Kinshasa : Les espaces culturels publics aux abois

En Rd-Congo, les espaces culturels gérés par l’État sont en situation d’abandon total. Si le nombre résiduel de ces amphithéâtres dans la capitale paraît à priori comme un vrai casse-tête, leurs états vieux comme Mathusalem laissent plus d’un ébahis.

En septembre 2020, le gouvernement rd-congolais par l’entremise de l’ancien ministre de la culture et des arts, Jean-Marie Lukundji, avait visité en compagnie de certains députés nationaux et du sénateur rd-congolais Didier Mumengi, « artistes et culturels« , les différentes infrastructures culturelles publiques dont le Musée national, le Centre culturel congolais Le Zoo – CCCZ – ainsi que la salle Mongita, dans le but de redorer le secteur culturel du pays. Une initiative qui avec la démission du gouvernement Ilunkamba, devra encore un peu plus patienter.

 

Notre rédaction a fait la ronde de quelques espaces culturels publics de la capitale et le constat est amer.

La salle Mongita située en plein cœur de la commune de Kinshasa, au croisement des avenues Kabambare et Kasa-Vubu, et qui abrite les activités de la Compagnie nationale du Théâtre Congolais – CNTC – a aujourd’hui perdu sa saveur d’antan. Dessuet et toujours pas modernisé, ce ciné paladium continue malgré tout d’accueillir les spectacles du théâtre, du ballet ou de la musique.

Des spectateurs à la salle Mongita. Ph.Dr.Tiers

 

Le centre culturel congolais Le Zoo – CCCZ -, créé en 1956, fait aujourd’hui grise mine dont l’arrêt des travaux de réhabilitation faute des moyens conséquents. Comme Mongita, le CCCZ accueille des manifestations comme les festivals, les théâtres ou les concerts. Situé en face du jardin botanique de Kinshasa, le CCCZ reste pourtant l’un des espaces culturels rd-congolais les plus en vue de l’histoire.

Le Palais du peuple, cet ouvrage construit de 1975 à 1979 par la Chine et le Congo, commande du feu président zaïrois (rd-congolais) Joseph Désiré Mobutu Sese Seko, à la suite d’une visite en Chine en 1973, a, lors de son inauguration, été dédié à la culture. Son coût total a été de 42 300 000 dollars US, coût qui fut offert à titre de don par le Gouvernement chinois en 1983.

Contactez la rédaction au +243 810000579

 

Malheureusement, avec la restauration du parlement par l’accord de Sun City entre le président rd-congolais Joseph Kabila et ses belligérants, ce bâtiment est confisqué jusqu’au moment où nous rédigeons cet article. Très rare est de voir un événement culturel se déroule surplace. Le dernier est la présentation de la pièce théâtrale « Une saison au Congo » d’Aimé Cesaire à l’occasion de la publication du plan culturel du président en exercice de l’Union Africaine Félix Antoine Tshisekedi, le samedi 27 février 2021.

Artiste comédien, metteur en scène et opérateur culturel, Jean Shaka déplore l’état de délabrement et d’abandon avancé de ces espaces culturels mythiques du pays malgré d’énormes potentialités que regorge le pays.

 

« La ville de Kinshasa n’a pas des salles. Nous avons 3 salles, mais qui sont dans quel état ? La salle Mongita est là, mais vous avez des rats qui circulent. Le palais du peuple a été réquisitionné par les politiciens. La salle du Zoo encore dans quel état ? On ne peut pas comprendre dans notre pays, on prend une salle de spectacle pour en faire un lieu pour pleurer les cadavres« , a regretté Jean Shaka.

Certaines sources proches de l’hôtel de ville de Kinshasa nous renseignent qu’à la prise du pouvoir de Mobutu Sese Seko en 1965 et à la zaïrianisation en 1971, un programme était mis en place pour la création des espaces culturels et sportifs dans chaque maison communale de la ville-province de Kinshasa. D’où, la création de Moto na moto abongisa dans la municipalité de Bandalungwa. Cet endroit débaptisé Espace Mutombo Bwitshi, il y a plus d’une décennie a accueilli et accueille des concerts, concours de danse, pièces de théâtre et autres, sans financement du gouvernement rd-congolais. À ce jour, plusieurs lieux ont été spoliés par les bourgmestres et agents fonciers. Cas de l’espace de la commune de Kalamu devenu l’église Sang Précieux.

Vue extérieure du Centre culturel congolais Le Zoo. Ph.Dr.Tiers

 

Pour cet artiste comédien, les ministres des cultures ne travaillent pas comme il faut. Leur travail pour redorer le blason terni de ces espaces culturels publics du pays.

Pour Kinshasa, cette situation doit interpeler Gentiny Ngobila et le ministère national de la culture et des arts pour les autres provinces de ce pays continent afin de faire de ce secteur, un générateur des recettes importantes comme c’est le cas en France et aux États-Unis d’Amérique. « Il est temps de sauver ces lieux mythiques de spectacle et d’exposition qui tendent vers la dérive.

CHADRACK MPERENG