Freddy Tsimba : « Tant que l’État ne comprendra jamais que la culture et l’art c’est l’âme d’un peuple, on n’aurait rien fait »

Absence d’un écosystème de l’art, manque des moyens conséquents…le secteur culturel rd-congolais bat de l’aile. Artiste plasticien, Freddy Tsimba plaide pour une implication de l’État afin de créer une émulation dans la créativité des artistes.

Même si les artistes rd-congolais ne ménagent aucun effort pour porter haut l’étendard de la Rd-Congo, ils ne sont cependant pas sortis de l’auberge. Beaucoup manquent ostensiblement un réseau et travaillent avec les moyens de bord dans un secteur qui pourtant, est paré à contribuer activement à la diversification de l’économie nationale. À cela s’ajoute, l’indifférence de l’État rd-congolais à soutenir les artistes et les culturels.

Face à cette situation, l’artiste plasticien Freddy Tsimba appelle Kinshasa à s’impliquer pour aider la culture et les arts du pays à se développer.

« L’État doit être au cœur des choses pour que l’art ou la culture au Congo développe et devienne plus professionnel et plus organisé. Tant que l’État ne comprendra jamais que la culture et l’art c’est le béton, c’est le ciment, c’est l’âme même de tout un peuple, je pense qu’on aurait rien fait. De mon côté je pense que l’État doit vraiment s’impliquer et que les artistes aussi de leur côté, tous ceux qui travaillent par rapport à la chose culturelle s’implique à fond, je pense que tout va aller comme sur des roulettes », a dit Freddy Tsimba dans une interview accordée à Eventsrdc.com

Avoir des galeries d’art dignes de ce nom

Freddy Tsimba n’exclut pas l’idée de créer des galeries d’art contemporain en RDC afin de promouvoir les artistes du pays. Mais celles-ci doivent répondre aux normes internationales.

« Je pense que la galerie ce n’est pas comme une boutique. Ce n’est pas comme un magasin où on va acheter des habits. La galerie a des normes. La galerie doit être nationale, doit aller au-delà de ça, c’est-à-dire doit être internationale et modernisée. Avoir des contacts, ouvrir des portes, aller dans des foires pour que les artistes qui seront dans son obédience, arrivent à aller de l’avant », a souligné Freddy Tsimba.

Ce diplômé de l’Académie des Beaux-Arts estime dans la foulée qu’il faut des galeristes bien formés pour mener à bien leur travail et respecter les artistes. « Ce n’est pas facile d’être galeriste. Il faut vraiment que des personnes soient formées et qu’elles respectent aussi les artistes et aussi la créativité et aller de l’avant. Sans ça je pense que ça ne sert à rien d’avoir 50 ou 100 galléries au moment où les galléries ne sont là que là que pour nuire à l’image des artistes ou nuire aussi à la chose culturelle. Les galléries il faut les avoir, mais il faut avoir des galeries dignes de ce nom, des galeries qui vont viser l’international et porter haut et fort l’étendard des artistes et celui de la créativité », dit-il.

Le Fonds de Promotion Culturelle appelé à soutenir les artistes

Plusieurs artistes ne cessent de dénoncer la gestion « opaque » des fonds destinés aux artistes par le Fonds de Promotion Culturelle. Beaucoup ont frappé à la porte de cette structure étatique mais n’ont jamais eu gain de cause.

Pour Freddy Tsimba, le FPC doit participer à l’émergence de la culture et des arts en RDC et soutenir la créativité artistique. Il déplore cependant que les artistes ne soient pas honorés à leur juste valeur.

« Par rapport au Fonds de Promotion Culturelle, je n’ai jamais été assisté par eux. Je ne sais pas ce qu’ils font comme travail. Peut-être que c’est nous qui nous qui ne comprenons pas quelle est la compétence de la structure. Peut-être c’est à nous de nous approcher d’eux. D’autres ont pu les approcher mais il faudra que ça soit reformulé autrement, c’est-à-dire arriver à comprendre que s’ils sont là c’est pour les artistes, les idées, tout ce qui a comme émergence des structures, les soutenir pour qu’il y ait moins de soucis », a souligné Freddy Tsimba.

Il a ajouté : « Ceux-là qui font la chose culturelle n’ont jamais été honorés à leur juste valeur. J’espère qu’ils finiront par comprendre qu’ils ne sont pas là pour eux. Ils gèrent les moyens mais c’est pour la chose culturelle. Mais on ne sait pas comment ça se décide. Il faudrait qu’ils publient des choses pour que ça soit suivies ».

CHADRACK MPERENG