Mboko Lopiki et les résonances de l’interpellation par la danse

La danse comme caisse de résonance des enjeux sociaux : Mboko Lopiki en fait sa gageure. Dans des vibrations qui traitent de l’humanité, qui rapprochent les communautés et qui touchent nos esprits et nos sentiments, le danseur originaire de la ville de Goma au Nord-Kivu ne bifurque pas sa méthode mais tient toujours sa vision engagée et humaniste.

Mboko Lopiki utilise son corps, ses mouvements et sa magie pour faire passer son message. Le danseur contemporain et performer concilie les regards, éduque et alerte par sa bataille continuelle sur le rétrécissement des libertés. Né à Goma en novembre 1997, Mboko a dû mener un combat d’acceptation dans le chef de sa famille et ses proches qui voyaient la danse d’un œil assez différent. C’est finalement plus tard que la passion a eu raison de l’opposition.

« Mes débuts en danse, ce n’était pas facile », se rappelle-t-il. « On était chrétiens, mes parents n’aimaient pas la danse, j’ai dû lutter beaucoup d’années. Après 9 ans de lutte, ils ont fini par accepter que je fasse la danse et ont considéré mon boulot. »

« Respecter les droits humains »

Les situations bouleversantes de l’humanité ne rétrécissent sa bravoure, sa lutte menée avec niaque. Pour Mboko Lobiki, la danse est un moyen d’expression qui symbolise le changement positif. Un changement qui passe notamment par le respect des droits humains qu’il préconise également à travers ses actions performatives.

« Nous avons tous un rôle à jouer, et ce rôle nous sommes tous appelés à être conscients et nous devons respecter les droits humains. À travers les actions performatives, j’appelle aussi la communauté à dialoguer, à discuter sur les problématiques de la société », a-t-il soutenu.

À travers son art, sa technique et son inventivité, le vingtenaire qui est directeur artistique de Heartist Dance Company qui s’oriente dans le domaine de la performance de rue, éduque surtout, crée une interaction et laisse le public donner son point de vue. À la fin, la sensation dégagée ravive la flamme d’un nouveau narratif.

Un parcours élogieux

Il est à l’image d’une jeunesse rd-congolaise talentueuse qui fait bouger les lignes. Mboko Lopiki irrigue depuis 2011 dans la danse. Son parcours est un cas d’école en matière de l’amour du travail et de la passion.

C’est dans le groupe de hip-hop Spirit of the dance qu’il fait ses premiers pas en tant que danseur avec comme fusil d’épaule l’encadrement des enfants de la rue à travers notamment le projet « Maendeleo danse project ».

Dans le souci de gravir les échelons, il se forme en danse contemporaine en 2016 avec Inuka Danse Company. Dans la foulée, il fait d’une pierre deux coups aux côtés des chorégraphes Lucas Katangila de l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles et Rodha Gatete, chorégraphe et danseur au sein de Busara Danse Compagy.

Sa curiosité incalculable et son amour pour la danse lui permettent de régénérer son savoir-faire. 2017, c’est l’année du tournant où il réussit à participer dans des créations dont celle de son ancienne compagnie “Inuka Danse Company”. Il participe en 2018 aux ateliers Corps en Mouvements de Dorine Mokha et en 2019 aux ateliers initiés par l’Institut Français de Goma animés par Wesley Ruzibiza, danseur chorégraphe et Fabrice Mukala, enseignant à l’Institut national des arts de Kinshasa.

Ses autres participations dont celle à l’exposition Écologie universelle du collectif Ndoto Art et Activism et ses différentes résidences, ont mis sur un piédestal sa carrière. Grâce à la danse, Mboko Lopiki a arpenté le monde entier quitte à forcer le respect.

CHADRACK MPERENG