Michel Ngongo sur la musique classique : « Elle joue le rôle de catalyseur »

La musique classique traverse des époques. En dépit de la révolution rythmique dans l’industrie du disque, elle continue de résonner dans nos oreilles. À la différence de la musique populaire, la musique classique appelée aussi musique savante, rassemble les styles, tel un détonateur pour chaque artiste. Grâce à cette musique, les œuvres de grands compositeurs tels que Mozart, Beethoven ou Franz Joseph Haydn sont restées indélébiles.

En République Démocratique du Congo, le rythme bouillonnant du ndombolo et de la rumba entre en opposition avec la musique classique. Si certains artistes la trouvent comme un point incubateur, d’autres par contre semblent user d’obstination à la jouer.

Artiste musicien et opérateur culturel rd-congolais, Michel Ngongo a passé au crible la musique classique. Dans une interview accordée à Eventsrdc.com, il estime que la musique savante reste un catalyseur pour chaque artiste.

C’est quoi la musique classique et quel regard portez-vous sur elle ?

La musique classique est une musique européenne, mais il y a deux façons de concevoir cette musique.

Premièrement, c’est une musique qui s’est développée en Europe et qui a connu ses influences en Italie, Autriche etc. La musique commune en Europe qui était différente de la musique traditionnelle.

Deuxièment, c’est aussi une époque parce que dans l’histoire de la musique, il y a plusieurs époques telles que : Baroque, Romantique… Ces genres, nous les retrouvons aussi dans la littérature, l’art plastique… Très souvent, nous faisons des mélanges, mais il y a la musique classique qui est comme type de musique qui continue jusqu’à présent et la musique classique qui comme une époque de musique qui n’existe plus aujourd’hui. Par rapport à ce genre de musique, nous parlons de musique contemporaine, la musique qui évolue actuellement.

Selon vous, cette musique est-elle consommée aujourd’hui ?

Cette musique qui est appelée aussi savante, est une musique qui a traversé des siècles et des siècles. Il y a beaucoup de temps d’améliorations et de réflexions. La musique est consommée. Plus souvent, ce sont les indicateurs (chantres catholiques), mais aussi des gens qui apprennent la musique de manière générale. Si quelqu’un veut apprendre à jouer à l’instrument, il est recommandé de commencer par la musique classique.

Michel Ngongo. Ph. Dr Tiers

Vous parlez de musique savante, est-elle aujourd’hui menacée par la musique dite commerciale ?

Je suis en train de faire mon master en musique publicitaire. Déjà aux pays et continents tels que l’Europe, les États-Unis d’Amérique de manière générale, ils utilisent la musique classique comme fond de la publicité. Donc, pour dire qu’il n’y a pas de menace.

Quel est selon vous le public cible qui consomme cette musique ?

Tout le monde est consommateur. Il l’écoute sans se rendre compte.

Quel parallélisme, établissez-vous entre la musique classique d’hier et celle d’aujourd’hui ?

La musique classique comme genre change de nom par rapport à l’époque. Nous sommes pendant l’époque contemporaine et la musique porte aussi le nom de la musique contemporaine. Avant cette période, il y a eu le romantique. La musique prend toutes ses formes et les époques sont d’abord des courants philosophiques. Les sciences vont se coller à une autre manière de voir l’univers. C’est la même façon que la musique évolue. Avant, cette musique avait de rigueur et c’était à partir de mélodie.

Pendant le romantique, c’était plutôt le sentiment. Malheureusement aujourd’hui, ce que l’on appelait hier tonalité ou game. C’est-à-dire on joue le do-re. La musique contemporaine a tout détruit. Nous parlons maintenant de la musique annotante.

Quel rôle joue cette musique dans la société ?

Cette musique joue plusieurs rôles. De manière technique, elle joue un rôle de soubassement. Un bon musicien ou instrumentaliste commence toujours par là. La musique classique joue encore le rôle de catalyseur parce que le goût de la musique s’acquiert au fur et à mesure et en l’écoutant. Cela devient comme un héritage. Tout le monde a tendance de couper une partie pour en faire ce qu’il veut.

Selon vous, cette musique fait-elle encore rêver les jeunes ?

Oui et non. Au départ, les jeunes se lançaient dans la musique sans pour autant connaître les fondamentaux (bases). Mais je reste convaincu qu’au fur et à mesure qu’ils évoluent dans ce milieu, ils finissent par s’intéresser aux bases. J’aime le regard qu’avait Papa Wemba. Paix à son âme. Il aimait beaucoup la musique classique et le jazz. Il y a des jeunes qui savent et ils ont encore besoin d’apprendre plus de manière consciente. Il y a aussi des paresseux.

Un message aux personnes qui vous lisent et qui veulent pratiquer cette musique

Je les encourage dans l’apprentissage de la musique. On dit toujours, qui veut comprendre la musique doit bel et bien connaître ses origines. Comme celui qui veut apprendre la rumba, ce n’est pas avec Koffi Olomide ou JB Mpiana qu’il va comprendre, il faut retourner dans les années 40-50. C’est par là que vous allez comprendre la structure formelle.

C’est pareil pour la musique. Elle a pris forme, trouvé son code et ses significations à partir de la musique classique. Même les notes (Do, Re, Mi, Fa, Sol, etc) ont été fixées par la musique classique. Grâce à elle, nous sommes cultivés dans beaucoup de choses en terme d’appréciations de musique, en terme d’échanges entre la partie qui accompagne et la partie qui fait le solo et en terme de compréhension de nuances.

MANSANGA NSUMBU (STAGIAIRE UPN)