Manque de politique culturelle en RDC: Niamba Malafi interpelle les décideurs

Artiste pluridisciplinaire  -metteur  en scène et producteur culturel-  et Ambassadeur de bonne volonté pour la promotion de l’éducation des jeunes à travers les arts et la promotion de la culture de la culture en milieux périurbains et scolaires, Niamba Malafi  JL Caillera  a interpellé les autorités  rd-congolaises, estimant anormal de manquer de politique culturelle après 58 ans d’indépendance. Interview.

 

Quelle lecture faites-vous de la mise en scène des spectacles de musique et de théâtre en Rd-Congo ?

En Rd-Congo, la mise en scène demeure l’apanage du théâtre. Pourtant, elle est censée intervenir dans tous les arts de spectacle comme la musique.  Il est ainsi nécessaire de solliciter le service  d’un metteur en scène ou d’un scénographe pour une bonne présentation du spectacle.

 

Que doivent faire les artistes rd-congolais pour que leurs spectacles soient exportés dans d’autres coins du monde ?

Il faut aux artistes congolais de s’organiser  à l’interne. C’est-à-dire  avoir une équipe technique  -metteur en scène ou scénographe, régisseurs son et lumière, un costumier…-, une équipe de production -producteur, tourneur, diffuseur, éditeur…-, une équipe d’artistes « travailleurs ».

 

Dans  son  Livre  Bleu,  Didier Mumengi  suggère  l’éclatement en trois du ministère de la Culture et des Arts. Qu’en pensez-vous ? 

Il a dit cela pour l’intérêt des politiciens et non des acteurs culturels. Pour lui, la nouvelle gouvernance culturelle doit être prise en charge par 3 départements distincts de gestion : le  ministère du Livre, de la lecture et de la mémoire nationale, le ministère de la Musique, de la danse, du cinéma et du théâtre et le ministère des Arts, de l’artisanat et du tourisme.

 

Que font alors les conseillers du ministre ? 

Actuellement, l’industrie culturelle ne demande pas beaucoup de personnalités dans le gouvernement mais beaucoup de travaux et de subventions pour les sociétés culturelles privées.

 

Depuis quelques années, le numérique s’est invité dans le monde culturel et artistique. Pendant ce temps, en Rd-Congo, le ministère et autres structures étatiques  du secteur  semblent rester à la traine.  Comment analysez-vous cela ? 

Le ministère, la SOCODA et ces autres structures sont dans un état pathologique caractérisé par un sommeil profond qui empêche le  fonctionnement de leurs activités. Le monde évolue à vive allure et nous  rétropédalons  malgré nos potentialités. Nous devons nous adapter à  l’évolution numérique. Il faut la présence des jeunes dans l’administration, aux côtés de ces vieux dont la plupart sont dépourvus des notions du numérique. Sans quoi, toutes ces structures de l’Etat ne sauront garantir  les intérêts, liés au numérique, des artistes et opérateurs culturels.

 

58 ans après son indépendance, la Rd-Congo, selon certains analystes, peine à se doter d’une politique culturelle. Avez-vous un message à destiner aux décideurs ?

Le manque de politique culturelle en Rd-Congo est une réalité. Seuls, 3% du budget du pays sont affectés à la culture. Les gouvernants ne se rendent même pas compte que, par la créativité culturelle des Congolais,  ils peuvent améliorer certaines conditions de vie du. Il est temps de structurer le secteur culturel de la Rd-Congo au bénéfice des  Congolais que nous sommes.

 

A Kinshasa, les salles de spectacle appartenant à l’Etat sont dans un état de délabrement. Un message aux autorités ?

C’est désolant  de constater que  les salles  de spectacles  sont, à ce jour, transformées  en  funérarium  pour pleurer nos morts. Ma prière est  de voir  le projet de la politique culturelle  adopté  et  d’assister à la mise en retraite  de certains agents de notre secteur. Le Congo a besoin d’une alternance dans tous les secteurs. Il faut chasser l’obscurité par la lumière.

 

Qu’en est-il alors des Fonds de promotion culturelle ? 

Les  Fonds  de  promotion culturelle ne font aucun appel de subvention  et n’assurent pas non plus l’accompagnement sur le terrain. Certains opérateurs culturels ne préfèrent plus écrire des lettres de demande de financement ou d’accompagnement à l’administration de cette structure.  Ils fonctionnent pour une certaine catégorie.

CINARDO KIVUILA