Musique : Lorsque Nana Lukezo interpelle ses collègues musiciens et le gouvernement au sujet de l’après Papa Wemba

De passage à Ndjamena en République du Tchad pour une série de concerts en rapport avec ses 30 ans de carrière, la chanteuse chrétienne rd-congolaise Nana Lukezo était surprise de voir comment le peuple tchadien célèbre quotidiennement l’icône de la musique africaine Papa Wemba.

De toutes les informations qu’elle a de cette star planétaire et de son orchestre Viva la Musica basé à Kinshasa, Lukezo s’interroge en ces termes : « La Légende […] Je suis à Ndjamena. Entre temps, que fait la RDC pour sa Légende ? ».

Elle a, non seulement, pris des photos de la place Molokaï où de nombreux tchadiens rendent hommage à Wemba, mais aussi à tagué quelques stars de la musique rd-congolaise encore vivants comme Koffi Olomide, Fally Ipupa et Héritier Watanabe dans le but de les motiver pour qu’ils honorent leur aîné et la même reconnaissance leur sera également manifestée tôt ou tard.

« Certains commentaires me font pleurer ici. Faut-il faire un dessin pour que les gens comprennent ? Les photos ne suffisent.
Nos artistes, nos sportifs, nos scientifiques meurent dans l’anonymat aucune reconnaissance que du mépris. Nous devons pouvoir être sel de la terre et lumières du monde », a regretté Nana Lukezo lors de son arrivée à Ndjamena, le 14 décembre 2020.

Elle se questionne : « Nous n’en sommes même pas là. Est-ce je peux être fier d’un congolais à qui on a consacré un musée dans un pays africain ? En ceci, je ne fais aucunement l’apologie de la personne.
À Ndjamena, il y a aussi l’avenue Mobutu est-ce je fais mal si je fais une photo là-bas ? ».

Réagissant, Me Glody Muabila -avocat et secrétaire général de l’Adaco pense que la République Démocratique du Congo dans sa globalité (gouvernants et gouvernés) a, depuis plusieurs années, perdu la culture de la construction et de l’enrichissement d’une mémoire collective.

« Le vrai Molokaï est laissé à l’abandon. Ici, c’est un genre de musée en l’honneur de Papa Wemba à Ndjamena et qui s’appelle Molokaï. Les tchadiens en parlent avec fierté », martèle-t-elle.

« J’en conviens ! Je paraphrase le patron de l’orchestre Zaïko Langa Langa, Nyoka Longo qui a dit  »les autorités prennent des artistes juste comme des filles de joie… ». Ainsi, avec l’Adaco, nous nous battons pour une véritable politique culturelle. Car, 50 ans après nous faisons du surplace madame ! », a déclaré Me Muabila.

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Signalons qu’à la place d’acheter le mythique village Molokaï situé à Matonge au centre de Kinshasa et appartenant à la famille élargie du roi de la Rumba, le gouvernement rd-congolais avait préféré d’acheter la parcelle privée de l’artiste localisée à Ma Campagne, l’un des quartiers huppés de la capitale rd-congolaise, en mai 2020. Les raisons de ce non achat, n’ont pas été évoqué ou étalé à la place publique.

Selon quelques amis de l’artiste, il n’est pas encore tard pour acheter cette parcelle familiale. Car, il suffira simplement que tous les héritiers apposent leurs signatures dans la composition familiale qui sera ensuite notariée enfin de rassurer l’acheteur. Le choix de la résidence de Bokoul située sur la rue Forêt par le gouvernement était une façon de faire taire tous les bruits qui n’honoraient pas l’artiste.

Hormis ce registre, Viva la Musica l’orchestre laissé par l’icône s’éteint au quotidien. Les préparatifs de l’album intitulé « Système de jeu : sans kobanga » est dans l’abandon total par manque d’un producteur, d’une bonne équipe artistique et d’une bonne équipe manageriale.

« Aujourd’hui, le grand leader Papa Wemba n’est plus et, tout s’en va avec lui dans l’au-delà. Dommage ! Son groupe Viva la Musica ne reflète plus l’image de celui que les médias internationaux ont baptisé le Roi de la rumba », a déclaré avec amertume un proche de Papa Wemba.

Nous espérons que le gouvernement rd-congolais se ressaisiront pour honorer ses poulains et les encourager.

CINARDO KIVUILA