Lors de la célébration de la 32e journée mondiale de la liberté de la presse, qui a eu lieu le 5 mai 2025 au fleuve Congo Hôtel de Kinshasa, le professeur Kodjo Ndukuma a pris la parole autour du thème : “Intelligence artificielle, désinformation algorithmique et cybersécurité : protéger les journalistes et le public dans l’environnement numérique, examiner les risques liés à la désinformation par l’IA et proposer des pistes pour renforcer la sécurité numérique et la souveraineté informationnelle”.
Dans son intervention, ce scientifique passionné par le numérique a d’abord abordé le fonctionnement des algorithmes, de l’intelligence artificielle, la désinformation et la souveraineté numérique.
Selon lui, l’algorithme représente une forme d’intelligence artificielle faible. Il sert à recommander du contenu aux utilisateurs des plateformes numériques, en se basant sur les choix effectués par d’autres. Il explique ainsi que “une information qui est très demandée passe le plus souvent en occurrence dans les moteurs de recherche sans que l’algorithme ne vérifie si elle est vraie ou fausse”.

L’intelligence artificielle, quant à elle, possède une capacité décisionnelle plus avancée. Elle est formée de deux manières : par la recherche, qui consiste à reproduire des stimuli d’informations provenant d’experts, et par l’apprentissage, où le logiciel essaie différentes décisions, évalue les résultats et les mémorise pour parvenir à des choix optimaux, devenant ainsi un agent autonome.
Le professeur a également souligné l’existence d’une “guerre des intelligences” entre l’intelligence biologique et celle produite par les machines. Il a déclaré : « Il a été dit que dans les 120 prochaines années, les robots remplaceront totalement l’humain au travail. En 2024, l’intelligence artificielle a surpassé les tâches de traduction linguistique humaines. En 2027, une intelligence artificielle conduira mieux un camion qu’un humain. En 2031, la rédaction des dissertations se fera mieux par une intelligence artificielle que par un humain. En 2050, il n’y aura pas un seul emploi qui ne sera pas complémentaire à l’intelligence artificielle. Donc, on aura cette inversion, du cerveau machinal qui va dépasser le cerveau biologique. »
Concernant la désinformation, le professeur a précisé qu’elle génère “235 milliards de dollars” grâce à la monétisation de la publicité sur ce type de sites. À l’heure actuelle, l’information est devenue une simple donnée commerciale.
La souveraineté numérique, quant à elle, se définit comme le droit d’autodétermination dont dispose un pays pour décider de sa propre politique en matière numérique, concernant ses infrastructures, ses données et leur traitement.

Face à cette situation, le professeur a identifié trois risques majeurs : ceux liés à la désinformation de l’IA, la position des grandes plateformes sur le contenu — étant donné qu’elles détiennent les tuyaux — et l’importance de leur audience, ainsi que la diffusion de contenus illicites et les atteintes aux droits fondamentaux, sans oublier la manipulation intentionnelle qui peut avoir des effets sur la santé.
Pour remédier à cette réalité, le professeur a plaidé pour la construction d’une souveraineté informationnelle. « On doit faire face dans cette guerreAFC-M23, à la guerre de propagande de l’information, à la guerre d’influence, à la guerre psychologique, à la guerre informatique, à la guerre économique et à la guerre de destructions », a-t-il affirmé.
Pour le professeur Kodjo, la cybersécurité constitue une réponse multiforme et impliquant de nombreux acteurs. Il a souligné la nécessité d’une “gouvernementabilité algorithmique, de la cybersurveillance et de la gouvernance des données”.
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GLODY NDAYA