RDC – Médias : A travers son président, l’ANECO hausse le ton sur le respect de l’éthique et de la déontologie dans le milieu journalistique (Interview)

C’est depuis le lundi 29 juin 2020 qu’une nouvelle figure a pris le commandement de l’Association nationale des éditeurs du Congo – ANECO – pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois. Il s’agit de Cyrille Kileba, le directeur du conseil de l’hebdomadaire The Post, paraissant à Kinshasa.

En faveur d’une interview accordée à la rédaction d’Eventsrdc.com, l’actuel président de l’ANECO a réitéré sa vision qu’est celle de « Rétablir la dignité de la presse ». Il a également martelé sur la qualité du travail des journalistes qui, dans l’exercice de leur profession, doivent tenir compte du respect de l’éthique et de la déontologie. « Nous serons sans concession en ce qui concerne le respect de l’éthique et de la déontologie pour ceux qui exercent dans le secteur essentiel de notre profession (la presse écrite) » a-t-il dit. Entretien.

Récemment élu président de l’Association nationale des éditeurs du Congo, quelle est votre vision ?

 

J’ai résumé ma vision en quelques mots : « Rétablir la dignité des journaux congolais ». Par cette vision j’ai décliné quelques orientations. Comment rétablir cette dignité, c’est notamment en monétisant les journaux. C’est-à-dire en les aidant à travailler, à gagner de l’argent et à profiter à leurs entreprises, à leurs patrons et aux journalistes. Pour s’y prendre, d’abord il faut exploiter toutes les dispositions légales qui sont restées inexploitées ou inexplorées depuis tous ces temps. Et aussi, profiter de l’évolution technologique dans le secteur.

 

« Rétablir la dignité de la presse », telle est votre vision. Comment comptez-vous vous y prendre, surtout en ce moment où le digital s’impose dans tous les secteurs et encore plus dans celui de l’information et de la communication ?

 

Il ne faut pas trop se faire d’illusions. Je ne dis pas que c’est un défi facile à relever, mais je constate que le numérique est là et il faut faire avec. En voulant aider les journaux congolais à rétablir leur dignité, je voudrai d’abord circonscrire le champ d’action des journaux. Par-là, il ne s’agit pas seulement de la presse papier, mais aussi de la presse en ligne parce que celle-ci fait également parti de la presse écrite. Parmi ces deux composantes, c’est celle de la presse en ligne qui offre beaucoup d’opportunités. Ce qui fait que la presse papier risque de souffrir davantage, mais pas de disparaître.

S’il faut revenir dans l’histoire des médias, nous avions eu les mêmes craintes avec la naissance de la radio, ensuite, de celle de la télévision, mais la presse papier n’a pas disparu pour autant. Ce sont les mêmes craintes que nous avons aujourd’hui, avec le numérique. Puisque le papier a la possibilité de continuer d’exister en même temps que le numérique, elle peut muter vers le numérique, non pas pour qu’elle disparaisse, mais pour qu’elle existe concomitamment avec le numérique. Tout comme le numérique aussi peut muter vers le papier. Dans cette évolution là, l’une ou l’autre composante peut bénéficier des facilités et possibilités offertes par l’une ou l’autre.

 

Sur le plan organisationnel, financier et administratif, à quel niveau avez-vous trouvé cette structure ?

Comme beaucoup d’associations dans notre pays, l’ANECO a ses problèmes d’organisation et de structuration. Nous essayons de le prendre tel quel et nous allons y travailler pour apporter notre pierre. Je voudrais m’interdire d’exposer sur la place publique les problèmes internes de notre association. Tout comme le pays ou encore le monde, nous aussi, nous avons des problèmes et comme il y en a, donc il en existe aussi des solutions. C’est même pourquoi nous sommes là. C’est-à-dire porter tant soit peu un début des solutions à nos problèmes. Après nous, d’autres viendrons apporter les leurs, ainsi va la vie.

L’ANECO a-t-elle un siège officiel à Kinshasa ou encore aux niveaux des provinces de la Rd-Congo ou c’est une association de poche ou personnalisée ?

Depuis quelques années, le siège n’existe plus et donc, l’ANECO a continué de fonctionner au siège du journal du président. Pour l’instant, nous sommes dans cette situation là. Nous fonctionnons au siège du journal du président que je suis et dès que nous entamerons la structuration de l’association, nous allons résoudre ce problème là. C’est parmi les questions prioritaires que nous allons résoudre dès que toute la structure est en place.

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À ce jour, quel est l’apport de cette association dans le secteur de l’édition en République Démocratique du Congo ?

Il faut d’abord dire que l’ANECO est une association patronale. Son objectif premier est celui de défendre les intérêts des journaux. Ce qu’il y a eu comme apport, c’est notamment de faire prendre conscience au secteur de l’édition du journal que c’est un travail intellectuel qui doit avoir un prix qui ne peut être monnayé de façon cavalière comme c’est souvent le cas. Le fait d’avoir déjà lancé cette bataille là est déjà un acquis pour l’ANECO.

Le deuxième acquis, c’est celui de voir les journaux régulièrement sur le marché. Ce n’est pas facile dans un environnement très difficile comme celui de notre pays où dans le secteur de l’édition, aucune crédit n’est possible. Malgré ça, il y a des journaux, quotidiens et hebdomadaires qui paraissent durant toute l’année. Donc, il faut féliciter la résilience des patrons des journaux en période difficile et il faut saluer ça comme un acquis en période difficile.

Comment envisagez-vous l’édition de la presse en papier durant la décennie 2020-2030 ?

Comme je l’ai dit tantôt, c’est vrai que le numérique est venu bousculé le marché, en Rd-Congo comme partout dans le monde. Je crois que la décennie qui commence va certes, continuer à bousculer le marché de la presse papier, mais elle se terminera par un tassement quand même. Le papier va en sortir un peu revigorer à mon point de vue. Parce que n’oubliez pas que le beau vieux papier est comme la parole, nous avions inventé beaucoup de technologies dans le secteur qui ne soit de la communication ou des médias. Nous avions inventé l’imprimerie, la télé, la radio, l’ordinateur, mais la parole est toujours là.

Le papier est semblable à la parole. Nous allons tout inventer, mais le papier va quand même rester comme cette parole seulement à la différence, la parole est insaisissable physiquement. Et qui sait, peut-être que le numérique explosera et mourra de sa propre arrogance et que le papier un peu disqualifié, renaîtra de ses cendres. Mais, sinon tant qu’il y aura la forêt, le papier continuera à exister.

En République Démocratique du Congo, il existe, à ce jour, un bon nombre d’organisations professionnelles des médias réparties selon les secteurs. Cependant, les bavures à l’endroit des professionnels des médias ne cessent de s’accroître. De manière pratique, que ferez-vous exactement pour faire appliquer l’éthique et la déontologie dans votre sous-secteur avec plusieurs journaux fictifs ?

Nous avons la spécificité d’avoir pour matière quelque chose qui n’est pas matériel. Nous vendons un produit spirituel, intellectuel qui doit avoir une certaine qualité pour être consommable. Et, c’est juste dans le respect de cette qualité que nous devons travailler. Dans le statut de l’ANECO, nous avons même, à la différence d’autres associations, des structures qui s’occupent essentiellement de l’éthique et de la déontologie. Bien que nous soyons des commerçants, nous ne les sommes pas d’un produit quelconque, mais plutôt des idées qui doivent avoir une certaine qualité pour être vendable.

Mais, il se fait que comme dans toutes les associations ou professions, il y a toujours des brebis galeuses et Dieu seul sait s’il y en aurait dans le secteur qui est le nôtre. Et, de ce côté-là, vous pouvez compter sur nous, nous serons sans concession en ce qui concerne le respect, l’éthique et la déontologie pour ceux qui exercent dans le secteur essentiel de notre profession. Et, ceux-là sont des journalistes.

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Un mot de la fin

Merci à tous les éditeurs des journaux qui nous ont fait en confiance, et tous ceux qui hésiteraient encore, dès que nous allons lancer l’appel que tous se mobilisent. Nous sommes à leur service et non leur patron. Qu’ils ne s’empêchent pas de venir nous demander des services qu’ils attendent de nous et nous leur rendrons ce service à cœur joie.

GLODY NDAYA