RDC – Foot : Le profil du prochain successeur de Constant Omari (Analyses)

Constant Omari a annoncé le lundi 29 mars 2021, qu’il ne se présentera pas à son propre poste pour le prochain scrutin à la Fédération congolaise de football association – FECOFA -. Le patron du football rd-congolais prend du recul avec les affaires de l’instance qu’il dirige le depuis 18 ans de règne sans partage.

De 2003 à 2021, quel bilan pour le mandat de Constant Omari Selemani ? Que peut être le profil de son successeur ? Les analystes sportifs Michel Tobo d’Actualite.cd et Jean de Dieu Mukendi de la Radio télévision nationale congolaise – RTNC – émettent leurs avis sur les 18 ans d’Omari à la tête de la FECOFA.

Constant Omari : Le bilan

Michel Tobo : J’ai dirai mi-figue mi-raisin (50%-50%). Nous ne pouvons pas plaire à tout le monde. Il y a quand-même eu de bonnes choses. Pour la première fois, nous avons eu un premier vice-président de la CAF. Cela n’était jamais arrivé dans l’histoire du football rd-congolais.

Quand il avait commencé, le football rd-congolais était au plus bas. En 2003, l’équipe nationale sortait d’une participation à la Coupe d’Afrique des nations – CAN 2002 – au Mali. Les Léopards étaient éliminés en quart de finale. En 2006, nous étions éliminés à la même étape de la CAN […] Le trou noir a commencé entre 2008-2012. La RDC n’a pas pris part aux trois CAN qui se sont disputées durant cette période.  De 2013-2019, l’équipe nationale sort du trou noir avec quatre participations à une phase finale de la CAN. Et, en 2021, les fauves rd-congolais sont éliminés.

Entre 2003 et 2021, au niveau des clubs, le TP Mazembe a remporté trois Ligue des champions et deux Coupe de la CAF. L’AS V.Club a aussi joué deux finales de la Ligue des champions et de la Coupe de la Confédération. Ce n’est pas rien quand-même. Donc, il y a eu une forte progression. La preuve est que lors des interclubs de la CAF, la RDC est parmi les rares nations qui aligne 4 clubs. Notre pays n’avait pas cette faveur auparavant.

À l’équipe nationale, les Léopards avaient commencé avant de prendre l’élan entre 2015 et fin 2019. Parce qu’en 2019, nous étions encore 5ème au classement de la FIFA sur le continent. De 2019 à 2020, nous avions régressé jusqu’à la 10ème place. Il y a eu un relâchement. Voilà pourquoi les clubs et les équipes nationales n’arrivent pas à carburer, mais le niveau est acceptable pour le moment.

Jean de Dieu Mukendi : Honnêtement, je dirai que son bilan est positif. C’est difficile de voir tout en mal. Il y a de ses fédérations là pour lesquelles, les présidents ont plus d’années que Constant Omari, mais qui n’ont rien gagné. Il laisse derrière lui, deux CHAN glanés par les Léopards en 2009 et 2016. Il y aussi la médaille de bronze lors de la CAN 2015. Il y a également les nombreux trophées africains remportés par le TP Mazembe en Ligue des champions et en Coupe de la CAF, les Super Coupe gagnés ainsi que la participation au mondial des clubs en 2010 du Tout Puissant Mazembe s’était incliné en finale face à Inter Milan de Samuel Eto’o.

Omari a doté sa fédération d’un siège moderne. Ce qui n’avait pas existé avant lui. Il y a également la présence remarquable et massives des congolais dans des différentes commissions de la CAF. Sous Constant, la RDC compte plusieurs arbitres internationaux, des commissaires de matchs, des inspecteurs et autres. J’évoque aussi la création de la Ligue 1 et Ligue 2 en RDC. Ce qui n’était pas le cas avec beaucoup de pays africains… Bref, tout cela s’est réalisé grâce à l’avènement de Constant à la tête de la FECOFA.

L’œuvre humaine n’est pas parfaite. J’évoque aussi les points négatifs. Je cite : la non qualification de la RDC en Coupe du monde 2018. Nous sommes passés tout près en dépit de 15 minutes fatales contre la Tunisie (2-2, à Kinshasa). J’évoque également le dossier d’Arsène Zola avec U18 où la RDC a été éliminée pour la CAN de la catégorie et pour les Jeux des Olympiques. Il y a aussi le problème d’un centre technique moderne comme c’est le cas ailleurs.

La FECOFA est l’une des rares fédérations que nous n’avons pas connu les bicéphalismes. C’est la preuve que Constant a géré de main de maître cette instance du football en RDC. Je ne veux pas dire qu’il était clean dans sa gestion. Il a fait sa part. C’est aux futurs animateurs de la FECOFA de pérenniser les points positifs d’Omari et d’espérer dans la mesure du possible corriger ses erreurs pour le bien du football de la RDC.

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Profil du prochain président

Michel Tobo : Il doit être intransigeant. C’est-à-dire, quelqu’un de rigoureux pour ne pas se faire rouler dans la farine. Il doit être judicieux dans ses décisions. Cela fera en sorte qu’il puisse maintenir ce que Constant Omari avait fait de bien.

Il doit être quelqu’un qui a travaillé dans les instances internationales du football et qui peut défendre corps et âme les intérêts de la RDC. Ce n’est que comme ça qu’on peut relever le niveau à la FECOFA. Il faut stabiliser les choses. Donc, remonter la pente afin d’aller chercher les performances, auprès des clubs et à l’équipe nationale.

Cela fait plus de 40 ans depuis que les Léopards n’ont pas pris part à une phase finale d’une Coupe du monde. C’est quand-même assez décevant pour une grande nation du football. Alors que cela devrait être habituel. En 2018, nous avions raté la participation au mondial suite à un nul chez nous avec un entraineur qui avait sa place (Florent Ibenge, NDLR).

Jean de Dieu : Je pense que le profil parfait n’existe pas. L’idéal est d’avoir quelqu’un qui aime le football et qui les maîtrise en profondeur. Avec l’avènement de Patrice Motsepe à la tête de la CAF, nous voyons tous que ce sont les clubs qui dirigent la CAF. Pourquoi ne pas voir la même chose en RDC ? Avoir un dirigeant puissant par la maîtrise des textes, par la maîtrise des réalités qui sont les nôtres et par la connaissance parfaite de la gestion de la chose publique.

Cela peut être le profil du prochain président de la CAF. Je crois bien qu’un dirigeant des clubs serait la personne idoine ou à défaut un ancien joueur qui a de l’expérience.

Un bon dirigeant n’est pas celui qui a les moyens, mais plutôt celui qui maîtrise les règles qui régissent notre football. Nous avons besoin de quelqu’un qui a la connaissance du football en RDC. Le football national, non seulement Kinshasa et le grand Katanga, mais plutôt le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, le grand Kasaï, le grand Bandundu et le Kongo-Central.

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Lors du deuxième et dernier numéro de ce spécial « Départ de Constant Omari », nos analystes évoqueront le rôle que joue la Fédération congolaise de football association – FECOFA – en Rd-Congo.

(Ré) écoutez en podcast Constant Omari qui annonce son départ de la  FECOFA

 

ETIENNE KAMBALA