Marshall Dixon croit fermement au positionnement national de MD Music avec de nouvelles stratégies

Deux ans déjà depuis son lancement officiel, la plateforme digitale de téléchargement et de proximity, MD Music, poursuit bonnement son chemin. Son Directeur général Jean-Paul Nsungu, très connu sous le pseudo de Marshall Dixon, croit en son bon positionnement futur tant en République Démocratique du Congo que dans sa diaspora congolaise. Au cours de cette interview, il a passé en revue ses activités et a rendu public certaines innovations qui permettront aux musiciens de gagner derrière leurs œuvres. « Nous avons eu à lancer des projets comme proximi-t qui est beaucoup plus voué au secteur de l’éducation. Pour aujourd’hui, parlons beaucoup de MD Music », a dit cet artiste musicien lover et entrepreneur. Entretien.

Il y a deux ans que vous avez lancé la plateforme digitale de vente légale de musique. À ce jour, quel bilan faites-vous ?

Ça va faire deux ans que nous avons lancé la plateforme MD Music. En ce qui concerne le bilan, je crois que l’heure n’y est pas encore. Nous sommes encore dans la phase d’implantation de la plateforme parce qu’elle demande énormément de boulot. La première étape était de pouvoir mettre en place les mécanismes de la plateforme en elle-même qui existent déjà, et puis, il y avait une deuxième phase qui était de pouvoir convaincre d’abord la génération plus jeune qui a adhéré massivement. Et la troisième phase est de pouvoir maintenant intégrer et convaincre les artistes les plus influents. S’en suivra la phase où on va mettre les bouchées doubles en termes de communication et du reste. L’heure n’est pas encore au bilan en ce qui concerne MD Music.

Parlez-nous des producteurs et musiciens qui font confiance à MD Music depuis sa création ?

En ce qui concerne les artistes et les producteurs qui travaillent déjà avec nous au label sur le projet MD Music, en termes de soumission d’œuvres, je crois que nous avons passé le cap de 400 artistes et labels compris. Pour une plateforme qui est la toute dernière née, je pense qu’on est quand même bien positionné et que les choses se portent quand même assez bien. Et il faudrait signaler aussi qu’au niveau de Google Play Store, nous avons déjà passé la barre de plus de 10.000 téléchargements de l’application, ce qui est une très bonne chose.

Qu’est-ce qui d’après vous attire les producteurs et artistes rd-congolais à placer leurs œuvres dans les plateformes étrangères telles que Deezer, Spotify, Amazone et autres au lieu de les vendre chez vous ?

Il faut dire que Spotify, iTunes et les autres, c’est des références, c’est déjà des modèles. Ceux qui vont là-bas, ils y vont d’abord parce que c’est des plateformes référence, et puis le fait de mode. Ça fait beau de dire que trouver mes chansons sur les plateformes de téléchargement, de fois eux-mêmes ne maîtrisent rien sur ses plateformes, ils ne maîtrisent pas la rémunération, comment soumettre, de fois ils donnent à des tiers personnes, pour eux l’essentiel est que leurs chansons se retrouvent sur ces plateformes. C’est un peu un élément avec lequel on peut frimer. Pour certains c’est ça. Et pour les autres qui maîtrisent, ceux qui ont développé une fan base qui a l’habitude de consommer via ces canaux de distribution, en termes de réputation, ces plateformes sont incontournables.

Nous on arrive en dernier dans le souci de faire développer le marché local parce qu’il est quasiment inexistant. Aujourd’hui, un des grands problèmes c’est que toutes ces plateformes n’ont pas de moyens de paiement adaptés à la situation du pays. Nous à MD Music, nous avons d’autres moyens de paiement qui sont le paiement mobile et le reste. Et petit à petit on arrive avec les phases qui vont suivre.

Prévoyez-vous une assistance technique pour ces musiciens qui s’auto-produisent et qui tiennent à commercialiser leurs œuvres sur MD Music ?

À la différence des autres plateformes citées précédemment, déjà la soumission des œuvres chez MD Music n’est pas conditionnée par un paiement contrairement à d’autres plateformes. Certains agrégateurs des plateformes demandent des paiements mensuels. Chez nous, il n’y a pas de conditionnement de paiement pour créer ton compte ou soumettre ta chanson. Et puis, nous mettons à la disposition de ces artistes qui distribuent chez nous des supports pour mieux communiquer. Ça veut dire on fait pour eux des teasers qui annoncent leurs chansons, des petites pochettes qui annoncent leurs chansons, on les leur envoie pour utiliser dans leurs différents canaux de communication et que nous-mêmes aussi nous publions via nos différentes pages sociales. On essaie de  pousser un peu plus.

Nous avons une playlist qui passait au niveau de la télé CMB que nous avons stoppé pour un moment, histoire de bouger encore les lignes avant de reprendre.

De notre côté, on essaie au maximum de faire ce qu’on peut pour pouvoir aider les artistes qui passent via notre plateforme.

Quelle est la procédure à suivre pour placer sa chanson sur MD Music ?

C’est aussi simple, il faudra juste pour les artistes ou labels télécharger l’application qui répond au nom de MD Music RDC qui est disponible sur Google Play Store, sur Apple Store aussi. La première étape c’est de télécharger l’application, la deuxième étape est de créer un compte, un compte artiste ou un compte producteur ou label, et à partir de là il y a toute une procédure à remplir, quelques champs à remplir concernant le titre ou l’album que vous soumettez. Et une fois validé, vous nous faites signe que le morceau vient d’être mis. Nous, on sait le voir. Mais il y a des artistes qui ont vraiment besoin des supports techniques qu’on met en place qu’ils demandent via notre WhatsApp, je vais donner directement qui est le +243 891 477 772, c’est le numéro d’assistance MD Music.

Après avoir soumis leurs chansons, les artistes nous les renvoient pour nous dire que voilà c’est ma nouvelle chanson, si je peux déjà avoir les annonces, les teasers. L’équipe prépare, l’équipe renvoie et l’équipe publie. Les procédures sont simples. Nous avons aussi des vidéos tutorielles qui montrent comment créer les comptes, comment créer les chansons. Grâce à ce même WhatsApp, les artistes écrivent et nous leur envoyons ces vidéos tutorielles qui les guident dans l’utilisation de la plateforme.

Citez-nous quelques moyens financiers qui peuvent permettre à n’importe quel citoyen ou amoureux de musique d’acheter sur votre plateforme sans soucis ?

À part les moyens de paiement classiques : Visa, Master, carte de crédit, nous avons implémenté les moyens de paiement mobiles notamment Orange Money et M-PESA qui sont déjà disponibles sur la plateforme; ça veut dire les gens peuvent acheter de la musique mais pas que, il y a des auteurs qui écrivent des livres, nous vendons aussi des livres en format numérique, des livres, des syllabus, des documentations, que ça soit des professeurs d’universités qui ont des documentations à vendre, on est aussi une sorte de librairie où on peut vendre des livres et les gens peuvent acheter via les moyens de paiement mobiles : M-PESA et Orange Money.

Quels sont les avantages réservés aux producteurs ou aux musiciens qui s’auto-produisent ?

Nous mettons à la disposition de ces artistes des visuels qui accompagnent leur communication, nous avons précédemment aussi fait ce qu’on appelle des MD Music sessions où on fait appel à tous ces labels, tous ces artistes indépendants pour leur donner des moyens, comment mieux booster leurs carrières, où on discute notamment sur MD Music, sur différentes plateformes, différents moyens de faire développer sa carrière, sa stratégie : c’est ce qu’on a appelé les MD Music Sessions. Il y en aura encore très bientôt.

Comment abordez-vous la question des droits avec les musiciens affiliés et non affiliés dans une quelconque société des droits et droits voisins ?

En principe il y a un pourcentage qui est retenu dans la vente de chaque article, de chaque morceau qui est reversé au niveau des sociétés des droits d’auteurs qui, elles à leur tour, paient ces droits aux artistes, les droits liés à la vente de leurs chansons. Mais maintenant, nous avons démarré avec beaucoup de jeunes qui ne sont pas affiliés aux structures de gestion des droits. Aux MD Music Sessions, nous leur parlons de l’avantage de protéger les droits. Mais pour ceux qui n’ont pas encore fait en temps normal, c’est un pourcentage qui revient, ils ne sont affiliés à aucune structure.

Nous demandons à chaque artiste, lors de la création de son compte, il stipule s’il est affilié à une société des droits, il la mentionne, et nous de notre côté, nous savons au moment de répartition que tel artiste est affilié à telle ou telle autre société…

Comment vivez-vous la concurrence avec les plateformes étrangères et celles créées et gérées par vos compatriotes ?

En ce qui concerne la concurrence qu’on peut avoir avec les plateformes étrangères et nos plateformes locales, est-ce que même on peut appeler ça de la concurrence ? Je ne pense même pas qu’on peut appeler ça de la concurrence, elles nous marchent dessus. Etant donné que nous-mêmes, en tant qu’artistes, nous ne comprenons pas encore les enjeux de pouvoir développer un marché local, aujourd’hui, ces plateformes, tout le monde veut l’international, alors que le local n’est pas encore structuré. Nous, MD Music, notre vision, c’est vraiment de développer le marché local. Le marché international existe déjà, il y a toutes ces plateformes.

Bien que MD Music soit une plateforme internationale qui est sur internet, il suffit que ton morceau soit sur MD Music, n’importe qui dans le monde peut l’avoir, peut l’acheter, peut avoir accès. Donc c’est son côté international. Mais notre souci, c’est beaucoup plus le développement d’un marché local. Vraiment, il faut que l’on développe ce marché local. Nous sommes plus d’une centaine de millions d’amateurs de la musique au niveau du Congo, dans toutes les provinces. Et je pense qu’il y a un gros potentiel et un gros marché à développer. Et c’est sur ça que nous, nous sommes en train de nous battre.

Et je pense que notre crainte est que demain, que ces plateformes étrangères viennent s’installer au pays, qu’elles commencent à dicter leurs lois comme elles les dictent déjà ailleurs, et à fixer leur prix, donner le rythme, donner le ton. Et qu’au final, on ne soit plus maître de notre propre musique, de nos propres créations, parce que les plateformes étrangères auront compris la grandeur de ces marchés et ils voudront ravir ce marché.

Tant qu’il est encore temps que nous puissions avoir nos propres structures, que nous puissions fixer nos propres prix, que nous puissions décider sur les lignes à prendre concernant notre musique, je pense que c’est vraiment ça. Donc pour l’instant, il n’y a pas de concurrence.

Qui sont vos partenaires ?

En ce qui concerne nos partenaires, nous avons un partenaire principal qui est Axiomac, qui est un des partenaires majeurs d’MD Music, et nous avons aussi Connectis, au niveau de Goma, qui est aussi un partenaire à MD Music.

Eventsrdc est aussi partenaire d’MD Music. Nous avons aussi des pages qui nous soutiennent, comme Lilou TV. Nous avons aussi Top Congo, c’est la maison. Donc voilà, c’est quelques partenaires qui nous aident à mener le combat.

En quoi le gouvernement rd-congolais et les banques commerciales établies en RDC peuvent vous être utiles ?

Je crois que comme dans les différents autres pays, les banques et les gouvernements peuvent aider des structures comme nous autres, MD Music et compagnie, je crois avec des subventions, avec des financements, qui peuvent nous aider à mieux nous développer.

Nous devons passer dans une phase où il faudra beaucoup plus communiquer, ça demandera beaucoup plus de moyens. Il y a beaucoup de choses à démarrer derrière, parce que nous avons MD Music, le but déjà au départ était de pouvoir mettre en place un label de production pour pouvoir dénicher des nouveaux talents, il y en a tellement, et pouvoir mettre pour eux les moyens pour pouvoir mieux les produire. Et puis après on s’est rendus compte que se lancer dans la production sans une plateforme pour pouvoir vendre ce qu’on produit, ce serait un peu mettre la charrue avant le bœuf.

Donc on s’est dit que s’il n’y a pas de plateforme locale avec laquelle on peut exploiter tout ce qu’on produit, ça ne sert à rien. Donc autant développer d’abord la plateforme, ensuite on va passer à l’autre étape qui sera de mettre en place le label et la structure de production pour pouvoir dénicher des talents et commencer à produire. Et je pense qu’avec un accompagnement des banques ou des organismes qui peuvent donner des subventions ou encore des prêts pour pouvoir mettre en place tout ça, ça nous serait très utile.

Quelle place réservez-vous à la communication dans votre fonctionnement quotidien ?

En ce qui concerne la question de la place que nous réservons pour la communication dans le fonctionnement quotidien, la communication est hyper importante. Comme j’ai dit sans vouloir se répéter encore, nous essayons d’accompagner les artistes dans la sortie de leurs œuvres sur la plateforme en mettant pour eux des teasers vidéos, des teasers sous forme d’affiches pour pouvoir annoncer parce qu’on juge que c’est super important d’avoir ces teasers pour faire tourner et nous-mêmes nous les faisons tourner sur nos pages pour pouvoir communiquer qu’il y a tel morceau qui vient d’arriver, tel morceau est déjà disponible.

Je pense que ça c’est important, c’est ce que peut-être Spotify ou les iTunes ne font pas pour tout le monde, mais que nous essayons de faire ça pour presque tous les artistes. Comme j’ai dit, nous avons aussi la MD Music Playlist qui va reprendre bientôt, qu’on fait tourner à la radio tout comme à la télé pour encore essayer de contribuer au niveau de la communication des œuvres et de la plateforme. C’est un peu ça.

Dans un bref avenir, nous sommes en train de travailler sur un projet parce que sur la plateforme, nous ne vendons pas que de la musique, non pas que des livres, il y a une billetterie pour des événements, mais il y a aussi un côté vidéo. Nous allons, si tout va bien, produire une mini-série avec nos artistes comédiens qui va être exclusivement destinée à la vente et on va voir ce que ça va donner.

Un message aux jeunes musiciens congolais qui découvriront MD Music à partir de cette interview

Le message que je pourrais donner aux jeunes artistes qui découvrent la plateforme via cette interview, c’est que MD Music RDC est une plateforme de téléchargement légale qui permet aux artistes de pouvoir vendre leur musique à leurs fans via des moyens de paiement internationaux comme Visa, Master et le reste, et aussi comme moyen de paiement local utilisé beaucoup plus au pays, qui est le Mobile Money.

Nous avons déjà intégré des moyens de paiement comme Orange Money, comme M-PESA. Cela leur permet de pouvoir vendre leur musique à leurs amis, à leurs fans, à la famille. Donc la plateforme, le nom c’est MD Music RDC. L’application est disponible sur Google Play Store et disponible sur Apple Store aussi. Nous avons un numéro WhatsApp. Nous faisons un effort pour répondre à toutes les préoccupations qui passent par là. Je vais le donner une énième fois, qui est le +243 891 477 772. C’est le WhatsApp de MD Music. Ils peuvent toujours entrer en contact. On va leur donner des procédures, comment faire. Et une fois de plus, il n’y a rien à payer.

CINARDO KIVUILA