Festival Kongo River : Vincent Kunda pose les jalons d’une 3ème édition itinérante et appelle à son appropriation

Décollage imminent pour la 3ème édition du Festival Kongo River, véritable tribune holistique et synergique qui débat et sensibilise la population dans sa diversité sur les valeurs et l’importance du Fleuve Congo. Coordonnateur de l’événement, Vincent Kunda a posé les jalons d’une troisième édition itinérante prévue du 6 au 11 juin 2023 dans la ville côtière de Moanda dans le Kongo Central.

Le Festival Kongo River marque un tournant et s’étend en province pour sa troisième édition pour promouvoir et valoriser le Fleuve Congo non seulement à Kinshasa – qui a accueilli les deux premières éditions – mais aussi dans d’autres provinces qu’il traverse notamment le Kongo Central. Avec un programme riche et diversifié, la 3è édition du Festival Kongo River aura deux volets : la conférence scientifique et la partie festive.

Vincent Kunda et Denise Nyakeru. Ph. Dr Tiers

« Je vois mal organiser un événement pour le fleuve à Kinshasa alors que ce fleuve est aussi au Kongo Central, est à Mbandaka, est à Kisangani. Et le Kongo Central avec son gouverneur que je remercie, ont accepté d’abriter cette première édition en dehors de Kinshasa. Et là aussi nous allons avoir un circuit touristique qui s’appelle la route des esclaves, nous allons passer par le jardin botanique de Kisantu, le pont Maréchal, le Baobab Stanley – Boma -…le Kongo Central est riche en sites touristiques », a déclaré Vincent Kunda, coordonnateur du Festival Kongo River lors d’une interview accordée à Eventsrdc.com

Il a ajouté : « Et puis on aura aussi la partie scientifique qui va se faire pour deux jours avec comme thématique : “Fleuve Congo, moteur écotourisme et de développement durable au service des populations riveraines”. Avec ça, on aura 4 panels. Il y aura le panel écotourisme et développement durable, financement de l’écotourisme. Il y a un panel qui m’intéresse le plus c’est l’institutionnalisation ou la labellisation des valeurs autochtones. Nous voulons institutionnaliser tout ce qui est mythe ».

Saluant les appuis des ministères du tourisme et de la culture, arts et patrimoines et de l’Office national du tourisme, Vincent Kunda a appelé dans la foulée le gouvernement rd-congolais et la population à s’approprier le Festival Kongo River qui est un véritable patrimoine.

« Nous sommes en train de vendre un des plus grands patrimoines de ce pays et nous sensibilisons la population à s’approprier de ce patrimoine qui est le Fleuve Congo. Fini la deuxième édition, on était surpris de voir des feedbacks, les gens ne connaissaient pas les chutes de Wagenia mais les gens commencent à s’intéresser […] Je pense que le gouvernement même au sommet de l’État, devra s’approprier de cet événement », a-t-il exhorté.

Vendre la culture rd-congolaise avec une bonne politique culturelle

Avec pratiquement 450 ethnies, la culture rd-congolaise a une diversité sans commune mesure. L’image portée par elle est celle d’un pilier. Pourtant, le problème est encore abyssal. L’absence d’une politique culturelle adéquate fragilise les efforts des professionnels du secteur.

Opérateur culturel, Vincent Kunda s’est confié sans filtre sur cette situation qui, malheureusement dure. « Jusque-là on n’a pas encore une politique culturelle. Il y a une dynamique avec les amis de CAC qui essaient d’évoluer sur cette démarche-là mais nous n’avons pas encore un résultat palpable et c’est difficile que ce secteur évolue sans une politique culturelle. Je pense que la base doit commencer par ça », a souligné Vincent Kunda.

Le Coordonnateur du Festival Kongo River plaide par ailleurs pour une vulgarisation d’autres disciplines artistiques en dehors de la musique : « On a tendance à croire que l’art c’est seulement les musiciens. On a des peintres, des sculpteurs, des poètes…peuvent être une ressource importante pour le PIB du pays ».

Le Fonds de Promotion Culturelle et l’absence de soutiens

Structure étatique censée financer et promouvoir les activités culturelles et artistiques nationales, le Fonds de Promotion Culturelle bat de l’aile. Les artistes sont abandonnés à leur sort avec leurs projets et ne savent plus à quel sens se vouer.

Opérateur culturel averti, Vincent Kunda n’a pas caché son indignation face au FPC qui ne met pas des moyens conséquents pour sauver la culture rd-congolaise. Il pense que les premiers bénéficiaires doivent être les artistes.

« Nous avons le Fonds de Promotion Culturelle, il faut d’abord demander qu’est-ce que ce Fonds fait pour les artistes? Je ne sais pas quel artiste bénéficie de ce fonds-là. Dans l’Office national du tourisme on voit des actions des acteurs dans le domaine touristique, mais je ne sais pas quel artiste bénéficie de ce fonds-là. Est-ce un fond qui est destiné au fonctionnement des gens qui travaillent là-bas? On aimerait vraiment voir qu’on a eu à financer tel ou tel autre projet, mais il n’y a rien. C’est opaque », s’est indigné Vincent Kunda.

L’opérateur culturel rd-congolais invite par ailleurs les autorités du FPC à faire la lumière sur la situation de gestion de cette structure étatique et à communiquer de temps en temps.

Développer le tourisme local

Le tourisme est inhérent à la culture. En République Démocratique du Congo, le secteur touristique, malgré qu’il regorge un potentiel énorme, peine encore à se développer.

Vincent Kunda propose quelques pistes des solutions pour relever un secteur prisé et vendre positivement l’image de la RDC à l’extérieur.

« Nous devons avoir des préalables parce qu’on ne peut pas vendre une destination sans parler de l’accessibilité dans l’obtention des visas, il y a les infrastructures touristiques comme les hôtels, les routes. Nous avons un très bon pays mais il n’est pas assez lié », a-t-il plaidé.

Le coordonnateur du Festival Kongo River plaide par ailleurs pour un tourisme local : « Je prône plus pour le tourisme local. Beaucoup de kinois n’ont pas l’habitude de faire du tourisme, d’aller même à Mbanza-Ngungu. Je pense que le Congo va gagner si nous commençons par développer le tourisme local ».

Vincent Kunda estime dans la foulée que les IXès Jeux de la Francophonie prévus du 28 juillet au 6 août 2023 à Kinshasa, sont une aubaine pour la RDC de tirer son épingle du jeu sur le plan touristique mais à condition que les organisateurs se rapprochent des tours opérateurs, des festivals comme Kongo River.

« On doit avoir des randonnées, nous devons montrer au monde ce beau patrimoine qui est le Fleuve Congo qui est imposant, qui est majestueux. Le Festival Kongo River, nous vendons la destination RDC par le Fleuve », a-t-il conclu.

(Ré) écoutez en podcast l’interview de Vincent Kunda sur Eventsrdc FM Live :

https://soundcloud.com/eventsrdcfm243/itw-politique-culturelle

CHADRACK MPERENG