crée de l’emploi dans tous les pays de la planète, doit attirer le gouvernement rd-congolais à l’accompagner favorablement même si les privés ont énormément une carte à jouer comme c’est le cas dans d’autres pays comme le Nigeria, les États-Unis d’Amérique et l’Inde. Malheureusement, les autorités rd-congolaises ne mettent aucun moyen idoine pour développer le 7ème art rd-congolais. Sans aucun soutien au surplus des centres culturels français ou américain basés en République Démocratique du Congo, le cinéma rd-congolais continue à faire du surplace. Les multiples taxes et impôts du ministère de la culture et des arts, et des autres services publics sont également à la base de ce sous-développement et nécessitent une révision ou une adaptation tout en se référant aux pays ayant un cinéma développé.

Aujourd’hui, les avis des cinéastes rd-congolais sur la venue des investisseurs étrangers dans le pays demeurent partagés.

Tshoper Kabambi au micro d’Etienne Kambala. Ph. Dr Tiers

Réalisateur et producteur rd-congolais, Tshoper Kabambi souhaite vivement l’avènement des investisseurs étrangers qui va selon lui, booster la production locale en plus de générer de l’argent. Par ailleurs, le patron de Bimpa Productions espère en amont un investissement local qui devra en avale faciliter la venue des étrangers et donner plus d’adrénaline au cinéma rd-congolais.

« Je ne pense pas que la venue des investisseurs étrangers peut donner de l’adrénaline tant que de notre côté, il ne se passe rien, ça doit être vice-versa. Pour qu’il y ait de l’adrénaline, il faudra que de notre côté, nous investissions et que les investisseurs étrangers viennent aussi pour investir comme ça, nous sentirons que les choses avancent« , a dit Tshoper Kabambi contacté par Eventsrdc.com

Le réalisateur Tshoper Kabambi en train de s’entretenir avec l’acteur Moyindo Mpongo. Ph.HOA

Comme Tshoper Kabambi, Moyindo Mpongo, acteur et producteur rd-congolais pense que la venue des investisseurs étrangers est une bonne idée, cependant le code de travail imposé aux nationaux s’avère inadmissible. Selon la star du film Coeur d’Afrique, les artistes du pays sont très souvent exploités de façon indigne notamment par le mauvais paiement de leurs dus.

« Souvent quand les étrangers viennent faire des choses dans un pays, principalement, ce sont leurs intérêts qu’ils visent et rien d’autres. Le reste, comédiens, réalisateurs congolais… c’est juste un passage obligé dans un territoire qui n’est pas le leur. Les nationaux doivent y être « , a dit à Eventsrdc.com l’acteur de la série Ndakisa.

Moyindo Mpongo lance, par ailleurs, un appel aux privés d’investir dans le 7è art étant donné que l’État a abandonné le cinéma rd-congolais à son triste sort.

La réalisatrice-productrice Nolda Dimonekene et le réalisateur-producteur Tshoper Kabambi au Fickin 7. Ph.Dr.Tiers

Réagissant également à cette question, la comédienne, réalisatrice et productrice rd-congolaise Nolda Di. Massamba a balayé immédiatement d’un revers de la main, cette hypothèse d’investissement étranger qui selon elle, n’est pas une condition sine qua none pour le développement du cinéma du pays. Pour la fondatrice de « Max Scenars », la Rd-Congo a suffisamment des moyens pour s’occuper de son propre cinéma, ce n’est qu’une question d’argent.

« Le souci que j’ai avec la venue des investisseurs étrangers c’est la manière dont ils veulent nous imposer leur vision. Je n’ai jamais voulu travailler avec les Canal +, TV5 et autres, car j’ai toujours eu l’impression qu’ils veulent nous imposer leur vision de l’Afrique. Là on parle de la RDC, mais j’ai toujours essayé de leur imposer quoi que ce soit. Nous avons compris comment fonctionne ce monde et d’où vient le fric », a dit à Eventsrdc.com Nolda Di. Massamba.

Cependant, cette cinéaste engagée appelle le gouvernement à participer à l’industrialisation du cinéma local avant que les privés n’entrent dans la danse.

« Nous attendons beaucoup de la part de notre gouvernement. Ce n’est pas normal, même aux États-Unis d’Amérique avant que les privés prennent la relève, c’est le gouvernement qui avait tout d’abord aidé son peuple à prendre son envol. Le gouvernement doit nous aider à industrialiser le cinéma », a conclu Nolda Massamba.

Devons-nous attendre quelque chose du ministre de la culture et des arts du gouvernement du premier ministre Jean-Michel Sama Lokunde ?

Lire aussi :

Culture : Face au manque de subvention par l’État, le cinéma rd-congolais continue à faire grise mine

CHADRACK MPERENG