Grâce Mbongi : « Les femmes, nous devons contribuer au développement de notre société »

Discrète et réservée de par son tempérament, l’éditrice du magazine « Grâce Monde », Grâce Mbongi ne s’est pas empêchée de sortir de son mutisme afin de parler de la question liée à la femme. En marge du mois de mars dédié au genre féminin, elle a, au cours d’une interview exclusive accordée à Eventsrdc.com -Leader des interviews et des événements-, appelé les femmes et les jeunes, peu importe leur niveau d’études, à être des contributrices à l’avancement de la société. Cela, a martelé Grâce Mbongi, à travers la mise en pratique de leurs différents projets.

Selon elle, les femmes et les jeunes filles ne doivent pas lâcher la prise malgré la conjoncture difficile. Mais bien au contraire, elles doivent foncer jusqu’à la matérialisation de leurs idées. Partageant son expérience personnelle, l’éditrice de « Grâce Monde » a saisi l’occasion pour passer en revue les différentes étapes du parcours de son magazine qui se prépare à lancer sur le marché son 10ème numéro.

La couverture du 9ième numéro du magazine « Grâce Monde » de l'Editrice rd-congolaise Grâce Mbongi. Ph.Dr.Tiers
La couverture du 9ième numéro du magazine « Grâce Monde » de l’Éditrice rd-congolaise Grâce Mbongi. Ph.Dr.Tiers

A en croire cette femme entreprenante, le magazine « Grâce Monde » est né à cause de souci à vouloir offrir aux rd-congolais un support vraiment adapté à eux. Grâce Mbongi attribue la résistance de ce magazine sur un terrain difficile à l’expérience qu’elle a acquise depuis belle lurette dans le monde des affaires.

Au départ vous étiez dans les affaires. Comment êtes-vous arrivée dans la presse ?

Je ne suis pas une parvenue dans la presse. J’y ai toujours été. C’est quelque-chose qui a toujours été en moi. Depuis mon enfance, j’ai toujours caressé le rêve d’être journaliste. Mais j’avais un souci avec mes collègues et mes professeurs qui voulaient de moi comme avocat et non pas comme journaliste. Par contre, moi-même je me connaissais et je savais ce que je voulais faire. Mais comme j’ai eu la chance de me marier tôt, je ne pouvais pas continuer mon parcours à l’université avec la vie, le foyer, les enfants… C’était vraiment compliqué bien que je m’étais déjà inscrite. Mon mari a fait faire une réunion de famille pour me sortir de là. Et comme je suis quelqu’un d’actif, je ne pouvais pas seulement croiser les bras en étant mère de famille. Je me suis lancé dans le commerce parce que ça ne me demandait pas aussi de faire des grandes études et c’était aussi une façon de m’occuper.

Aujourd’hui, je suis contente de ce que j’ai fait parce que j’ai pu gagner ce que j’ai gagné et cela m’a aussi forgé en m’aidant d’être la femme dont je suis aujourd’hui. Ce n’est pas facile de diriger un organe de presse. Il faut avoir des nerfs solides. Il faut faire face à beaucoup de pressions. Grâce à ma petite expérience dans les affaires,je m’en sors tant bien que mal dans la gestion de ces pressions. Donc, j’avais déjà une stabilité en matière d’entreprises. Ajouter à cela d’autres formations sur le journalisme que j’ai eu à faire. Je me suis renseigné, j’ai cherché comment créer, gérer et tenir un magazine ou un journal.

D’où est partie l’idée de créer « Grâce Monde » ?

« Grâce Monde » est parti de la motivation de ce j’ai toujours voulu faire. Je vous ai dit tantôt que personne ne me connaissait plus que moi-même.Je me sentais plus à l’aise dans la peau de journaliste que celle d’avocate. Très passionnée des magazines depuis mon âge jeune, je me suis demandé, un jour, qu’est-ce qu’il faut pour créer un magazine parfait à Kinshasa. Un magazine qui sera vraiment adapté aux congolais en général et aux kinois en particulier. C’est vrai qu’on dit que les congolais n’aiment pas lire. Mais par contre, moi j’aime lire. Et je lis plus les magazines de l’extérieur que je trouve assez lourds. Je ne critique pas. Personnellement, je voulais faire un magazine au contenu qui intéressera les congolais et qui les incitera à la lecture.

Selon vous, qu’est-ce qui peut inciter les rd-congolais à la lecture ?

Je ne saurai encore vous répondre parce que l’objectif n’est pas encore atteint. Nous ne sommes qu’au début. Je ne peux bien répondre à cette question que dans 5 ou dans 10 ans si j’ai atteint mon but ou pas. A la création de Grâce Monde.

Mon but était de créer un magazine de qualité qui parle des congolais en général et des kinois en particulier. On a des artistes, des clubs et autres qui font la fierté du pays. Je me suis dit pourquoi ne pas en parler ? Parce qu’il était de coutumes de ne parler que de la politique et pas autre chose. Et, les politiciens étaient devenus de vraies stars. Je m’étais dit qu’on devait un peu changer les choses parce que dans notre pays, il n’y a pas que la politique dont on parle, d’ailleurs, à défaut. Les gens ne s’intéressent pas à la politique. C’est pourquoi « Grâce Monde » est apolitique. Nous avions voulu montrer qu’il est aussi possible de gagner et de réussir sa vie en faisant autre chose que la politique comme le football, la musique, etc. Il suffit de s’y mettre et de s’y donner dans ce qu’on fait.

Bref, Grâce Monde est un magazine apolitique qui vise à apporter le bien-être à tous ceux qui lisent. Il donne des bonnes informations, des bons renseignements sur tous les plans susceptibles d’apporter le bien-être sauf la politique à tous ceux qui lisent. Moi quand tu ouvres mon magazine si ça ne t’apporte rien ce que nous avons failli à ma mission.

Vous approchez la 10ème édition ou parution de votre magazine. Pouvez-vous nous dresser un bilan à mi-parcours ?

En tout cas, je suis très contente jusque-là. Comme vous l’aviez si bien remarqué, je viens de commencer mais les gens aiment déjàce que je fais. Je reçois vraiment du répondant par rapport à cela. En tout cas, beaucoup de choses sont allées plus vite que je le pensais. J’ai vraiment beaucoup de lecteurs. Je reçois des appels des autorités politiques comme militaires ainsi que des hommes d’affaires pour me dire que j’ai aimé tel ou tel article et pour m’encourager dans ce que je fais. Ce ne sont pas seulement les femmes mais aussi les hommes.

J’ai quand même atteint mon but dans le sens où le magazine est de plus en plus disponible dans des supermarchés et autres kiosques à journaux grâce à une agence qui s’occupe de la vente. Je suis très contenteparce que depuis que j’ai commencé, jusque-là il n’y a pas encore quelqu’un qui m’a dit que je n’aime pas ce que tu fais, c’est n’importe quoi. Jusque-là j’approche vers mon 10ème numéro, ce n’est pas encore arrivé.

Dans un environnement où il est de plus en plus difficile pour des médias d’avoir la publicité. Comment vous tenez encore jusqu’au 10ème numéro ?

C’est un sérieux problème pour nous qui évoluons dans le secteur médiatique. Mais heureusement que je ne compte pas trop sur la publicité. Comme j’ai déjà eu à investir plusieurs fois, je sais ce quoi investir. C’est ce qui m’aide à tenir dans cet environnement. Et puis comme je ne l’ai pas créé aussi à des fins financières pour gagner de l’argent et des bénéfices. C’est ce qui m’aide aussi à tenir.

L’essentiel, pour moi, est quand quelqu’un me dit que j’ai aimé ce que vous avez fait. C’est-là tout mon plaisir. Donc, je tiens jusque-là parce que j’ai atteint ce que je voulais en partie à environ 25%. Comme vous pouvez le constater avec moi que le chemin à parcourir est vraiment long. Je ne sais pas ce que nous réserve l’avenir. Au regard de notre évolution, jesuis positive.

Cette interview se réalise aussi dans le cadre du mois mars dédié à la femme. S’il vous est demandé de donner un conseil à ces jeunes filles qui sont encore à l’université apprenant le journalisme ou autre chose, qui rêvent être des femmes responsables ou être à la tête des structures ou organes. Que pouvez-vous leurs dire ?

Être femme, ce n’est pas facile. Je sais ce qu’elles sont en train de vivre. Mais comme j’ai souvent l’habitude de dire que dans la vie, il faut avoir un objectif. Je vais vraiment souligner que je ne me suis pas réveillé un matin et je me suis dit que je vais faire un magazine. Je le préparais pendant plusieurs années. J’ai toujours voulu le faire. Mais comme on dit toujours que c’est Dieu est le maitre des temps et des circonstances. Peut-être avant, je n’étais pas prête et maintenant je le suis. Je veux conseiller à nos jeunes femmes de ne jamais lâcher. J’encourage toutes les filles et même les femmes de mon âge qui ont des ambitions à y aller de l’avant.

Si vous estimez que vous avez des bonnes idées dans tel ou tel autre domaine, par exemple donner des conseils sur la cuisine ou comment vivre avec le conjoint ou encore comment élever les enfants. Il faut le faire. Les femmes, nous devons contribuer au développement de la société. Il ne faut pas se limiter disant par exemple que moi je n’ai pas autant d’années dans les études.

Beaucoup d’années dans les études c’est important, mais ce n’est pas le plus important dans la vie. Vous pouvez passer beaucoup d’années à l’université sans rien comprendre. Tandis que quelqu’un d’autre peut tout comprendre en 3 ou 6 mois de formation. Le plus important est d’avoir la bonne formation. Je sais que je serai beaucoup combattu sur ce point-là parce que beaucoup diront que je ne suis pas journaliste. Il y a une chose qui est vraie que je suis éditrice, je ne suis pas journaliste et je ne suis pas obligée de l’être. Mais j’ai des bases pour être un bon journaliste. Je n’ai pas besoin d’avoir un diplôme de journalisme. J’ai une rédaction composée des journalistes qualifiés par exemple mon directeur de publication a 25 ans de carrière de journaliste qui n’est pas rien. J’ai sélectionné de bons journalistes ce qui fait la force de ma rédaction.

En somme, je dirai à tous ceux qui disent qu’au Congo, les gens n’étudient pas et commencent, un bon matin, à entreprendre telle ou telle autre chose d’arrêter. Ce n’est pas exact. La réussite est le fruit de beaucoup d’efforts et de sacrifices par rapport à ce qu’on rêve être. En plus de cela, il faut aussi être honnête quand on est journaliste. Il ne faut pas prétendre de son titre de journaliste pour dire ou raconter n’importe quoi et n’importe comment. Un journaliste est appelé à transmettre l’information comme elle est. Il ne faut pas déformer l’information selon ses préférences par rapport à tel ou à tel autre. Il faut donner l’information telle qu’elle est. Ce qui fera d’elles des bons journalistes.

Avant de clôturer, dites nous pourquoi avez-vous donné le nom de « Grâce Monde » à votre magazine ?

Quand vous créez un magazine, son nom doit déjà parler. Il doit déjà indiquer aux lecteurs ce qu’ils vont retrouver à l’intérieur. La grâce, c’est ce que l’on donne gratuitement. C’est ce que moi je fais dans mon magazine. Je donne à tous mes lecteurs des informations gratuites, des conseils pour qu’ils aient une bonne santé. Cet acte là que mon magazine pose, s’appelle grâce. Il n’a rien avoir avec mon nom. Monde, parce que je veux parler des congolais à travers le monde.

Au fait, le magazine avait commencé par d’autres noms, mais du fond de moi, je me disais que ce n’étaient pas de bons noms pour le magazine. Et le bon nom pour le magazine, c’est Grâce Monde.

DEO KOKOLO