En RDC, l’avant-garde musicale est souvent incomprise

En RDC, s’affranchir des normes musicales traditionnelles est souvent très mal compris. Pourtant, sortir de son carcan promeut l’échange culturel et permet de toucher d’autres horizons.

La musique demeure un langage universel. Mais la méthode et la vision de chaque artiste diffèrent. À côté, l’influence des mouvements artistiques peut apporter dans la moindre mesure des bouleversements. Le contexte générationnel, mais surtout celui de la rigueur artistique peut traduire l’immuable besoin de faire entendre sa musique au-delà des frontières.

Si en musique, l’appropriation culturelle est déjà sujet de moult débats, l’avant-garde musicale n’en reste pas moins évoquée. En RDC, elle est très souvent incomprise chez plusieurs. Dans le chef des artistes, il y a ceux qui demeurent fidèles aux styles traditionnels, et ceux-là qui sont qualifiés des citoyens du monde universaliste, préconisant l’ouverture d’esprit musicale.

Tabu Ley, Bobongo Stars, Abeti Masikini, Papa Wemba, Fally Ipupa…ces artistes musiciens incompris

La musique rd-congolaise a connu ses enfants terribles qui l’ont défendue et qui continuent de la défendre jusqu’à la moelle épinière. À côté, nous avons connu des artistes avant-gardistes qui ont concilié rumba et musique de fusion. Les exemples sont légion : Grand Kallé, Tabu Ley, Bobongo Stars, Abeti Masikini, Papa Wemba, Koffi Olomide, Fally Ipupa…

Évidemment, ces derniers avaient (et/ou ont) déjà une vision éclectique de la musique par rapport à d’autres. Mais encore fallait-il comprendre leur démarche.

Dans les années 70, lorsque Tabu Ley Rochereau introduisait le r’n’b dans la rumba, personne, si ce n’est qu’une infime partie de fans, ne l’avait compris. Grâce à ce style, il a acquis une grande renommée sur le plan international. D’ailleurs, il est le seul artiste rd-congolais à figurer au classement Rolling Stone des 200 meilleurs artistes musiciens de tous les temps.

Même cas pour Abeti Masikini surnommée « La Tigresse aux griffes d’or ». Son fusil d’épaule c’était la musique de fusion notamment le soukous, le blues… Une ouverture d’esprit qui lui aura permis de faire des tournées à l’international et d’y être adoptée. Malheureusement, dans son propre pays, elle était toujours incomprise.

Dans sa génération, il est la clef de voûte qui a ouvert la voix à d’autres dans les échanges culturels. Grâce à ses albums « Tokooos » et « Tokooos II », Fally Ipupa a acquis une toute autre renommée sur le plan international avec à la clef un disque d’or certifié par le SNEP. En dépit de ses prouesses, la star rd-congolaise demeure toujours incomprise.

Le dépit d’amour des fans rd-congolais peut toute fois se comprendre face à l’ouverture d’esprit de leurs artistes préférés. Mais rester aux conventions ne doit pas être une condition sine qua none dans une carrière lorsqu’on sait que la liberté musicale a toujours été une règle judicieuse.

CHADRACK MPERENG