Gaspard Bashala : « Si l’Afrique ne forme pas les jeunes au digital, elle ratera une fois de plus le coche »

L’entrepreneur, consultant, formateur et motivateur français d’origine congolaise a plus de sept ans d’expérience en systèmes d’information. Avec des associés, Il vient de lancer flexstart IT.com, une startup digitale censée permettre aux entreprises de trouver, en une semaine, une expertise CRM (Customer relation management ou gestion de la relation client). Dans cet entretien accordé au Courrier de Kinshasa, il présente les avantages de cette startup pour les entreprises africaines, parle de ses ambitions pour le développement aussi bien de son pays le Congo que pour l’Afrique.

 

Le Courrier de Kinshasa -L.C.K.): Pouvez-vous nous parler de votre parcours académique et professionnel ?

Gaspard Bashala (G.B.) : Passionné par les nouvelles technologies et ayant un goût pour le business, j’ai d’abord suivi un parcours scientifique qui m’a permis d’obtenir un diplôme d’ingénieur en informatique à l’université de Rennes, en France. Je suis également détenteur d’ un MBA entrepreneuriat et développement des projets innovants obtenu dans la même université. Ma double casquette me permet donc de lancer des projets disruptifs.

 

L.C.K.: A ce jour, quelles sont les différentes startups que vous avez créées et quelle est leur importance pour la diaspora africaine, en général, et congolaise, en particulier ?

G.B. : Nous avons lancé notre première startup zero-gachis.com en 2011 quand j’étais étudiant. Cette startup permettait aux personnes en difficultés de bénéficier des coupons de réduction sur les produits proches de la date limite de consommation. Nous avons reçu le premier prix de Startup week-end Bretagne et plusieurs autres prix ont suivi . Cette startup avait un rayonnement national et européen au sens large. En effet, le business model reposait sur la lutte contre le gaspillage. Ce projet contribue au renforcement de la diaspora car pour impacter, il nous faut être au cœur de développement des projets innovants de demain. Deux ans après, en 2013, nous avons lancé notre deuxième startup « BNBunion ». BNB signifie « Bino na biso », en lingala, en français « Vous et nous ». BNBunion avait pour objectif de permettre à la diaspora africaine de surprendre la famille au pays sans transférer de l’argent.

 

Nous avons reçu plusieurs prix (Top 30 startup innovante en 2016, Top 5 afro français entrepreneur, 1er E-Commerce Sénégal, Top 5 entrepreneur social Afrique avec le prix Orange). Ce projet a un impact social et sociétal fort à la fois pour la diaspora africaine et aussi pour la population en Afrique. Concernant la diaspora, nous mettons à disposition une plate-forme qui lui permet de surprendre la famille parmi les thématiques suivantes : surprises, séjours et week-ends, gastronomie, loisirs et sorties, bien-être, coffret multi-thème. Pour les entreprises en Afrique, nous permettons aux commerçants et entrepreneurs africains de vendre leurs produits/services auprès de la diaspora.

 

L.C.K. : En quoi consiste votre dernier projet Flexstart IT  et quelle est sa particularité ?

G.B. : Cette année, nous lançons Flexstart IT, une startup digitale qui va révolutionner la manière de concevoir les outils CRM (Customer relation management) et permettre aux entreprises de trouver une expertise CRM en une semaine. Nous souhaitons, au travers de Flexstart IT, mettre l’intelligence artificielle et collective au service de la transformation digitale. Via la startup, nous allons vulgariser le digital en France et donc susciter l’intérêt pour ce domaine en vogue auprès de la diaspora africaine. D’autre part, nous comptons sensibiliser et former les dirigeants, managers et étudiants sur l’importance d’intégrer la transformation digitale sur le business. Nous sommes prêts, cette année, à relever de nouveaux défis. Nous serons heureux de collaborer avec la diaspora active afin de créer de nouvelles connexions : partenariats, joint-venture, futurs clients, étudiants pour notre master class CRM et trouver des investisseurs car nous devons grandir et développer le concept Flexstart IT à l’international cette année.

 

L.C.K. : Comment comptez-vous décliner Flexstart IT en Afrique et particulièrement au Congo ?

G.B. : A travers Flexstart IT, nous apportons une plus-value à différents niveaux : une offre de développement et d’intégration des outils CRM qui permette aux entreprises de disposer d’une expertise en la matière en une semaine ; de nouvelles formes de travail : le travail à distance, en mobilité, en coworking, en télétravail, les horaires flexibles, le temps partiel, pour des indépendants comme pour des salariés. Il est important que nous comprenions que les choses vont vite et que le monde de demain est « digital ». Je terminerai par la formation avec une offre qui s’adresse aux dirigeants d’entreprise, managers, cadres supérieurs et étudiants en informatique. Nous ne pouvons pas changer le système avec les anciennes méthodes. Il faut former et cela concerne le savoir-faire et le savoir être. L’Afrique a raté plusieurs révolutions. La guerre est aujourd’hui « numérique ». Nous parlons d’intelligence artificielle, de big data, de chatbots… Si nous ne formons pas les jeunes au digital aussi, nous raterons une fois de plus le coche. Concrètement, je serai en déplacement dans certains pays d’Afrique, notamment au Congo pour animer des masters class et conférences. C’est de cette manière que je pense être en mesure d’impacter et d’apporter ma contribution.

 

L.C.K. : Quels sont, aujourd’hui, en Afrique et au Congo les enjeux liés au CRM et à la transformation digitale ?

G.B. : Aujourd’hui, le CRM est un prérequis pour qu’une entreprise se développe et maximise la création de valeur et donc de profit. Les entreprises en Afrique doivent comprendre que le CRM a plusieurs enjeux au sein des structures : la segmentation, l’automatisation, la digitalisation de certaines tâches, la gestion efficace des ressources, la maximisation des retours sur investisement…Nous vivons à l’ère de la mondialisation : les marchés sont confiés aux structures dotées d’une réelle expertise et ayant une certaine efficacité. Pour faire face à cette concurrence, le défi majeur est de gagner en performance dans l’exécution. Le CRM est bien plus qu’un outil, c’est d’abord une culture d’entreprise, un art de conquérir, un esprit de fidélisation. L’Afrique a besoin de devenir conquérante. Notre positionnement avec Flexstart IT est d’apporter cette expertise CRM aux entreprises en Afrique en tant que prestataire tout en formant pour leur permettre d’acquérir cet esprit digital.

 

L.C.K. : En quoi consiste votre travail en tant que coach et formateur ?

G.B. : La motivation est comme l’essence qui fait avancer une personne. Jusqu’à présent, j’ai toujours motivé mes proches. C’est vraiment en début d’année que j’ai décidé de transmettre mon savoir, mon expérience à un public plus large. L’objectif est de travailler le « Mindset » de nos candidats tout en leur transmettant la culture et le savoir-faire digital.

 

L.C.K .: Pour terminer, quels sont vos projets ?

G.B. : Depuis 2013, j’ai quitté le monde salarial avec pour objectif de développer des concepts business qui allaient changer de vies. A cheval entre l’Europe et l’Afrique, je suis convaincu que je peux apporter une réelle plus-value au développement de notre continent. A court terme, je compte apporter mon expérience et mon expertise digitale à travers Flexstart IT ainsi que des conférences et ateliers Tech que je vais animer. A moyen terme, je compte créer un centre de formation Tech « Flex LAB » qui aura pour but de former des consultants autour du CRM et du digital au sens large. Le premier centre sera très probablement au Congo. Puis chaque année, j’envisagerai d’ouvrir un centre dans les pays visés suivants : Sénégal, Bénin, Mali et Côte d’Ivoire. A long terme, je souhaiterais être parmi les acteurs majeurs de la transformation digitale en Afrique. Être au cœur des décisions stratégiques en matière d’orientation Tech nous permet d’impacter et de changer ensemble le visage du secteur de la Tech en l’Afrique pour le futur.

PATRICK NDUNGIDI (ADIAC-CONGO)