Nourrir l’âme et baigner dans la créativité. La virtuosité musicale est une caractéristique démonstrative de la maîtrise, de l’excellence, voire de la grande seigneurie. L’époque dominante de la musique rd-congolaise a illustré la verve des cerveaux moteurs, créateurs de la magie. Mais dès lors, cette majesté, malgré le sursaut d’une musique rd-congolaise résiliente, ne compense malheureusement pas le manque de virtuoses aujourd’hui.
La musique rd-congolaise a longtemps été cérébrale. Elle a depuis toujours été pensée, révolutionnée et bonifiée par des génies, des maîtres dans l’art. Élitistes ou crèmes populaires, la créativité faisait à chaque fois la loi, et le distinguo dans les goûts musicaux ne causait aucun préjudice tant que la créativité mettait tout le monde d’accord. Plusieurs esthètes dans l’âme, beaucoup plus des instrumentistes, ont mis en orbite leurs inspirations. C’est ainsi que, durant plusieurs années, la musique rd-congolaise a dominé la scène africaine.

Des pachas tels que Paul Kamba, Antoine Moundanda, Franco Luambo, Nicolas Kasanda, Emmanuel Tshilumba alias Tino Baroza, Aboumba Masikini, Maïka Munan, Souzy Kaseya — pour ne citer que ceux-là — ont longtemps illuminé la scène africaine par leur maestria. Sur cette grande source intarissable de talent chevillé à la passion repose le rôle illustratif d’un besoin constant d’excellence.
La facilité gagne du terrain
À chaque génération sa musique. Mais encore faudra-t-il reconnaître que la musique rd-congolaise est en baisse de régime. Tout s’explique.
L’écart est abyssal entre faire de la musique et la connaître. Pourtant, le résultat musical est censé être excellent. D’où l’impératif de grandir dans sa façon de penser la musique et de la composer. Raison pour laquelle il est nécessaire d’avoir des notions de musique pour ne pas rester figé — à moins d’être un extraordinaire autodidacte.

Malheureusement, la musique rd-congolaise est aujourd’hui gagnée par une certaine facilité. Moins de créativité, et les algorithmes semblent avoir remplacé le cerveau. Cette situation fait en sorte que les virtuoses soient devenus rares. Lokua Kanza faisait d’ailleurs ce constat amer d’absence de virtuoses aujourd’hui.
Qui dit virtuose dit âme, excellence et créativité. Un virtuose est censé aller au-delà de l’imagination. Il peut composer des musiques de films, des jingles, etc. En fait, la popularité ne veut rien dire tant que la créativité est au point mort.
La musique rd-congolaise a de beaux jours devant elle, mais si elle veut dominer de nouveau la scène africaine, elle doit s’appuyer sur des virtuoses pour retrouver une certaine singularité. Des chanteurs doivent se laisser coacher par ceux qui connaissent la musique. Mais encore faudra-t-il qu’ils aient la notion d’humilité. Résiliente, la musique rd-congolaise a besoin d’un nouveau souffle, et tout dépendra de ses ambassadeurs.
CHADRACK MPERENG