Musique : Rebo Tchulo ne convainc pas avec “Guitar”

L’effet Rebo ne semble pas avoir opéré cette fois-ci. Reconnue comme l’une des artistes féminines les plus populaires des deux Congo, Rebo Tchulo est habituée à faire sensation à chacune de ses sorties. Trends TikTok, challenges, hashtags viraux… chaque morceau devient généralement un événement. Mais avec “Guitar”, son dernier single, la dynamique semble s’essouffler. En douze jours, la vidéo sur YouTube plafonne à un peu plus de 177.000 vues, un chiffre étonnamment bas pour une artiste de son envergure.

Sur le terrain, la situation est tout aussi surprenante. Bars, terrasses, nightclubs : “Guitar” est presque absente des playlists. Et pourtant, Rebo reste l’une des artistes urbaines les plus demandées depuis “Ninani”, sorti il y a cinq ans.

Alors, que s’est-il passé ? Plusieurs hypothèses émergent. Problème de promotion ou choix artistique risqué ? Certains pointent du doigt une promotion jugée trop discrète. Rebo a récemment signé chez Def Jam Afrique, un label de renommée continentale, ce qui nourrissait de grandes attentes. Mais jusqu’à présent, cette signature prestigieuse ne s’est pas encore traduite par une stratégie marketing visible ou percutante.

D’autres évoquent un souci artistique. “Guitar” propose un son plus doux, plus lent, loin de l’énergie et de l’audace des hits qui ont construit l’image de Rebo. Ce changement de style, bien que réfléchi, pourrait avoir dérouté une partie de son public, habitué à des titres plus dansants ou provocateurs.

Une rupture qui pèse sur l’image de l’artiste ?

Parmi les hypothèses les plus discutées sur les réseaux : sa rupture avec Innoss’B, son ex et l’une des figures les plus populaires de la musique urbaine rd-congolaise. Rebo aurait-elle perdu une partie du soutien des Tigres, les fans d’Innoss’B ? Un boycott discret, fondé sur la loyauté ou une guerre d’ego, est envisagé par certains internautes. Rien n’est confirmé, mais la coïncidence intrigue.

Une artiste trop distante de sa fanbase ?

Enfin, le lien entre Rebo et ses Panthères – le nom de sa communauté de fans – semble s’être affaibli. Peu de communication directe, absence remarquée lors de grands événements populaires à Kinshasa, et presque aucun teasing autour de “Guitar”. Dans un univers musical où l’engagement digital fait souvent la différence, cette distance pourrait nuire à la fidélisation de son public.

La carrière de Rebo n’est pas en péril, mais “Guitar” marque peut-être un tournant stratégique. L’artiste, qui a prouvé qu’elle peut porter l’afropop féminine avec originalité, devra peut-être revoir sa communication, renforcer sa connexion avec sa communauté, et assumer des choix artistiques plus clairs sous l’écurie Def Jam Afrique.

Une chose est certaine : le public rd-congolais est attentif, parfois sévère, mais surtout passionné. Rebo peut encore inverser la tendance si elle sait capter les signaux faibles.

Et puis, la scène rd-congolaise attend encore une nouvelle figure féminine au succès panafricain, voire mondial, à l’image des légendes telles que Tshala Muana, Mbilia Bel, Abeti Masikini ou Mpongo Love. Pour “Mami Tchulo”, ce rêve africain reste à bâtir… mais il est encore à portée de voix.

PLAMEDI MASAMBA